De fausses informations sur le Japon lancées par le député Bilel Mechri
Le député à l'Assemblée des représentants du peuple, Bilel Mechri, était l'invité d'Elyes Gharbi dans l'émission "Midi Show" sur Mosaïque FM ce mardi 9 mai 2023 pour discuter de l'actualité nationale, en particulier de la situation économique en Tunisie. Au cours de son passage, le député a affirmé que le Japon était le pays connaissant la plus forte inflation.
Cependant, ces propos sont inexacts. En effet, selon les données de la Banque mondiale, du FMI et de l'OCDE, l'Argentine et la Turquie sont les pays ayant les taux d'inflation les plus élevés dans le monde. En mars 2023, l'inflation en Argentine s'est établie à 104,3 % (102,5 % en février) et la Turquie a enregistré un taux d'inflation de 50,5 % en mars 2023 (55,2 % en février).
Source : OCDE
Source : Trading Economics
Quant au Japon, son taux d'inflation est de 3,20 % en mars 2023 (3,30 % en février) et de 1,20 % en 2022. Bien que ce taux d'inflation soit supérieur à la moyenne à long terme de 2,41 %, il est loin d'être le plus élevé au monde.
Source : Tranding Economics, inflation in Japan
De plus, le député a également déclaré que la dette du Japon était exclusivement interne, mais cela est également incorrect. Le Japon est en effet l'un des pays les plus endettés au monde, avec une dette publique de 9.200 milliards de dollars, ce qui représente 266 % de son produit intérieur brut. La dette extérieure du Japon a également augmenté ces dernières années et a atteint 4.298,0 milliards USD en décembre 2022, contre 4.196,5 milliards USD au trimestre précédent.
R.A
Votre commentaire
Bravo pour votre travail de fact checking.
Par rapport au deuxième point concernant la dette « interne ». Je n'ai pas écouté l'interview, mais ce n'est pas inexact de dire qu'elle est interne: le Japon dispose bien d'une dette extérieure qui avoisine 300% du PIB, mais elle est en majorité, plus de 80%, possédée par les japonais, et elle est labellisée en Yen. En effet, la Banque du Japon possède environ la moitié de la dette extérieure japonaise, et l'épargne japonaise au sens large, via les caisses de retraite, les fonds d'investissements et banques locale possède un tiers de la dette extérieure. Leur dette est également presque totalement labellisée en YEN, leur monnaie nationale.
Je me permet de faire cette rectification car si en Tunisie, on permettait aux Tunisiens, particuliers et entreprises, de posséder des comptes en devise, sur lesquels ils recevraient le fruit de leur rémunération d'exportation, l'ensemble de ces comptes pourraient permettre de financer une part de la dette extérieure tunisienne. A titre d'exemple, les Tunisiens résidents à l'étranger ont transféré en 2022 près de 8 Mds USD, c'est un flux annuel, et non un stock, qui équivaut à plus de 4 fois le montant recherché auprès du FMI. Si la détention de devise pour l'ensemble des tunisiens devenait permise, la Tunisie pourrait bénéficier d'un stock en augmentation de devise tiré de l'augmentation des revenus d'exportation de bien et de services. Cela incentiverai tout Tunisien à générer de la devise, pour le grand bien de nos réserves de change et de notre capacité d'endettement en devise étrangère. En donnant à la BCT la prerogative de définir le taux de rémunération de ces comptes, cela permettra d'avoir des gardes fous et éviter les schémas ponzi qu'ont connu d'autres pays.
En conclusion, par rapport à cet exemple sur la dette, il nous faut comprendre que les éléments essentiels sont le taux auquel cette dette est contractée, qui la possède, et à quoi elle utilisée (l'Investissement ou la consommation). Dans le cas du Japon, le taux est très bas et elle est possédée par les japonais en majorité.