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Tunisie - La bataille des prix entre gouvernants et consommateurs
25/12/2013 | 1
min
Tunisie - La bataille des prix entre gouvernants et consommateurs
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En cette période précédant les fêtes de fin d’année, on assiste, inévitablement à une frénésie des achats et, par voie de conséquence, à une hausse inhabituelle de la demande. Cette demande dépasse souvent le volume de l’offre générant, logiquement, la hausse de certains produits particulièrement prisés en ces temps bien spéciaux, tels les gâteaux, la farine, le poulet, etc.
Mais, pour cette année, la situation semble être davantage corsée avec une hausse généralisée des prix. Une hausse qui va crescendo entamant gravement le pouvoir d’achat des citoyens, déjà sérieusement érodé depuis 2011, plus particulièrement durant les deux dernières années de gouvernement de la Troïka.
 
Ils sont nombreux les consommateurs qui se plaignent de cette hausse des prix, ressentie au quotidien, dans le sens où elle touche presque tous les produits et services. En effet, tout est cher aujourd'hui. Tout sans exception. Et cela va des produits alimentaires de base jusqu’aux factures de l'eau et de l'électricité en passant par les moyens de transport, l'ameublement et autres prestations de services, dont notamment, la restauration.

Le hic, c’est qu’en entendant parler les ministres et autres officiels, les Tunisiens ont l’impression qu’on parle d’un autre pays que le leur, car les propos en question « se félicitent des réalisations et des acquis et assurent que tout va bien, qu’il n’y a pas de problème d’approvisionnements des marchés, que les prix sont normaux et même s’il y a hausse, qu'elle est infime et insignifiante…». Ils disent que les prix auraient pu être encore plus vertigineux, voire surréels, si ce n’est l’action des autorités officielles…

Autrement dit, ils nous laissent croire qu’on doit remercier Dieu et les remercier pour avoir fait éviter aux consommateurs des situations plus dramatiques.

Dans le même ordre d’idées et en regardant de plus près les chiffres officiels, notamment ceux de l’Institut national des statistiques, on a l’impression que la Tunisie est devenue un véritable Paradis où il fait bon vivre.

A titre d’exemple et pas plus tard qu’aujourd’hui, mercredi 25 décembre 2013, la directrice générale de la qualité et du commerce intérieur auprès du ministère du Commerce a indiqué lors de l'émission "Midi Show" sur Mosaïque Fm, que la pénurie de la farine dans toutes les régions du pays est due à la décision des minotiers d'arrêter la production en signe de protestation contre la volonté du ministère de geler les prix des produits de première nécessité. Elle a ajouté que, toutefois, cette pénurie ne concerne que la farine de pâtisserie et non la farine de boulanger, et que tout un chacun peut s’en procurer chez l’épicier du coin.

La même responsable ajoute que les minotiers réclament une augmentation du prix de la farine de pâtisserie de 80 millimes, estimant que les prix de vente ne couvrent pas les prix de production et de conditionnement. A noter que les prix de la farine n'ont pas augmenté depuis 2007.

Concernant la dernière hausse des prix des œufs, elle a indiqué qu’elle est injustifiée puisque la production des œufs en décembre 2013 a enregistré une augmentation de 7 millions d’unités par rapport au mois de décembre 2013. Elle a ajouté que le prix de l'œuf a été fixé à 165 millimes, mais que ce sont les marchands ne qui ne respectent pas les recommandations du ministère du Commerce.

La directrice souligne, par ailleurs, que la contrebande n'explique pas tout concernant cette hausse, dans la mesure où la quantité des œufs de contrebande est négligeable par rapport au volume de la production, dans sa globalité.

Mais alors, comment se fait-il que le prix des quatre œufs atteigne les 780 millimes, sans parler des nombreux cas de l’absence totale des œufs à la vente ? La question demeure en suspens et même la responsable n’y trouve pas d'explications et de justifications convaincantes.

Pourtant une campagne de contrôle économique, effectuée récemment à travers les circuits de distribution dans le seul gouvernorat de Ben Arous, a permis aux agents des services de contrôle de saisir plus de 100 mille œufs destinés au commerce parallèle, sachant que le ministère du Commerce a fixé les prix de vente des œufs au détail à 165 millimes l’unité.

Des responsables officiels essaient d’expliquer ces augmentations des prix par la somme de plusieurs facteurs, dont notamment, la hausse de la demande, le phénomène de la spéculation, la contrebande. Des facteurs engendrés par la conjoncture actuelle à laquelle fait face le pays

On nous indique que la Tunisie est en train de subvenir, en fait, aux besoins de deux peuples qui vivent des circonstances exceptionnelles : les Tunisiens et les Libyens, et ce, à un rythme de production plus bas que d'habitude, du fait des mouvements sociaux, des grèves et des sit-in.

La situation a été aggravée, faut-il l’avouer, par les nouveaux comportements dont ont fait montre, des commerçants, des industriels et des particuliers recourant à la spéculation et la contrebande. Sans oublier la part du citoyen dans cette situation, et ce, à cause, notamment, de la frénésie d'achat et du stockage de marchandises

A cela s'ajoute, la libéralisation des prix et le manque de contrôle régulier, en raison des circonstances sécuritaires exceptionnelles par lesquelles passe la Tunisie.

Les spécialistes reconnaissent, également, que la convertibilité du dinar et sa dépréciation par rapport à l'euro et au dollar, ont contribué, négativement, à la hausse des prix de certains produits, plus particulièrement ceux importés ou fabriqués à partir de matières importées sur les marchés tunisiens.

Certains arguments avancés, paraissent assez objectifs, mais si le commerce parallèle et la contrebande fleurissent considérablement, la faute incombe, logiquement, aux autorités au pouvoir. Si les spéculateurs pullulent sur les places des marchés, c’est à cause du laxisme observé chez les services de contrôle.

Quant à l’argument concernant la situation en Libye, il ne faut pas oublier qu’en 2011 et à peine quelques mois après la révolution, le gouvernement tunisien gérait, à l’époque, une situation encore plus dangereuse en Libye et, surtout, devait subvenir aux besoins de plus d’un million de réfugiés de toutes nationalités fuyant les combats chez le voisin libyen.

C’est dire qu’outre les indicateurs d’ordre conjoncturel, des problèmes structurels, dus à une mauvaise gestion des marchés de consommation, seraient à prendre en considération et à solutionner. Il y va de la bourse des ménages tunisiens qui réclament, entre autres, une vie digne et, surtout, un pouvoir d’achat acceptable

 

Sarra HLAOUI
25/12/2013 | 1
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