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Chroniques
La loi ne te convient pas ? Deviens syndicaliste !
Par Marouen Achouri
24/04/2019 | 16:30
3 min
La loi ne te convient pas ? Deviens syndicaliste !

 

Nous sommes désormais habitués à vivre au rythme des grèves et des mouvements de protestation en tous genres. Mais il semblerait que l’on entre dans un virage dangereux où certains syndicalistes passent au banditisme dans l’indifférence totale de leur centrale.

 

Deux évènements viennent confirmer cet état de fait. Le premier concerne les revendications de la fédération générale des chemins de fer tunisiens. Ladite fédération exige la réintégration de 19 employés de la SNCFT qui avaient été suspendus de leurs fonctions par le conseil de discipline de la compagnie. Ces employés ont été virés pour fautes graves. Donc la fédération souhaite tordre le bras à la réglementation en vigueur dans la société et réintégrer de force des éléments coupables de fautes graves quitte à paralyser les chemins de fer tunisiens pendant deux jours. Les syndicalistes demandent également la suspension de la ligne 13 qui fait perdre beaucoup d’argent à la compagnie. Il est vrai que cette ligne, qui lie Tozeur à Sfax, se trouve bien trop souvent coupée par des manifestants. Il est clair que l’Etat se doit d’agir et de sévir pour assurer le transport des passagers et des marchandises, mais il est tout aussi clair que la solution ne peut être la suspension pure et simple de ladite ligne. Mais cela semble une solution valable entre contestataires et manifestants, histoire de ne pas se les mettre à dos.

 

L’évènement le plus important illustrant ce banditisme syndical dans l’impunité la plus totale est l’agression de militants et de membres du parti Machrouû Tounes à Sfax le 20 avril. Ces derniers ont commis l’affront insupportable de manifester devant le siège de la Siape en demandant la mise en œuvre de son démantèlement. Le fait qu’ils aient également demandé à ce que les droits des travailleurs soient garantis dans ce processus ne leur a pas évité de se frotter au comité d’accueil qui leur a été réservé par le syndicat de l’usine à Sfax. 

Les syndicalistes de Sfax n’ont pas hésité à prendre des cailloux et des bâtons et ont agressé physiquement les manifestants car ils ne veulent pas que leur usine ferme ses portes. Des cancers qui se développent depuis des années dans la région à cause de l’usine ? Ils s’en foutent éperdument. Les dégâts environnementaux ? Ce n’est pas leur problème.

 

Tout cela s’est passé en plein jour et même une élue, Hajer Laâroussi, a été agressée par les bandits affiliés à l’UGTT. Le fait que la manifestation ait été autorisée par les autorités locales n’a pas suffi à assurer la sécurité des membres de Machrouû. Les agressions et les insultes se sont déroulées sous les yeux impuissants ou complices des forces de l’ordre.

 

Aujourd’hui, il devient risqué de demander à ce qu’une décision gouvernementale soit appliquée. Au-delà du débat sur la Siape, nous sommes passés à un autre niveau qui est celui du banditisme et de la violence. Quatre jours plus tard rien n’a été fait et rien n’a été dit. L’Etat a reculé, a cédé et s’est caché dans cette affaire. Non seulement il est incapable de faire appliquer sa propre décision, mais en plus l’Etat s’est révélé à la fois incapable de protéger des citoyens et de poursuivre ou prendre des mesures contre les agresseurs. Si l’on est couvert par l’UGTT, on peut tout faire, y compris commettre des crimes, sans risquer des représailles.

 

Tout cela s’est passé dans le silence presque général. Deux partis ont exprimé leur solidarité avec Machrouû Tounes : Tahya Tounes et Al Moubadara. Tous les autres ont gardé le silence pendant au moins 4 jours. Evidemment, la centrale syndicale n’a pas jugé utile de condamner ne serait-ce que les actes de violence. Ses leaders se sont plutôt évertués à attaquer Mohsen Marzouk, chef du parti, au lieu d’au moins se désolidariser des agressions commises.

 

Par sa défaillance, par son désengagement et par sa lâcheté, l’Etat tunisien est en train de communiquer le plus dangereux des messages, celui de l’impunité. Si vous êtes syndicaliste, si vous avez la protection de l’UGTT, vous ne craignez rien, et l’Etat ne peut rien vous faire. Quand on base son discours officiel sur la lutte contre la corruption et les dépassements en tous genres, on perd largement en crédibilité devant ce qui s’est passé…

Par Marouen Achouri
24/04/2019 | 16:30
3 min
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Commentaires (4)

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fethia
| 27-04-2019 15:28
une autre affaire s'ajoute à ce que vous avez cité: l'affaire de nessma. Un parti politique ( celui qui, depuis 2011, ne fait qu'appuyer l'impunité puisqu'il est lui même concerné) ose ouvertement défendre l'infraction de la loi en critiquant âprement la décision de la Haica de fermer cette chaîne et son exécution qui selon ce même parti était violente. D'aprés eux nessma peut continuer à émettre sans autorisation et peut continuer à faire fi du cahier des charges et être au dessus de la loi . Les nahdhaouis procurent un appui politique à nessma comme ils l'ont fait avec la chaîne ezzitouna dont on ne sait pas la source de financement . L'impunité est soutenue par les soit-disant grands partis en Tunisie, on ne doit pas s'étonner du banditisme qui sévit dans le pays.

DHEJ
| 24-04-2019 19:55
Il faut pointer du doight le Ministère public et le pouvoir judiciaire

qui sont appelé à appliquer l'article premier du Code du Procédure Pénale

Alors bonne lecture...

Akoubi Ammar.
| 24-04-2019 17:51
Les dirigeants syndicaux actuels appartiennent en majorité à la génération issue du congrès de Sousse chapeauté par Hamed Karoui et le RCD et ayant intronisé Smail Sahbani sur recommandation de Zaba puis remplacé par Abdessalem Jrad toujours avec la bénédiction de la dictature en place pour l appuyer dans ses décisions économiques et sociales et surtout le vol de l argent du peuple. En conséquence, la majorité des dirigeants syndicaux appartenaient aux cellules professionnelles du RCD ou étaient simplement des disciples de Sahbani et Jrad connus en connivence avec le pouvoir. Fin 2010 et sous l effet domino, la centrale a pris le train en marche pour sauver la face et depuis elle a profité de l absence de dirigeants de forte personnalité pour d introduire dans l exercice du pouvoir et assurer la continuité des méthodes du RCD de Ben Ali et sa bande.

Microbio
| 24-04-2019 17:28
Un fils demande au père: "Papa, qu'est-ce que la politique?" Le père lui dit: « Mon fils, il est facile regardez, Je ramène l'argent à la maison, donc je suis la CAPITALISME ta mère gère l'argent, donc elle est le GOUVERNEMENT, le grand-père veille à ce que tout ici est en ordre, donc il est le SYNDICAT. Notre femme de chambre est la CLASSE OUVRIERE. Tous nous n´ avons que ton bien-être à l'esprit. Par conséquent, tu es le PEUPLE, ton petit frère qui est encore en couches, est l' AVENIR. As-tu compris ça, mon fils?
Le gamin réfléchit et demande à son père de dormir une nuit de plus. La nuit, le petit garçon se réveille, car son petit frère a fait dans les couches et rugit terriblement. Comme il ne sait pas quoi faire, il se rend dans la chambre de ses parents. Mais il n'y a que sa mère, qu'il ne peut pas réveiller, car elle dort si vite. Il se rend donc dans la chambre de la femme de chambre, où son père s'amuse avec elle pendant que grand-père regarde discrètement par la fenêtre. Tout le monde est si occupé qu'ils ne remarquent pas que le petit garçon se tient devant leur lit. Alors, le garçon décide de se rendormir sans qu'on le lui dise.
Le lendemain matin, le père demande à son fils s'il peut expliquer par ses propres mots ce qu'est la politique.

"Oui", répond le fils, « CAPITALISME a abusé de la classe ouvrière et le SYNDICAT observe, alors que le GOUVERNEMENT dort. Le PEUPLE est complètement ignorée et l' AVENIR est dans la merde. C'est la POLITIQUE! »