L’élection prévue aujourd’hui à l’Assemblée constituante afin de nommer le rapporteur général de la Constitution est un rendez-vous important dans le processus démocratique que vit actuellement la Tunisie.
Deux candidats se sont présentés : Fadhel Moussa (PDM) et Habib Khedher (Ennahdha).

Pour favoriser leur candidat et venir à son secours, des ministres du gouvernement (et les conseillers du président de la République) ont accouru à l’Assemblée constituante afin de participer au vote. Parmi les ministres qui ont quitté leur ministère pour venir voter, on cite Samir Dilou, Mohamed Ben Salem, Abdellatif Mekki ou encore Samir Ben Amor (conseiller à la présidence).

Fadhel Moussa est intervenu et a répété, à plusieurs reprises, qu’il ne fallait pas favoriser le calcul politique dans cette élection, mais privilégier l’intérêt du pays et la mission pour laquelle les élus sont là, c'est-à-dire, la rédaction de la Constitution.
Après avoir rappelé son parcours au sein de la Faculté des sciences juridiques, mettant l’accent sur ses compétences, il a déclaré qu’il avait tenté d’éviter d’en arriver à cette élection, préférant trouver un consensus entre tous les membres. Les élus auraient pu choisir,à l’issue des discussions, la personne la plus apte à remplir la fonction de rapporteur. Un choix qui aurait dû être fait sans aucune considération partisane. Fadhel Moussa a donc émis ses regrets quant à l’échec de cette initiative.

Habib Khedher a rappelé pour sa part son expérience en qualité de président de la commission en charge de l’organisation provisoire des pouvoirs publics, commission qui, rappelons-le, a suscité de nombreuses polémiques et dans laquelle Habib Khedher a essuyé toutes sortes de critiques, notamment sur sa partialité quant à la décision de retenir les amendements qui lui convenaient.
Il a également souligné les rapports très cordiaux qu’il entretenait avec Mustapha Ben Jaâfar, rappelant son aptitude à travailler avec ce dernier, durant les travaux de cette commission. Une pommade en clin d’œil aux élus d’Ettakatol pour obtenir leurs voix. Rappelons à ce sujet que les élus d’Ennahdha avaient fait leur possible pour empêcher Mustapha Ben Jaâfar d’accéder à la présidence de la commission en charge de rédiger la Constitution, allant jusqu’à l’accuser, dans les coulisses, d’être un danger pour l’identité arabo-musulmane, selon les élus d’Al Aridha.

Malgré cela, Fadhel Moussa n’occupera pas le poste de rapporteur général. Son concurrent, Habib Khedher sortira en effet vainqueur, avec 114 voix contre 83 pour Fadhel Moussa, et 1 bulletin nul, pour un total de 198 votants (sur les 217 supposés être présents). Encore une fois, les considérations partisanes l’emporteront sur l’esprit de consensus.