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Béji Caïd Essebsi relance la polémique de l'exclusion
27/04/2011 |
min
Béji Caïd Essebsi relance la polémique de l'exclusion
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Mardi 26 avril 2011 à 11 heures du matin, les observateurs et le commun des citoyens étaient, soit devant la télé ou à l’écoute de l’une des radios pour suivre la conférence de presse tenue par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi au Palais du Gouvernement à la Kasbah devant une assistance nombreuse représentant les différents médias.
M. Caïd Essebsi a traité, bien entendu et comme attendu par tous, de l’article 15 du projet du décret-loi relatif à l'élection de l'Assemblée nationale constituante en annonçant sa proposition d’amendement par une réduction de la durée de l’exclusion des anciennes figures du régime Ben Ali à 10 ans au lieu de 23 ans comme proposé par l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique.

Le Premier ministre a réitéré le fait que l’Instance propose, mais c’est le gouvernement qui agit et prend des décisions, bien entendu après avis de toutes les parties prenantes et avec le souci d’obtenir le consensus le plus large possible.
Mais la plus grande partie du speech de M. Caïd Essebsi a été consacrée à la situation indécise qui prévaut dans le pays, et ce aussi bien au niveau sécuritaire qu’à celui social et économique. Le Premier ministre a même lancé un véritable cri d’alarme pour mettre en garde contre l’anarchie et le chaos en mettant l’accent sur la nécessité de regarder vers l’avant, l’objectif étant de protéger et de sauvegarder la Révolution que tout le monde regarde et suit attentivement.
Or, ce qui étonne, ce sont les réactions nombreuses, après cette conférence à cette annonce d’amendement et de limitation de l’exclusion à dix ans seulement pour les ex-Rcédistes, alors que l’exposé sur l’état de la situation dans le pays est passé presqu’inaperçu ne suscitant que de simples remarques.

En effet, les premières réactions concernant, précisément, ce fameux article 15, sont mitigées, mais ceux qui se sont fait entendre rapidement sont contre l’amendement annoncé.
Abdellatif El Mekki, membre du Bureau exécutif du parti d’Ennahdha a été catégorique, dans une déclaration sur les ondes de la radio Mosaïque FM, en y opposant son refus estimant qu’il va à l’encontre de la volonté populaire, allant jusqu’à prévoir une protestation de la « rue ». Ce qui é été interprété comme un appel à la mobilisation contre l’amendement.
Chokri Belaid, porte-parole du mouvement des patriotes démocrates abonde dans le même sens en s’élevant violemment contre l’amendement de l’article 15 et critique l’absence de consultation avant la prise d’une telle décision qui, selon lui, est faite sur mesure pour une seule personnalité censée pouvoir réunir les voix des anciens Rcédistes autour de lui.
Hamma Hammami dirigeant du POCT a été plus nuancé en indiquant qu’il faut attendre que la justice dise son mot à propos des RCDistes, d’où son appel à faire reporter les élections de la Constituante.
Or, en suivant cette logique et en laissant la justice faire son travail qui peut prendre des mois voire des années, on risque de ne pas avoir d’élections du tout. D’ailleurs, certains analystes n’ont pas hésité à franchir le pas en avançant la théorie d’une action concertée en vue de maintenir la tension et la pression dans la rue en vue, justement, d’empêcher la tenue du scrutin à la date fixée du 24 juillet 2011.
D’autres voix se sont élevées, telles celle de Mohsen Marzoug, membre du CISROR qui, toujours sur les ondes de la même chaîne radiophonique, a appuyé avec force l’annonce faite par Caïd Essebsi.

Une lecture de la décision du gouvernement transitoire concernant cet article sur l’exclusion fait ressortir que le Premier ministre entend assumer ses prérogatives comme il l’a confirmé à maintes reprises et que le gouvernement transitoire est déterminé à agir en son âme et conscience et de bénéficier de ses prérogatives.
C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à dire la vérité d’une manière crue sur la situation alarmante dans le pays dans l’objectif de créer un choc chez les Tunisiennes et le Tunisiens et les alerter sur les risques majeurs qu’encourt la Tunisie si les gens ne se ravisent pas et ne se remettent pas au travail.

Or, le premier constat quant aux réactions est décevant. Tout le monde s’accroche à cette histoire d’exclusion et délaisse l’essentiel, en l’occurrence l’avenir du pays et les questions primordiales de l’emploi, de la sécurité, du développement dans les régions, etc.
C’est dire que les partis politiques continuent à privilégier l’option de la politique politicienne en se prêtant à de calculs étroits pour l’obtention de sièges à la Constituante sans se soucier de l’avenir de leur pays.
Le jugement de tous ceux qui ont nui à la Tunisie et qui ont abusé de leur pouvoir est une revendication plus que légitime et nécessaire en faisant confiance à notre justice pour faire son travail en toute indépendance.
Mais cette crainte exagérée de « confiscation de la Révolution » qu’on sort à tout bout de champ, n’est pas justifiée dans le sens où il y a une unanimité sur la mise en place de garde-fous pour empêcher toute dérives tout en s’éloignant de toute mesure arbitraire sous prétexte de satisfaire à la « rue », un concept flou et vague, générateur d’éventuels dérapages.
La proposition de Béji Caïed Essebsi a cet avantage de pouvoir exclure les anciennes figures qui ont nui au pays, tout en évitant de prendre des mesures anti-démocratiques qui pourraient nuire aux intérêts suprêmes du pays. C’est d’ailleurs le Premier ministre qui rappelle ces intérêts et la portée d’une telle décision en ce moment.

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