
Dans une lettre poignante datée du 21 avril 2025, Jaouhar Ben Mbarek, figure de l'opposition et coordinateur du Front de salut national, a réagi à la condamnation dont il a fait l'objet dans l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État ». Détenu depuis plus d’un an, il dénonce des jugements « grotesques et injustes », prononcés dans un procès « sans crime, ni débat, ni justice ».
« Des jugements ont été prononcés contre nous dans une affaire sans crime, sans véritable procès. Je ne ressens à leur égard que l’indifférence et le mépris. Depuis que j’ai été fait prisonnier, je sais quand je retrouverai ma liberté. Celui qui a ordonné ces jugements, en revanche, ne sait ni quand ni comment il en sortira », écrit-il, estimant que ces peines sont le fruit d’un système judiciaire vidé de toute substance, transformé en simple instrument de répression entre les mains d’un pouvoir obsédé par le contrôle et la peur.
Dans un ton à la fois amer et résolu, il écrit : « ce qui me peine, c’est cette occasion manquée pour le peuple tunisien de découvrir la vérité brutale, de voir, après s’être convaincu de l’échec du régime actuel, dans quel gouffre moral il a chuté : le mensonge, l’hypocrisie, la falsification, la trahison, la calomnie, la manipulation de l’intelligence des Tunisiens et des intérêts supérieurs de la nation. C’est la véritable nature des dirigeants actuels de ce pays, qu’ils ont tenté de dissimuler une première fois en interdisant toute diffusion, puis une seconde fois en annulant totalement le procès ».
Jaouhar Ben Mbarek conclut sa lettre sur une note d’espoir, jurant que la liberté finira par triompher « Je te l’ai déjà dit, et je te le répète aujourd’hui : Tu t’en sortiras… et moi aussi. Entre nous, il y a la justice des hommes, c’est une promesse que je te fais. Et si la mort devait emporter l’un de nous ou les deux, il nous restera la justice des cieux, et c’est une promesse de Dieu. ».
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a prononcé, samedi 19 avril, aux alentours de 5 heures, des peines allant de quatre à 66 ans de prison à l’encontre des accusés dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État. Dans le cadre de cette affaire, Jaouhar Ben Mbarek, a été condamné à 18 ans de prison.
S.H


