Chroniques
Le Dîner de cons à l'ANC

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Par Inès Oueslati
Depuis quelques jours, l’ANC nous présente son show télévisé tous les soirs ou presque. Un spectacle désolant que suivent des Tunisiens auparavant déçus par le rendement faible de leurs élus et désormais affligés par leur implication pour le moins survoltée.
Depuis le début du vote du projet de la Constitution, que de clashs au sein de l’hémicycle ! Que de voix haussées, que de propos violents et que d’incivilité !
Ces députés, chargés de rédiger la Constitution, un code régulant l’Etat, gérant les affaires y afférentes et encadrant l’ensemble des citoyens, n’ont pas tous, et cela nous le savions de prime abord, les compétences « techniques » nécessaires. Cependant, que ces élus peinent à assurer leur propre gestion interne, à maîtriser l’ardeur de leur colère, à tâcher ne pas entacher l’image de l’institution qui est la leur et à partir d’elle l’image qui est la nôtre, cela est déconcertant.
Une Constitution écrite par des néophytes est, comme nous l’avons constaté depuis des mois déjà, laborieuse, lente et tâtonnante. Une Constitution écrite par des néophytes violents et inconvenants est une constitution dont le caractère suprême pourrait être mis à mal.
La Constitution est, par définition, « l'acte politique et la loi fondamentale qui unissent et régissent de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble des rapports entre gouvernants et gouvernés ».
Or, violences verbales, agressivité par les gestes et attitudes irrespectueuses règnent entre les députés. Comment peuvent-ils donc gérer les relations entre les citoyens, eux qui peinent à gérer les relations entre eux ? Plus d’un clash a éclaté lors des dernières délibérations à l’Assemblée. Iyed Dahmani élu d’Al Joumhouri a été la cible de deux tentatives de violence suite à sa prise de parole lors du vote de la loi relative au dédommagement des victimes de l’ancien régime (vidéo).
Hier et suite à sa demande de traduction en français d’un article dont elle peinait à percevoir le sens, Karima Souid a été obligée de quitter l’hémicycle. La vice-présidente de l’ANC l’avait « agressée verbalement et humiliée» (comme l’a ensuite précisé Mme Souid), enfreignant au passage l’article 77 du règlement intérieur de l’ANC garantissant aux élus le droit d’être assistés en cas de besoin pour la compréhension de certains termes.
Dans cette ambiance tendue, baignée d’animosités et d’incivilités, peut-on produire un code de civilité à la noblesse et à la longévité incontestées ? Ces élus ne sont-ils pas en train de mettre à mal le prestige de l’Etat, un mal que ces mêmes députés incombent à l’expression jugée excessivement libérée de la presse d’après-révolution ?
Des plénières aux allures d’un « Dîner de cons », mais avec plus d’un François Pignon. Nous assistons devant nos postes à des propos décalés, à des propositions farfelues, certes drôles, mais terriblement affligeantes pour celui qui songe au prix auquel nous reviennent les élucubrations d’Azed Badi (vidéo), les soubresauts intellectuels de Sonia Ben Toumia (vidéo) et les fluctuations rythmiques de Mabrouka Mbarek.
Entretemps et entre deux prises de becs, la peine de mort est maintenue en Tunisie. Au nom de l’Etat de droit et de l’Islam dont les nobles valeurs sont inscrites dans l’article premier de notre Constitution, on n’abolira pas cette peine maximale mettant fin à la vie d’autrui !
L’accusation d’apostasie est, désormais, et depuis l’accord autour de l’article 6, interdite. Cependant, aucune procédure ni démarche sérieuse ne visera Habib Ellouze, celui qui a ouvertement incité au meurtre de Mongi Rahoui, « ennemi de l’Islam » comme il l’a qualifié.
L’accusation d’apostasie est certes interdite et cette interdiction a été constitutionnalisée, mais Jaber Mejri, pour avoir publié sur son compte Facebook des caricatures « anti-religieuses », demeurera en prison pour 7 ans. Ridha Grira, ancien ministre en prison continuera, quant à lui, son agonie lente et douloureuse en prison, malgré les appels à libération émis par de nombreuses associations. L’Etat de droit est en construction, mais peut-on garantir la notion d’Etat de Droit alors que les droits restent menacés et l'Etat, légitimement, décrié?
Depuis quelques jours, l’ANC nous présente son show télévisé tous les soirs ou presque. Un spectacle désolant que suivent des Tunisiens auparavant déçus par le rendement faible de leurs élus et désormais affligés par leur implication pour le moins survoltée.
Depuis le début du vote du projet de la Constitution, que de clashs au sein de l’hémicycle ! Que de voix haussées, que de propos violents et que d’incivilité !
Ces députés, chargés de rédiger la Constitution, un code régulant l’Etat, gérant les affaires y afférentes et encadrant l’ensemble des citoyens, n’ont pas tous, et cela nous le savions de prime abord, les compétences « techniques » nécessaires. Cependant, que ces élus peinent à assurer leur propre gestion interne, à maîtriser l’ardeur de leur colère, à tâcher ne pas entacher l’image de l’institution qui est la leur et à partir d’elle l’image qui est la nôtre, cela est déconcertant.
Une Constitution écrite par des néophytes est, comme nous l’avons constaté depuis des mois déjà, laborieuse, lente et tâtonnante. Une Constitution écrite par des néophytes violents et inconvenants est une constitution dont le caractère suprême pourrait être mis à mal.
La Constitution est, par définition, « l'acte politique et la loi fondamentale qui unissent et régissent de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble des rapports entre gouvernants et gouvernés ».
Or, violences verbales, agressivité par les gestes et attitudes irrespectueuses règnent entre les députés. Comment peuvent-ils donc gérer les relations entre les citoyens, eux qui peinent à gérer les relations entre eux ? Plus d’un clash a éclaté lors des dernières délibérations à l’Assemblée. Iyed Dahmani élu d’Al Joumhouri a été la cible de deux tentatives de violence suite à sa prise de parole lors du vote de la loi relative au dédommagement des victimes de l’ancien régime (vidéo).
Hier et suite à sa demande de traduction en français d’un article dont elle peinait à percevoir le sens, Karima Souid a été obligée de quitter l’hémicycle. La vice-présidente de l’ANC l’avait « agressée verbalement et humiliée» (comme l’a ensuite précisé Mme Souid), enfreignant au passage l’article 77 du règlement intérieur de l’ANC garantissant aux élus le droit d’être assistés en cas de besoin pour la compréhension de certains termes.
Dans cette ambiance tendue, baignée d’animosités et d’incivilités, peut-on produire un code de civilité à la noblesse et à la longévité incontestées ? Ces élus ne sont-ils pas en train de mettre à mal le prestige de l’Etat, un mal que ces mêmes députés incombent à l’expression jugée excessivement libérée de la presse d’après-révolution ?
Des plénières aux allures d’un « Dîner de cons », mais avec plus d’un François Pignon. Nous assistons devant nos postes à des propos décalés, à des propositions farfelues, certes drôles, mais terriblement affligeantes pour celui qui songe au prix auquel nous reviennent les élucubrations d’Azed Badi (vidéo), les soubresauts intellectuels de Sonia Ben Toumia (vidéo) et les fluctuations rythmiques de Mabrouka Mbarek.
Entretemps et entre deux prises de becs, la peine de mort est maintenue en Tunisie. Au nom de l’Etat de droit et de l’Islam dont les nobles valeurs sont inscrites dans l’article premier de notre Constitution, on n’abolira pas cette peine maximale mettant fin à la vie d’autrui !
L’accusation d’apostasie est, désormais, et depuis l’accord autour de l’article 6, interdite. Cependant, aucune procédure ni démarche sérieuse ne visera Habib Ellouze, celui qui a ouvertement incité au meurtre de Mongi Rahoui, « ennemi de l’Islam » comme il l’a qualifié.
L’accusation d’apostasie est certes interdite et cette interdiction a été constitutionnalisée, mais Jaber Mejri, pour avoir publié sur son compte Facebook des caricatures « anti-religieuses », demeurera en prison pour 7 ans. Ridha Grira, ancien ministre en prison continuera, quant à lui, son agonie lente et douloureuse en prison, malgré les appels à libération émis par de nombreuses associations. L’Etat de droit est en construction, mais peut-on garantir la notion d’Etat de Droit alors que les droits restent menacés et l'Etat, légitimement, décrié?
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