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Comment Tarak Kahlaoui trompe Marzouki, le CPR et l'ANC à propos du prêt du FMI !
23/05/2013 | 1
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Comment Tarak Kahlaoui trompe Marzouki, le CPR et l'ANC à propos du prêt du FMI !
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Encore une fois, Tarak Kahlaoui, directeur de l’Institut des études stratégiques (IES), dépendant de la présidence de la République, brille par son incompétence. Cette fois, l’incompétence n’est pas politique, mais économique et entre pleinement dans le domaine de son activité professionnelle.
Depuis quelques semaines, il mène une campagne contre Elyès Fakhfakh, ministre des Finances, visant à critiquer sa décision d’emprunter auprès du FMI. Cette campagne a pris une vitesse supérieure depuis hier, mercredi 22 mai, avec l’intervention de la députée CPR, Mabrouka Mbarek à l’ANC pour « descendre » M. Fakhfakh. Certaines données de Mme Mbarek sont puisées dans des études récemment réalisées par l’IES, comme l’affirme M. Kahlaoui qui partage, hier et aujourd’hui, ces études.
Rien d’anormal jusque là, il est tout à fait judicieux qu’il y ait un débat constructif et contradictoire sur des décisions aussi importantes.
Le hic, c’est que Tarak Kahlaoui use de données erronées et/ou trompeuses pour convaincre son auditoire. Et il démontre brillamment sa totale méconnaissance de la réalité économique tunisienne, mais également la réalité économique internationale. En voici quelques preuves et quelques éléments (à titre d’avant-goût), en attendant que des économistes se penchent sérieusement sur les données présentées par l’IES.

- Dans ses remarques critiques, l’IES indique que « le gouvernement a décidé de recapitaliser les banques à hauteur de 400 à 800 millions de dinars, alors que ces banques ont été volées par la mafia de l’ancien régime. Il ne faut donc pas recapitaliser, mais recouvrir d’abord ces dettes estimées à des milliers de milliards ».
Ne commentons pas le montant de milliers de milliards qui n’a aucun sens, mais relevons déjà que ces données sont totalement fausses, car l’ensemble des crédits souscrits par la famille Ben Ali est estimé à trois milliards de dinars. Ce chiffre représente 5% du total des crédits alloués par le système bancaire tunisien. 70% de ce financement était considéré comme à faible risque. Les banques tunisiennes étant toutes cotées en bourse, il est à la portée de tout un chacun de vérifier l’engagement de sa banque dans ce type d’affaires. Tous les PDG de banques interrogés par nos soins depuis la révolution nous ont confirmé ces faibles risques.
Sur le fond, les dirigeants politiques des pays développés sont d’accord sur la nécessité de revoir la structuration des banques et leur recapitalisation. Ceci figure parmi les priorités depuis la crise financière internationale de 2007.

- Dans ses remarques, l’IES critique le projet de réduire l’impôt sur les sociétés (IS) et indique « que la moyenne de l’IS est de 30%, malgré les faibles ressources du pays, et qu’il y a des pays où l’IS atteint les 40 à 50% à l’instar des pays scandinaves (…) Nous ne comprenons pas cette démarche. »
Ces données sont également fausses et trompeuses. Relevons de prime abord cette phrase « nous ne comprenons pas. » Et on s’interroge qui c’est qui comprend alors.
Pour le reste, nous avons vérifié l’IS maximal dans les pays scandinaves et il est, comme le montre le graphe d’Eurostat dans ce lien, de 25% au Danemark, de 22% en Suède et de 24,5% en Finlande. Il est bon de signaler que l’IS se calcule par paliers et que le taux le plus élevé en Europe est de 35% (Malte) et c’est ce même taux qui est pratiqué en Tunisie dans certains secteurs, comme les télécoms. Dans d’autres pays, comme l’Irlande, ce taux tombe à 12,5%.
Sur le principe, l’objectif est clair, imposer avec de forts taux l’entreprise revient à l’handicaper et à décourager l’investissement et la création d’emploi, à participer à la hausse du chômage et à freiner la croissance. Une entreprise qui dégage du bénéfice va obligatoirement chercher à grandir et donc à investir et à créer de l’emploi. Or, si l’on suit le principe de l’IES, et si on atteint le chiffre de 50%, cela revient à dire que les entreprises vont travailler pour leur compte du 1er au 30 juin et pour le compte de l’Etat du 1er juillet au 31 décembre.

- Dans une deuxième étude, l’IES et Tarak Kahlaoui critiquent les importations en devises pour des produits futiles, à leurs yeux, qui si on arrêtait d’importer ces produits « futiles » on n’aurait pas souscrit au prêt du FMI. Au premier rang des « produits futiles » cités par l’IES, l’importation des véhicules qui ''coûte'' 700 millions de dinars.
Ceci est totalement trompeur, car il s’agit là d’échanges commerciaux ordinaires et non d’achat. Un importateur exporte des devises pour acheter ses véhicules qu’il vend en dinars. Le budget de l’Etat n’est en aucun cas concerné.
Par ailleurs, l’IES oublie que le système tunisien est régulé par le quota (lui-même illégal) qui oblige les concessionnaires automobiles tunisiens à exporter des produits tunisiens pour pouvoir, en retour, importer des véhicules. Ils font ainsi travailler nos usines et la Tunisie a toute une industrie de pièces automobiles. En clair, les concessionnaires font sortir des devises, certes, mais ils en font entrer beaucoup plus.
Il n’en est pas de même par contre pour le circuit informel qui concurrence illégalement le circuit classique des concessionnaires, coûte énormément en devises et ne rapporte pas grand-chose à l’Etat puisque ce circuit informel fonctionne avec le régime de faveur FCR. Ce circuit informel, Tarek Kahlaoui n’en parle guère.

Les deux analyses de l’IES contiennent d’autres éléments trompeurs sujets à des critiques et des débats et il serait peut-être intéressant que nos économistes et analystes politiques les relèvent afin d’attirer l’attention de Moncef Marzouki et les différents sympathisants du CPR des incohérences et tromperies de cet institut censé établir les stratégies futures de la Tunisie !

Nizar BAHLOUL


Cliquer ici pour lire la première analyse de l’IES

Cliquer ici pour lire la deuxième analyse de l’IES

Nous avons choisi de mettre ces analyses sur nos serveurs puisqu’il est arrivé à M. Kahlaoui d’effacer des données de ses sites web dans de pareils cas.

23/05/2013 | 1
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