Lotfi Zitoun appelle à une amnistie nationale générale
Le dirigeant d'Ennahdha, Lotfi Zitoun, est revenu, dans une chronique publiée ce mardi 22 mars 2016, dans le journal Al Chourouk, sur la nécessité d’instaurer un climat de pardon, d’union et de réconciliation en Tunisie loin des adversités politiques, de l’esprit de revanche et des rancunes, qui n’aboutissent qu’à la prolifération de nouvelles victimes d’injustices.
Lotfi Zitoun a entamé son papier par un retour sur le combat de sa famille et les nombreuses perquisitions et autres tortures auxquelles ont été confrontés ses parents, ses frères et sœurs et d’autres membres de sa famille ainsi que celle de son épouse. Il a rappelé qu’avant de décéder ses parents avaient reçu l’un de leurs bourreaux à la maison, qui avait présenté des excuses et à qui ils avaient volontiers pardonné.
« Et si la classe politique, toutes orientations confondues, pouvait suivre cet exemple ? » s’est interrogé le leader d’Ennahdha, « si les responsables pouvaient présenter des excuses et si les victimes pouvaient pardonner » a-t-il ajouté.
Lotfi Zitoun a estimé que le climat politique actuel, remplace les réfugiés qui sont revenus après la révolution par d’autres qu’elle a poussé à partir, allongeant ainsi la liste des personnes qui subissent une injustice, de gens errant entre différents pays, interdits de passeports, et de familles éclatées.
« Nous ne parlons pas de ceux dont les crimes sont avérés, et mêmes ceux là, ont droit au pardon. Nous parlons de ceux qui n’ont fait qu’appliquer les ordres … dont certains hauts cadres de l’Etat qui arpentent depuis cinq ans les couloirs des tribunaux et des bureaux d’investigation. Cette humiliation d’un nombre de compétences, encouragée par l’absence de tout effort de la part de leurs collègues » a affirmé Lotfi Zitoun. « Une atmosphère d'amertume et un sentiment d'injustice se propage de jour en jour dans notre pays. La liste des opprimés s’allonge et leurs rangs diminuent alors que les anciens d’entre eux meurent tous les jours dans les cachots de la pauvreté et de la maladie ou dans la prison de l'exil pour les nouveaux. En fin de compte, la justice n’a pas été réalisée et les droits n’ont pas été retrouvés » a-t-il ajouté.
Lotfi Zitoun a estimé que la justice transitionnelle ainsi que la loi sur la réconciliation sont devenues des prétextes de surenchère et que le pays sombre dans une atmosphère de haine et de colère, propice au terrorisme et à l’anarchie. Il a expliqué que cette confusion entre l’erreur et le crime a poussé les tunisiens à ne plus avoir confiance les uns en les autres. « Dans ces guerres politiques, les erreurs sont devenues des pêchés et les administrations et ministères sont désormais paralysés par cette confusion entre l’erreur, la coercition et le crime » a expliqué le leader d’Ennahdha, soulignant que le fait de pardonner ne veut pas dire oublier et appelant le président de la République, le président de l’ARP, le président d’Ennahdha et les autres « sages du pays » à instaurer la justice et à liquider l’héritage du passé en annonçant une amnistie nationale générale.
M.B.Z