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Tunisie - Accès aux médicaments : cherche ou crève !
16/09/2023 | 11:30
5 min
Tunisie - Accès aux médicaments : cherche ou crève !

 

La résilience, voilà un mot qui sied désormais à merveille au Tunisien. Lui, qui a surmonté une révolution, certes pacifique mais néanmoins chaotique, l’insécurité, le retour des renégats, les débats identitaires, les nouveaux scélérats, les politiques amateurs, la politique tragicomique, la crise économique, la pandémie et la pénurie alimentaire, n’a pas fini de souffrir. Pour clôturer le spectacle et terminer la blague, ceux dont il ne faut surtout pas prononcer les noms, ont poussé l’incompétence à un point tel, qu’aujourd’hui la pénurie touche les médicaments, qu’aujourd’hui c’est pour sa santé que le Tunisien a à craindre et c’est sa vie qui est en jeu…

 

« C’est en rupture de stock », « je suis désolé nous ne l’avons plus », « je vais voir si par chance il me reste une boite », « c’est inutile de chercher, ce médicament est en rupture depuis des mois », « essayez de chercher, une pharmacie pourrait en avoir d’un stock ancien » et « non nous n’avons rien pour le remplacer », voici les quelques phrases qui sont aujourd’hui la hantise de tout Tunisien malade cherchant désespérément son traitement. Voici les phrases traumatisantes qui rythment désormais son quotidien.

Plus de médicaments car dettes colossales, car plus d’argent dans les caisses de la pharmacie centrale, des engagements donc pas respectés et une crédibilité volée en éclats et qui fait que les laboratoires pharmaceutiques étrangers qui, jusque-là, ont fait preuve de patience et de compréhension ont perdu confiance et serré la vanne.

Que faire donc ? Comment procéder pour acheter un médicament introuvable après avoir fait le tour des pharmacies et tenté en vain d’obtenir une modification de prescription ? Seule option possible : demander à quelqu’un de l’apporter de l’étranger. Aucune autre.

Se pose alors une première question : est-ce légal ?

Pour tenter de répondre à cette question, nous avons contacté le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie, Naoufel Amira, qui n’a de cesse d’alerter sur la crise du secteur des médicaments.

M. Amira a d’abord déploré une situation calamiteuse, soulignant que la crise est vouée à s’approfondir si aucune action n’est engagée pour rétablir la confiance des laboratoires pharmaceutiques pour qui la Tunisie est au final un marché peu intéressant.

« Il est important que les responsables tunisiens regardent la vérité en face. La Tunisie et ses douze millions d’habitants n’est pas un marché d’une importance cruciale pour ces laboratoires. Au contraire, aujourd’hui elle leur cause plus de désagréments qu’elle ne génère de bénéfices et donc leur départ n’est que la conséquence logique de son incapacité à respecter ses engagements » a-t-il confié.

« Ce sont les laboratoires suisses qui sont les plus intransigeants en ce moment et c’est eux qui fournissement les médicaments les plus chers, ceux qu’on utilise pour les soins en milieu hospitalier. Les autres aussi se désengagent de la Tunisie et répondent à peine à ses sollicitations. Des laboratoires ont d’ailleurs fermé leurs portes emportant avec eux leur savoir-faire au Maroc notamment. Il faudra trouver des solutions et redoubler d’effort pour les attirer de nouveau, il est difficile de regagner une confiance perdue » a poursuivi Naoufel Amira.

Sur la question de la légalité d’apporter des médicaments de l’étranger pour un usage personnel, il a affirmé que cela est parfaitement légal, l’idée étant de ne pas en faire un commerce.

« Il est tout à fait normal de recourir à cette solution quand il n’y a aucun moyen de se procurer son médicament en Tunisie. Cela devient illégal quand il s’agit de vendre ces médicaments » a précisé M. Amira, rappelant qu’un marché parallèle des médicaments s’est formé en Tunisie en parallèle avec la crise qui dure maintenant depuis quelques années.

Le responsable a expliqué que la question est laissée à la discrétion des services de la Douane qui déterminent s’il s’agit d’une commande personnelle ou si c’est une opération suspecte. En général il est facile de le savoir, les quantités peuvent déjà fournir un premier indice.

Cette option, il est important de le noter, comporte des limites. D’abord le fait de devoir payer les médicaments en question sans être remboursé et ensuite attendre que la personne revienne de voyage pour les obtenir.

Se pose aussi une deuxième question : et si cette option n’était pas possible, si un citoyen malade ne connaît personne pouvant lui apporter ses médicaments de l’étranger ?

Dans ce cas-là la réponse est simple. Rien. Il n’y a absolument rien à faire lorsqu’on ne parvient pas à trouver un médicament et à avoir la possibilité de se le faire amener de l’étranger.

En sachant que le manque de médicaments concerne notamment ceux d’intérêt thérapeutique majeur, prescrits pour traiter le cancer, Parkinson, des maladies cardiaques et les psychotropes, l’impact sur la santé des malades et leur état n’en est que plus grave. 

Se pose donc une dernière question : qu’arrive-t-il aux malades qui ne parviennent pas à accéder à leurs traitements ?

Est-t-il vraiment nécessaire de faire un dessin…

 

Article 43 de la constitution de 2022 : « Tout être humain a droit à la santé. L’État garantit la prévention et les soins de santé à tout citoyen et fournit les ressources nécessaires afin d’assurer la sécurité et la qualité des services de santé. L’État garantit la gratuité des soins pour les personnes sans soutien ou ne disposant pas de ressources suffisantes. Il garantit le droit à la couverture sociale, dans les conditions fixées par la loi ».

70 médicaments qui n’ont aucun équivalent tunisien, dont des produits indiqués dans le traitement du cancer, sont désormais absents du marché tunisien.

La Loi n° 66-48 du 3 juin 1966, relative à l'abstention délictueuse dispose dans son article 2 : « Sera puni des peines prévues à l’article précédent (cinq ans d’emprisonnement et dix mille dinars d'amende, ndlr), quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours, si, faute d’être secourue, cette personne a perdu la vie, souffert d’un préjudice corporel ou subit l’aggravation de son état ».

 

 

Myriam Ben Zineb


16/09/2023 | 11:30
5 min
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Commentaires
takilas
Et les immigrés qui font souvent la navette entre Tunis et l'Europe ?
a posté le 18-09-2023 à 21:07
Est-ce-quils ne pensent qu'à commercer avec les véhicules, les électroménagers ou autres ustensiles....et utilisent la monnaie forte de l'euro en échange du dinar.
El chapo
Malthus le tunisien
a posté le 17-09-2023 à 16:28
Il s'agit de la pitre expression du mathusianisme...
Vous vous êtes effondrés pour ces moments historiques !
Ben Mansour
Ruptures de stock
a posté le 17-09-2023 à 15:51
Les ruptures de stocks de médicaments sont très dangereuses pour les patients puisque ceci ne fait qu'augmenter leurs douleurs et agraver leurs maladies.
Ce thème ne nécessite pas beaucoup de philosophie et de discussion .
Il faut en avoir en quantité suffisante .
Comment . C'est le rôle de l'état et en premier lieu les ministères de la santé et des finances.
Les médicaments, de part leurs rôles , sont beaucoup plus importants que les autres produits dites de premières nécessités ( pain, farine,semoule,café, lait,...)
Aouadi
Penuries en france aussi
a posté le 16-09-2023 à 19:22
Les penuries en antobiotiques, anticancereux.. existent egalement en france. J invite les lecteurs a faire une recherche google pour le verifier.
Buisnessnews en devient risible a vouloir mettre la faute sur le pouvoir actuel.
EL OUAFI
Où vous voulez en arriver ?
a posté le 16-09-2023 à 18:28
La liste est très longue ?
Chaque semaine vous créez ou soulevez, un dossier, votre sérieux en la matière nous interloque !
On a vu beaucoup de dossiers, tel que le pain, la semoule, la farine, le riz,la viande, rouge et blanche etc . . .
Aujourd'hui c'est le tour des médicaments, et demain on est bien curieux de le savoir ?
Où si vous ne voyez pas d'inconvénient, donner nous la liste complète pour pouvoir prendre nos précautions, en vous remerciant d'avance bn.
veritas
vous devez le savoir
a posté le 16-09-2023 à 16:07
Les difficultés économiques du pays ont imposé l'austérité qui consiste à limiter la consommation de tout et n'importe mais la spéculation n'a fait qu'empirer les choses de plus et cela dans tout les domaines'?'il faut se rappeler des quantités de médicaments de contrebande qui transite vers la Libye ou l'Algérie ces phénomènes ne font que peser sur les stocks de médicaments surtout quand tout les sait que les médicaments sont subventionnés à hauteur de 30% en général.
Ben Hassen Mondher
Pas de cause à effet
a posté le à 17:39
Arrêtez de justifier l'injustifiable ! Arrêtez d'user de l'arbre qui cache la forêt. Arrêtez de vous cacher les yeux !
veritas
Encore un ben Hassen '?'
a posté le à 18:12
C'est quoi votre vérité que vous voulez faire gober alors '?'ne dites pas surtout la vraie vérité '?'
Zarzoumia
Criminel
a posté le 16-09-2023 à 14:19
Oui, c'est de la non assistance à personnes en danger. La constitution ne sert à rien, dans la mesure où aucun droit n'est opposable à un président qui n'a aucune responsabilité. C'est un crime d'état de la même nature que celui de la passivité voire la complicité dans les tasfirs.
Dans une époque où les accusations de terrorisme fleurissent, voilà un crime qu'on peut qualifier de terrorisme d'état.
A quoi bon nous parler de complexe hospitalier alors qu'on n'est même pas capables de fournir des médicaments vitaux.
Après le pain unique, je pense qu'il va nous sortir le médicament unique. Un meftoul pour tout le monde. C'est ça le fait d'accepter d'être les dindons de la farce.
veritas
@B zineb
a posté le 16-09-2023 à 13:23
Si vous avez des fonds proposez à l'état vos services pour payer les anciennes factures des laboratoires pharmaceutiques étrangères pour vous livrer de nouvelles commandes ce cirque n'est pas une création du pouvoir du 25 juillet ce problème date depuis la colonisation(du pays) par procuration des criminels islamistes du pays sous l'égide des Mc do .
Ben Hassen Mondher
Le non bon sens
a posté le à 17:43
...... Bon sens souhaitable, honnêteté intellectuelle nécessaire...... les avez-vous ? Miskina Tunis
Curieux
Question
a posté le 16-09-2023 à 11:58
A quoi sert le ministère de la santé ?
Flore
@curieux
a posté le à 13:38
Réponse
On ne sait pas