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L’événementiel : 45 mille familles menacées !
04/11/2020 | 19:59
4 min
L’événementiel : 45 mille familles menacées !

 

La crise économique liée au coronavirus n’a épargné aucun secteur. Son emprise s’est tout de même renforcée sur des domaines plus que d’autres. Aujourd’hui, ce sont les métiers de l’événementiel qui lancent un cri de détresse. Entre les mesures sanitaires restrictives limitant leurs activités et les promesses d’accompagnement non tenues, des milliers d’emplois sont perdus et des dizaines d’entreprises jettent l’éponge et mettent la clé sous la porte.

 

Souvent méconnu et parfois sous-estimé, le secteur de l’événementiel est un domaine très riche et varié employant plusieurs talents, entre créateurs et techniciens. 

« C’est un secteur qui englobe plusieurs métiers et professionnels. D’abord les décorateurs, avec près de 300 entreprises employant près de 4000 personnes. Aussi, les sociétés de sécurités, notamment, les voituriers, les agents d’accueil. Il s’agit d’une trentaine d’entreprises qui emploient près de 1500 personnes. Une centaine de traiteurs employant 2000 personnes. Outre les boites de communication événementielle. Elles sont au nombre de 150 entreprises avec 1500 employés. Sans oublier les 100 sociétés de prestation de services techniques (sonorisation, éclairage, production audiovisuelle…) et leur 2000 employés et les espaces d’événementiel, à savoir, les hôtels, les salles de congrès, les salles de conférences … On recense près de 400 lieux qui emploient plus que 4000 employés. Le secteur englobe les artistes, les entrepreneurs des spectacles et les standistes. En tout, il y a 1250 entreprises, tous secteurs confondus, et 25 mille emplois directs », nous indique Elyes Guizani, président de la Chambre syndicale des métiers de l’évènementiel relevant de l’Utica.

Une chambre syndicale fraîchement créée après le premier confinement, pour réglementer et gérer ce secteur, pas bien structuré jusqu’à pas bien longtemps. Elyes Guizani a tenu à préciser, toutefois, que le secteur génère près de 200 millions de dinars de chiffre d’affaires annuel.

 

Ainsi, lors de la première vague épidémique, le secteur était complètement à l’arrêt. Certains professionnels ont réussi à tirer leur épingle du jeu durant les mois de juillet et août. Aujourd’hui, c’est un retour à la case départ. Elyes Guizani indique que les entreprises de prestation de services techniques et les entrepreneurs de spectacles sont complètement à l’arrêt depuis le mois de mars.

« Au départ, les professionnels ont tenté de continuer grâce à leurs réserves et leur épargne. Le but étant de résister à la crise et préserver les milliers de postes d’emploi, mais il est impossible de tenir aussi longtemps, notamment, en l’absence de toute aide de l’Etat et de toute forme d’appui », poursuit-il avec amertume. Et de poursuivre : « Nous sommes un secteur sinistré, et peut-être méconnu du gouvernement. Malgré nos multiples correspondances au gouvernement pour la mise en place de mesures d’accompagnement, nous n’avons rien reçu en retour. Nous sommes conscients de la situation économique critique du pays, et nous ne revendiquons pas de dons ou des aides. Nous avons besoin de mesures de soutien et d’accompagnement, notamment, le report des cotisations sociales, les échéances des crédits ou encore le report de la TVA, juste le temps de la crise, comme c’était le casavec le gouvernement Fakhfakh. Plusieurs sociétés ont mis la clé sous la porte, elles ont dû licencier leurs employés ».

 

Pour sa part, le membre de la chambre de la syndicale, Maher Askri a assuré que le gouvernement Fakhfakh avait promis aux entreprises sinistrées des crédits de gestion. « Les professionnels se sont présentés aux banques pour solliciter des crédits, mais ils ont été refusés. Les banques avaient exigé des garanties réelles. La garantie de l’Etat n’était pas acceptée puisqu’il n’y avait rien d’officiel de la part du gouvernement ».

Le président de la chambre avait poursuivi dans le même contexte. « Outre les crédits de gestion, il y avait d’autres promesses non tenues, à l’instar des reports des amendes douanières et l’annulation de certaines pénalités ».

 

Pour Maher Askri, le gouvernement sous–estime tout le secteur et ne le prend pas sérieux. « D’ailleurs, dans son discours, le chef du gouvernement Hichem Mechichi était clair. Il a indiqué que les artistes sont là rien que pour divertir les Tunisiens. Pour nos responsables, être artistes ou professionnels dans l’événementiel n’est pas un métier, c’est juste une sorte de loisir. Ils n’arrivent pas à concevoir que ces gens ont des familles à leur charge et dont ils assurent les besoins. Aujourd’hui, il y en a qui ne peuvent acheter des couches à leurs bébés. La situation est très grave, nous touchons le fond et des entreprises entières vont disparaitre. La situation épidémique est critique certes, mais tous les autres secteurs travaillent, et ils ne sont pas à l’abri de la contamination. Mettons en place des protocoles sanitaires adéquats et laissons les professionnels survivre ».

 

Aujourd’hui, la crise épidémique n’épargne aucun secteur. Les mesures sanitaires sont à présent claires et bien définies. Leur respect ne dépend pas du secteur ou de la nature de l’activité, mais de l’application et de la conscience collective. Mettre à l’agonie tout un secteur aussi dynamique semble absurde, surtout lorsqu’on assiste à une absence de toutes mesurettes d’accompagnement économique.

 

Sarra HLAOUI

04/11/2020 | 19:59
4 min
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Commentaires
DHEJ
La Chine est responsable...
a posté le 05-11-2020 à 17:15
Dommage