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Chroniques
Prestige de l'Etat : fin de la blague !
11/01/2017 | 15:59
4 min

 

Quand la Troïka était au pouvoir, on s’indignait de pratiques et de déclarations qui trainaient dans la boue ce que l’on appelle le prestige de l’Etat. De Sihem Badi à Ali Laârayedh en passant par Abdelwahab Maâter et Rafik Abdessalem, l’Etat avait perdu son « aura ».

 

Naturellement, ce fût l’un des chevaux de bataille de ceux qui voulaient leur succéder au pouvoir. Nidaa Tounes, pendant la campagne électorale, avait longuement insisté sur le rétablissement du prestige de l’Etat en tant que l’un de ses objectifs s’il était élu. Quand ce parti a gagné les élections, il était légitime de caresser un certain espoir concernant le rétablissement de ce fameux prestige de l’Etat. Plus tard, ce prestige tenait plus de la blague qu’autre chose. Aujourd’hui, la blague ne fait plus rire personne. On pourrait parler du non-respect des délais constitutionnels, du problème du CSM ou des élections municipales, mais les exemples se bousculent, malheureusement.

 

Abid Briki, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, déclarait récemment avoir découvert une délégation qui payait 550 employés. Le sureffectif est évidemment flagrant et il y a de sérieux doutes quant à une éventuelle malversation. M. Briki n’en parlerait même pas si ce n’était pas le cas. Allons-nous vraiment croire que cette malversation a « échappé » pendant des années aux radars de la comptabilité publique ou devons-nous plutôt penser que la chaine de bénéficiaires et de complices monte plus haut que la délégation ? La logique voudrait que ce soit plutôt la deuxième option. M. le ministre « découvre » également que les comptes de l’Etat sont alourdis par une masse salariale trop importante. Il a négocié avec ses anciens compères du syndicat pour trouver le moyen de retarder les augmentations salariales dans le public. Tout cela est bien beau. Mais est-ce que Abid Briki se souvient des années où il était, lui-même, de l’autre côté de la table des négociations ? Il avait bataillé ferme pour la concrétisation d’une aberration purement tunisienne : le recrutement par l’Etat de tous les employés des sociétés de sous-traitance ! Donc, après avoir bataillé pour faire recruter des milliers de personnes dans la fonction publique, Abid Briki vient « sensibiliser » à la situation des finances publiques ?

 

Autre exemple, bien plus parlant cette fois. Ahmed Laâmari, élu Ennahdha de notre honorable assemblée n’en a rien à faire de l’Etat. A tel point qu’il est prêt à le remplacer ! Ainsi, ce cher député a pris la tête d’une délégation à la composition obscure et est allé en Libye signer un accord avec une faction libyenne pour l’échange de marchandises à travers le passage de Ras Jedir ! Rien que ça !

 

Donc ce monsieur s’est senti l’étoffe d’un leader national et est allé négocier au nom de l’Etat tunisien, sans absolument aucune réaction de ce dernier. L’Etat tunisien se fait usurper ses prérogatives et se fait ridiculiser par un député sans réagir. Prestige de l’Etat dites-vous ? Mais quel prestige un Etat peut-il invoquer quand c’est la crédibilité qui fait défaut ? Pour la petite histoire, c’est ce même élu qui avait été arrêté par les forces de l’ordre parce qu’il « vadrouillait » lors de l’attaque terroriste de Ben Guerdène…

 

Troisième exemple, celui de Samira Meraï, ministre de la Santé. A peine installée à Bab Saâdoun, la ministre décide de virer le directeur de l’hôpital de Sfax. Son prédécesseur, Said Aïdi, avait tenu à faire respecter sa décision de nommer un militaire à la tête de cet hôpital. Cela avait provoqué des grèves et contestations de la part du syndicat de cet hôpital. Mais l’ancien ministre n’a pas plié. En arrivant à la santé, Samira Meraï a balayé tout cela du revers de la main et a fait ce que le syndicat demandait. Quand l’Etat recule, cède ses prérogatives et n’est plus décideur, quel prestige peut-on invoquer ?

 

Dans leurs maisons et devant leurs télévisions, des dizaines de personnes regardent ce triste spectacle avec dépit. Ce sont les personnes qui ont construit l’Etat tunisien, indépendamment de la politique, brique par brique et au prix de longues années de travail acharné. Ils regardent l’Etat tunisien trainé encore plus dans la boue et ils se taisent. Ils n’ont pas d’autre choix depuis qu’on les a « dégagés » après avoir commis l’impardonnable faute d’avoir été fonctionnaires durant les 23 dernières années…     

11/01/2017 | 15:59
4 min
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Commentaires (14)

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okba
| 13-01-2017 17:01
Abel Chater tu ferais mieux de mettre fin a ton hypocrisie et de cesser ton bavardage insense . Le probleme releve des Tunisiens eux memes plus que de leurs gouvrneurs
"Kama takounou youwalla alaikom" .Le veritable probleme est le sous-developpement culturel

Abel Chater
| 13-01-2017 09:49
Le problème ne réside pas dans la délégation qui payait les 550 employés, car l'état est tenu à faire beaucoup d'effort pour faire travailler les gens, afin que la roue de l'économie tourne par ce cercle spiraloïde, où tous les chemins mènent à la caisse de l'état et nulle part ailleurs. Le vrai problème réside toutefois, dans la probabilité de trouver des chiffres sans corps humains. Comme c'est le cas en Egypte, en Irak ou en Syrie, où leurs responsables mafieux encaissent les salaires d'ouvriers ou de soldats fantômes, dont seuls les noms existent. Le sureffectif bénin dans les institutions étatiques, ne va pas de pair avec la malversation, car les affaires de l'état ne se gèrent pas à la manière dont on gère une entreprise familiale. Le gain et la perte s'épousent, s'épaulent et se côtoient pour glisser ensemble, dans cette spirale qu'on ne pourra jamais arriver à lui calculer sa fin.
Quant à ce député Ahmed Laamari dont j'entends pour la première fois et qui est allé en Libye signer un accord avec une faction libyenne, pour l'échange de marchandises à travers le passage de Ras Jedir, il est bien connu à tout journaliste que dans toute situation politiquement confuse, les états font appel à des relations personnelles. Le cas du passage frontalier de Ras Jedir s'échauffe et se réchauffe davantage par des manifestations populaires du côté tunisien. Ici, il faut au «prestige de l'état» d'agir et de trouver une solution à ces milliers de chômeurs de la région, qui ne demandent que l'ouverture des frontières entre les frères tunisiens et libyens, avant que ce «prestige bidon de l'état», ne se transforme en une absence totale de l'état, comme le fut le 14 janvier 2011.
Envoyer une délégation tunisienne pour résoudre ce gigantesque dilemme avec amitié et fraternité, est en soi un énorme «prestige» d'un vrai état qui se respecte lui-même.
Enfin, je regrette beaucoup de ne pas pouvoir gober l'histoire de l'ancien ministre de la Santé Saïd Aïdi, qu'il ne trouve aucun civil compétent pour le nommer à la tête de cet hôpital civil de Sfax. La question qui s'impose d'elle-même, comment Saïd Aïdi a-t-il trouvé ce militaire, d'où lui vient cette idée «dictatoriale» d'intéresser nos Valeureux états-majors aux avantages de la vie civile, eux qui comptent parmi les armées les plus correctes et les plus disciplinées de ce globe terrestre et, ce qu'il mijote derrière les coulisses, par une telle débilité politique?
Voudrait-il se rapprocher de notre Valeureuse armée, afin de montrer ses biceps à ses collègues et se sentir plus fort qu'eux, comme le fit le ministre de l'Education nationale Néji Jalloul pour perdurer dans son poste, jusqu'à s'être glissé sur le visage?
Sinon, qui pourrait nous expliquer le bon sens de vouloir nommer un médecin militaire, coûte que coûte à la tête d'un hôpital civil, au lieu d'aider nos militaires à se doter d'un nouvel hôpital militaire, digne de leur excellente valeur chez le peuple tunisien. Surtout que nos militaires ouvrent les portes de leurs hôpitaux à l'ensemble du peuple tunisien.
Au contraire, la nouvelle ministre de la Santé Samira Meraï a fait preuve de beaucoup d'intelligence et de beaucoup de culture démocratique, où les conflits personnels sont hors-sujet. Elle n'a fait que redresser la barre dans le bon sens, afin que les choses avancent et que les esprits se calment. Je n'ai vraiment pas compris le sens de l'insistance avec cette obstination maladive et cet entêtement de gamins, qui ont fait perdre à Saïd Aïdi toute crédibilité et toute confiance en ses facultés politiques de ministre.
Merci Marouen Achouri pour cette gymnastique de cerveau, que tu m'impose en cette matinée.

Malade de Tunisie
| 12-01-2017 09:57
Après Bourguiba et ben Ali,on est redevenu un tas de poussières

slalom
| 12-01-2017 07:10
Une fillette de 9 ans est morte de froid à Ain-Draham il y a deux jours ça redore le blason de l'État et ça lui confère un prestige bien mérité depuis 56

kameleon78
| 12-01-2017 01:06
Le seul remède une deuxième révolution une vraie pas ce pseudo coup d'état islamo-sioniste appelé le 14 janvier.

Amilcar
| 12-01-2017 00:39
La blague n à que trops duré. Combien faudra t il le dire?
Comment voulez vous que l' état août respecté, si ce dernier Ne SE RESPECTE PAS LUI MÊME?
Trahison des électeurs, Céder le pouvoir à l' adversaire, ennemi de la Tunisie pourvoyeur de terroristes, véhiculant une ideologie totalitaire intolérante fasciste visant à installer une dictature théocratique
Comment démocratie et Islam politique peuvent cohabiter ensemble? comment Deux idéologies aux antipodes l'une de l autre peuvent cohabiter?
C'est le résultat actuel. Rien ne fonctionne.
La prétendue démocratie, n' en est pas une puisque la constitution n' est pas respectée en droits individuels, de conscience et privé. La tendance islamique semble-t-il prends l' ascendant sur le pouvoir qui aurait été légitime, comme des décisions de justice aberrantes en faveurs de criminels ou de cas avérés lié aux islamistes et leur ideologie.
Il YA deux gouvernements, un de façade pour faire croire à une démocratie qui en réalité n' en est pas une et un autre tacite, oeuvrant dans la semi pénombre, des fois en plein jour, sur de s suffisance et de son arrogance à se moquer du citoyen et faisant fi de ce pseudo gouvernement de chalatans qui se fout du peuple de même




tunisien
| 11-01-2017 22:14
BCE n'a pas pu rétablir les relations diplomatiques avec la SYRIE a cause d'un véto étranger et celui de notre nakba
puisque notre destin n'est pas entre nos mains en TUNISIE c'est l'anarchie vous vous rendez compte un individu arrête la production d'une usine et aucune réaction énergique de l'état
on est devenu une poussière d'individu

Ameur K
| 11-01-2017 18:43
Si beji et nidaa ont trahit les tunisiens du fait du non respect d aucun engagt..
Le plus grave c est qu il traine tjrs son BEBE aux depends des interets du pays ....le resultat c est la DEROUTE totale de l etat




A4
| 11-01-2017 18:13
L'ETAT (2)
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2016

Il fût un temps pas lointain
Dont je me souviens encore
Où l'état était souverain
Où l'état était trop fort

Si fort qu'il se permettait
D'écraser sur son chemin
Les bipèdes qui l'embêtaient
Lors de nuit sans lendemain

Ce temps là est révolu
Dépassé, plus à la mode
Le problème est résolu
L'état a changé de code

C'est l'état mou des mauviettes
On ne le voit presque plus
Il s'incline, fait des courbettes
Aux arnaqueurs et goulus

C'est l'état aux poches vides
Qui n'a plus aucun dinar
Qui se comporte en timide
Face aux bandits et roublards

C'est l'état végétatif
Qui ne sort de sa cachette
Qui a peur, qui est craintif
Qui cède tout au racket

C'est l'état des grands niais
Qui avance à l'aveuglette
Ne sait où mettre les pieds
Et n'a plus rien dans la tête

C'est l'état doux des agneaux
Qui s'asphyxie et suffoque
Qui envoie ses mégalos
Faire la manche aux amerloques

C'est l'état des populistes
Qui caresse l'animal
Fainéant, sale et fumiste
Toujours dans le sens du poil

C'est l'état des défaitistes
Qui se croit faire du social
Regard livide d'utopiste
Qui se noie dans la spirale

C'est l'état, il est ainsi
Conforme à la volonté
De ceux qui nous ont écrit
Une constitution ratée

raspoutine
| 11-01-2017 18:07
merci pour cet article qui décris la transformation d'une nébuleuse en trou noir
mon pauvre pays