Le ministre de l’Environnement, Habib Abid, a affirmé, lundi 10 mars 2025, que les préoccupations environnementales en Tunisie connaissent un véritable renouveau. Lors d’une intervention sur Mosaïque FM, il a souligné que le gouvernement actuel place la gestion de l’environnement parmi ses priorités.

Il a rappelé que deux conseils ministériels ont été organisés en début d’année pour traiter spécifiquement les problématiques liées à la propreté, à la gestion des déchets et à la protection de l’environnement. Bien que la situation reste délicate, il a assuré que des progrès sont en cours, notamment en matière d’amélioration des processus de collecte et de traitement des déchets.

Le ministre a précisé que 80% des déchets ménagers sont collectés, mais a déploré que les 20% restants continuent de polluer les rues, les rivières et d’autres espaces publics. Selon lui, cette situation est due à un manque de ressources et à des comportements inappropriés qui compliquent la gestion des déchets. « Chaque année, la Tunisie génère environ 3,5 millions de tonnes de déchets ménagers, avec une production par habitant variant entre 800 grammes et un kilogramme par jour. Sur ce total, 2,8 millions de tonnes sont effectivement collectées », a-t-il détaillé.

Habib Abid a également mis en avant les contraintes budgétaires des municipalités, soulignant que 45% de leurs budgets sont alloués à la gestion des déchets. Cette situation, selon lui, explique en partie les difficultés rencontrées dans d’autres domaines, tels que l’entretien des infrastructures routières. « Le pays compte sur ses propres ressources, ce qui limite notre capacité à effectuer des nettoyages rigoureux et réguliers », a-t-il ajouté.

Enfin, il a insisté sur le fait que l’environnement n’est plus un sujet tabou. Il a affirmé que les discussions ont été relancées, que les critiques sont prises en compte et que des améliorations sont en cours.

Sur un autre plan, le ministre de l’Environnement a annoncé qu’un grand projet environnemental et de développement est en discussion. Il s’agit de la création de la ceinture verte tunisienne, une vaste zone forestière qui s’étendra au sud du gouvernorat de Sfax, en direction des frontières des gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa, jusqu’à la frontière algérienne.

L’objectif principal de ce projet est de réduire la quantité de poussière et de sable atteignant les centres urbains des régions concernées, tout en freinant l’avancée des dunes. Cela sera réalisé grâce à la plantation d’arbres résistants à la sécheresse.

Le ministre a également précisé que les régions concernées bénéficieront d’un développement durable axé sur l’agriculture et l’environnement. Ce projet prévoit notamment le développement de chaînes de valeur pour divers produits agricoles, la valorisation des eaux usées traitées et la promotion des énergies renouvelables.

Concernant la protection du littoral, Habib Abid a évoqué un programme visant à réduire les risques de submersion et d’érosion côtière grâce à l’installation de digues et de brise-lames dans plusieurs régions particulièrement menacées, dont le Grand-Tunis, Tabarka, Bizerte, le Cap-Bon, Sousse, Mahdia, Sfax, Gabès, ainsi que les îles de Kerkennah et Djerba.

« Les études ont été menées, nous avons une partie des financements. Le coût de ce programme dépassera les mille milliards, et nous disposons actuellement d’environ la moitié des fonds nécessaires », a-t-il conclu.

M.B.Z