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Tunisie - Hébergement alternatif : un tourisme en plein boom, non reconnu et dispersé
19/10/2010 |
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Tunisie - Hébergement alternatif : un tourisme en plein boom, non reconnu et dispersé
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Sur la cinquantaine de structures d’hébergement altératif recensées, elles ne sont que quatre à avoir un agrément pour exercer l’activité dans la « légalité ». Tous les autres sont dans « l’illégalité » totale dans l’attente de la mise en place d’un cadre juridique. Un cadre, aujourd’hui, inexistant. Les propos de Slim Tlatli, ministre du Tourisme, à la réunion qu’il a eue avec les promoteurs de ces structures, première du genre, sont plus que rassurants. Il semblerait que l’administration du tourisme s’est finalement décidée à reconnaître ces structures innovantes et en réclame même la tutelle !

Enfin ! Slim Tlatli, ministre du Tourisme, prend les choses en mains. Il vient d’ouvrir le dialogue et la concertation avec les promoteurs des structures de l’hébergement alternatif. Des structures qui ont émergé de manière spontanée depuis quelques années, mais qui demeurent, aujourd’hui encore, marginalisées. Et pourtant ce sont des produits innovants dont l’apport en termes d’image et de montée en gamme du tourisme tunisien est indiscutable.
Une initiative que les professionnels de l’activité doivent à Isabelle Planchon, promotrice de « Dar Bibine» qui, sans avoir la carte de visite du ministre, a réussi à le contacter via un réseau social, et l’inviter à accorder une attention aux structures d’hébergement alternatif. Ceci étant, elle n’a fait qu’enfoncer une porte ouverte. Car, le ministre est non seulement convaincu de la nécessité d’organiser le secteur et de le réglementer mais il est aussi prédisposé à écouter les préoccupations, les problématiques et les difficultés des promoteurs de ces structures innovantes.

Slim Tlatli, pragmatique, opérationnel et réactif, invite donc les promoteurs des structures de l’hébergement alternatif, à une réunion au sein de son département. Objectif : écouter les préoccupations, les doléances, les problématiques des promoteurs ; engager un réel partenariat avec eux afin de mettre en place un cadre juridique et institutionnel ainsi que des normes minimales des conditions d’exploitation de ces structures innovantes.
« Je suis entièrement à l’écoute, souligne le ministre. La finalité est de faire avancer le secteur, de régler l’activité au plus vite et de promouvoir ce nouveau mode d’hébergement »
Et, les promoteurs ont répondu présent à l’appel. Ils étaient environ une cinquantaine. Presque tous ceux qui sont connus, qu’on a réussi à cerner et à découvrir, ont effectué le déplacement, et de toutes les régions de la République. Le jeu en valait bien la chandelle. Pour une fois qu’on leur offre la possibilité de s’exprimer et qu’on est à leur écoute, le déplacement en valait bien la peine.

D’ailleurs, la présence a impressionné tant le ministre que le président de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH), Mohamed Belajouza, qui s’est déclaré impressionné par le nombre et la qualité.
Néanmoins, ce qui ressort des débats de cette première réunion du genre, c’est que les promoteurs de l’hébergement alternatif refusent catégoriquement, d’être assimilés à l’hôtellerie classique.
« Nous ne sommes pas des hôtels et ne nous voulons pas l’être », affirme clairement Isabelle Planchon « Nous avons trop ramé, effectué notre traversée du désert. Cette réunion est trop significative pour nous. Parce qu’elle marque notre reconnaissance par le ministère du Tourisme, ce qui, sans aucun doute, nous facilitera la vie », a-t-elle ajouté.
Et, à Mohamed Belajouza de répondre : « certes vous n’êtes pas des hôtels classiques mais vous accueillez des touristes, pour héberger chez vous. Et de ce fait, vous êtes une branche de l’hébergement touristique. Ceci étant, nul n’est obligé d’adhérer à la FTH, même pas les hôteliers classiques d’ailleurs. Cependant, nous mettons notre expérience à votre disposition pour vous aider, en attendant la création de la Fédération nationale du tourisme qui nous réunirait tous sous le même drapeau ».

Aujourd’hui, en l’absence d’un cadre juridique clair, ils vivent tous avec la peur au ventre et la menace de cesser l’activité et de mettre les clés sous la porte.
Pour les promoteurs, le ministère devrait prendre en considération le droit à la « différence » des structures de l’hébergement alternatif. N’étant pas des hôtels au sens classique du terme, ils revendiquent des normes qui leur sont propres, et des inspecteurs du tourisme qui s’y connaissent. Alors, si certains sont favorables au cahier de charges, d’autres le remettent en question. Car, à leur sens, cela mène forcément, au stéréotype et on risquerait de se retrouver avec une « Yasmine Hammamet », incolore et inodore, où tous les hôtels se ressemblent. Or, une chambre d’hôte, un gite rural ou un hôtel de charme, selon un des orateurs, est une création personnelle, avec une touche et une empreinte personnelle, qu’on ne pourrait pas lier avec un cahier de charge.

Plusieurs participants ont affirmé la convergence de l’administration du tourisme à cette activité innovante. Le grand hic se situe au niveau des autorités locales, dont l’adhésion au concept est une condition sine qua none de sa réussite. Une idée confirmée par Möez Karoui, promoteur d’une structure d’hébergement alternatif, à El Monchar, du côté de Hammamet, « Le Amandiers ».
« Nous ne vendons pas uniquement de l’hébergement chez soi. Ce type d’hébergement est un concept à travers lequel, on vend aussi, l’amour d’un pays, de sa culture, de sa gastronomie, de ses habitudes au quotidien…Partant, notre exploitation est différente de celle d’un hôtel. Et, la réussite du concept est tributaire de l’intervention et de la coopération de toutes les instances locales. Il faut qu’il y ait un vase communiquant entre les autorités locales, le ministère du Tourisme, et nous-mêmes. Car, les clients qui optent pour les chambres d’hôte, les hôtels de charme, ou encore les gites ruraux sont à la recherche d’une expérience proche de la vie quotidienne et de la culture locale de la région, où se trouve la structure d’hébergement », a-t-il précisé.

Ceci étant, il faut bien des normes minimales de gestion, d’exploitation…Et, pour les mettre en place, le ministre propose un partenariat avec les promoteurs. Pour ce faire, ils ont d’ores et déjà préparé les statuts d’une éventuelle structure professionnelle pour les représenter, et s’engager dans la mise en place du cadre juridique, des normes et autres conditions d’exploitation, avec l’administration du tourisme.
Slim Tlatli a également affirmé, que dans le cadre de la mise en place du plan d’action opérationnel du tourisme, à l’horizon 2016, le code d’incitation à l’investissement serait révisé, dans le sens d’encourager l’innovation dans les investissements touristiques.
Le ministre a, d’un autre côté, annoncé qu’une commission pluridisciplinaire serait bientôt mise sur pied. Composée du ministère du Tourisme, de l’Equipment, des Domaines de l’Etat et de l’Agriculture, elle aura pour mission de recenser les demeures coloniales et de les réhabiliter moyennant un appel à projets, dont les meilleures seront retenues pour développer ces résidences, en des structures originales d’hébergement alternatif.
Au niveau promotionnel, le ministre a affirmé qu’un site spécifique, au sein du portail du tourisme tunisien, en cours de construction, sera consacré à ces structures innovantes, avec en prime des liens directs, à partir du site de l’ONTT (à reconstruire), vers les sites des structures. Le ministre s’est même déclaré disposé à dépenser de l’argent pour éditer une belle publication comprenant les maisons d’hôtes, les gites ruraux et autres structures d’hébergement alternatif.
Pour ce qui est de la promotion à l’étranger et la participation aux foires et aux salons, le ministre a invité les promoteurs à réfléchir, ensemble, en économe sur les canaux éventuels de promotion. Car, il semble convaincu de l’apport en termes d’image des structures alternatives d’hébergement, au tourisme tunisien.

Même si le nombre de lits dans ces structures est infime par rapport à l’hôtellerie classique, il n’en demeure pas moins que leur impact sur les 240 mille lits disponibles en Tunisie, est certain.
La réunion, du samedi, 16 octobre, du ministre du Tourisme avec les promoteurs des structures d’hébergement alternatif, constitue un signe fort pour confirmer la volonté de l’administration de tutelle de régler et réglementer la situation. La réunion est une première du genre certes, mais le ministre a promis, qu’il y en aura d’autres.
19/10/2010 |
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