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Chroniques
Chaïma Issa sur les pas de Mehdi Ben Gharbia
Par Nizar Bahloul
26/06/2023 | 15:59
7 min
Chaïma Issa sur les pas de Mehdi Ben Gharbia

 

Il est allé à Paris et il nous a foutu la honte. Il a parlé de Laurel et Hardy comme un écolier des années 60, ébahi devant la magie du petit écran en noir et blanc et a plagié les altermondialistes en leur piquant leur discours des riches contre les pauvres, des nantis contre les miséreux, du nord contre le sud. Mais voilà, son discours a beau être prosaïque et anachronique, il plait à la masse, à la populace, aux mangeurs de foin et j’en passe. Condescendant moi ? Mais non, voyons ! Je suis encore à la première année primaire comparé à ce président qui clive son peuple et se gargarise du mépris de ses adversaires politiques et des nantis de son pays.

À Paris, le chef de l’État ne se rendait même pas compte de ses propres contradictions. Il tance les pays riches de soutenir les dictatures et il ne voit pas combien il est soutenu par l’Union européenne, la présidente d’extrême-droite du Conseil italien, le président français et le chancelier allemand. Il veut que l’Occident soutienne les démocraties, mais quand l’ONU a épinglé la Tunisie sur son irrespect de la liberté d’expression, son ministre des Affaires étrangères a publié un communiqué honteux appelant à la non-ingérence et au respect d’une justice aux ordres. Il parle du respect de la volonté des peuples, alors qu’il a imposé une constitution non validée par la majorité et un parlement élu par 11% du peuple. Kaïs Saïed ne fait pas ce qu’il dit et ne dit pas ce qu’il fait. Il parle comme un militant d’extrême-gauche, alors que sa politique et ses amis sont d’extrême-droite. Kaïs Saïed est le président d’un bateau ivre, son pays court à la faillite et il est dans le déni.

 

L’actualité de la semaine n’est pas le voyage de Kaïs Saïed, elle est d’ordre judiciaire. Une nouvelle fois, la justice tunisienne fait parler d’elle, inquiète et sème l’anxiété.

Vendredi dernier, le juge d’instruction a décidé de libérer la militante et prisonnière politique Chaïma Issa. Comme la quasi-totalité de la classe politique le criait depuis des mois, le dossier de Mme Issa est vide. Je ne peux plus m’étaler davantage sur ce sujet, il y a une interdiction judiciaire pour aborder ce dossier. Le fait est que la dame est en prison depuis le 22 février et que le juge chargé de son dossier a décidé de la libérer le 23 juin. Sauf qu’elle n’a pas été libérée. La raison ? Le parquet a interjeté appel. C’est systématique, diriez-vous ? Peut-être, mais convenez quand-même que c’est injuste. Convenez que la personne la plus à même de trancher sur un dossier décide de libérer un prisonnier, mais qu’une personne moins au fait sur le dossier décide de la maintenir en prison et que c’est cette dernière qui l’emporte. C’est frustrant, rageant, exaspérant.

Le sort de la militante politique est identique à celui de l’ancien ministre des Droits de l’Homme et homme d’affaires Mehdi Ben Gharbia. Lui, il est en prison depuis octobre 2021. Après des dizaines d’expertises et de contre-expertises, des audits, des rapports, des interrogatoires à n’en plus finir, le juge d’instruction a fini par décider de le libérer. Sauf que le parquet a interjeté appel. Comme d’habitude. Pire, le juge a été révoqué. Mehdi Ben Gharbia est maintenu en prison, il dépasse largement les quatorze mois de la préventive et il reste séparé de son fils orphelin de six ans. C’est frustrant, rageant, exaspérant.

Le dossier de Chaïma Issa, tout comme celui de Mehdi Ben Gharbia sont identiques, même si les faits reprochés à l’une et à l’autre sont différents. On est face à deux personnalités politiques qui ont le pouvoir exécutif à dos. Leur présomption d’innocence est bafouée. La règle fondamentale de la justice qui dicte que « la prison est l’exception et la liberté est la règle » est bafouée. L’indépendance et l’intégrité du juge sont bafouées. L’esprit du droit et de la justice est bafoué. 

Ils ne sont pas les seuls, des dizaines d’autres personnalités politiques sont en prison avec une violation flagrante de ces règles. C’est frustrant, rageant, exaspérant. S’ils doivent savoir qu’une chose, c’est qu’on ne les oublie pas. On ne doit pas les oublier, jamais !

 

Si le régime putschiste de Kaïs Saïed semble déterminé avec ses adversaires politiques qu’il a jeté en prison, il n’en est pas de même avec les nantis poursuivis pour avoir spolié les biens de l’État. Il leur a concocté un décret ad-hoc leur permettant de passer à la caisse pour faire cesser les poursuites via une commission « aussi » ad-hoc nommée Commission de conciliation. À celle-ci, le régime a fixé un objectif, elle doit récupérer quelque 13,5 milliards de dinars. Le chiffre est illusoire ? Mais non voyons, Kaïs Saïed y croit !

À l’issue de son mandat de six mois, la commission n’a rien ramené. La faute à la bureaucratie, paraît-il. Le président décide, alors, de proroger de six nouveaux mois le mandat puis de limoger le président de la commission. Ce n’est pas sérieux ? Mais non voyons, Kaïs Saïed y croit !

Inquiet de l’avancement des travaux de la commission, au cours de son second mandat (second veut dire dernier), le chef de l’État a effectué mardi dernier une visite inopinée à leur siège.

Et on a bien rigolé. Toute la toile a rigolé. Tous les Tunisiens ont rigolé.

Une membre de cette commission, stylo au chignon, a déclaré que la commission s’apprête à lever quelque dix billions de dollars grâce à un homme d’affaires actuellement en prison. Le chiffre est astronomique, il dépasse les avoirs de l’ensemble des hommes les plus riches de la planète. Elle précise quelques minutes plus tard que le chiffre représente le triple de l’objectif présidentiel. Elle a juste confondu billions (mille milliards en français et en arabe et un milliard en anglais) et milliards. Mais ça ne tient pas debout, non plus, car le montant dépasse la fortune du plus riche Arabe et avoisine celle du plus riche Africain.

Elle n’était pas la seule à nous faire rigoler, certains de ses collègues n’ont pas fait dans la dentelle aussi. Entre celui qui a oublié les chiffres et le nombre d’affaires liquidées et celui qui confond dinars et millimes, on avait droit à une belle rigolade. Merci au chef de cabinet présidentiel d’avoir laissé le chef de l’État profiter de ce sketch. Merci au directeur de la communication de la présidence d’avoir partagé ce sketch avec nous en diffusant la vidéo de la visite inopinée. « Mais la présidence n’a pas de chef de cabinet, ni de directeur de la communication », dites-vous ? Ah bon ? Je ne savais pas ! Vous êtes sûrs ?

 

Blague à part, cette commission est une blague. On l’a dit et on le redit. C’est une idée de Kaïs Saïed et on ne croise ce genre d’idées que dans les pays sous-développés. Jamais vous ne trouverez une pareille commission et un pareil mécanisme en Allemagne, en France ou en Suède.

Les raisons sont nombreuses et la première d’entre-elles est que la philosophie même de cette commission est basée sur l’injustice. De quel droit libère-t-on un prisonnier qui accepte d’allonger un gros chèque, parce qu’il est soi-disant voleur, et maintient-on en prison un autre dont l’affaire n’est pas liée à la corruption ou le vol ?

À partir de quel montant un voleur a-t-il le droit d’être amnistié ? Celui qui vole des courses à Monoprix a-t-il le droit d’être amnistié par exemple ?

Le fait que les négociations relatives à la conciliation se font avec des personnes captives, n’est-ce pas une sorte de racket ? Ne risque-t-on pas de pousser une personne innocente à payer le prix de sa liberté ?

Ce décret et ce que fait cette commission porte un seul et unique nom : racket. On est face à du racket d’État.

Ce genre de commission a échoué partout où il a été expérimenté. Y compris en Tunisie avec l’Instance vérité et dignité (2013-2019) de Sihem Ben Sedrine qui a transformé la justice transitionnelle en justice transactionnelle et vengeresse.

Avec l’actuelle commission de conciliation, Kaïs Saïed ne fait que répéter une expérience aux limites maintes fois prouvées, en Tunisie et à l’étranger. Pire, et grâce à la vidéo de la présidence de mardi dernier, toute la Tunisie a vu les limites intellectuelles des membres de la commission.

Et ce qu’on a vu n’est pas du Charlie Chaplin (ou Chaplain si vous préférez l’accent de Saïed) et Laurel & Hardy, c’était de la réalité.

 

 

Par Nizar Bahloul
26/06/2023 | 15:59
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Commentaires
EL OUAFFY Y
C'EST HONTE UNE FEMME Prisonnière .
a posté le 30-06-2023 à 17:57
Nos coutumes nous ne permettre pas de jeter une femme en prison montrez mois un Etat Arabe emprisonne les femmes et surtout lorsqu'il s'agit d'une affaire politique car une femme ne pourra pas comploter contre n'importe regime c'est de la honte une femme traite de cette facon me semble que la Tunisie ne pourra pas sortir de ce qui ce passe dans les pays de meme religieux on donne l'importance a une faible femme qui ne pourra rien changer dans un Etat bien proteger dans le domaine securitaire tres puissant nous sommes tres inquiéter du fait qu'une femme pourra menace l'ordre publique il est souhaitable de liberer immediatement cette militante etant le juge d'instruction n'a justifie aucune epreuve contre lui si la justice est indépendante plus loins des jugements politiques dans Etat de droit .
Lol
Limite intellectuelle
a posté le 29-06-2023 à 10:43
Pourquoi la population soutien KS? Parce que c'est la populace et qu'ils sont des mangeurs de foin.
A défaut d'arguments on insulte ce qu'on ne comprends pas ou ce qu'on ne veut pas comprendre.
Et puis qui sont Chaima issa ou Mehdi Ben gharbia? Des politiciens sans aucun soutien dans la population. Tout ce qu'on sait d'eux c'est que l'un était frère musulman dans sa jeunesse et aujourd'hui connu d'être près de l'ancien pouvoir et pour ses problèmes judiciaires, et l'autre est une inconnue qui a décidé de se ranger derrière les islamistes.
Dans un pays où on jette en prison les tunisiens pendant 5 ans pour chaque chèque sans solde et un an pour un joint fumé, c'est normal que tout le monde s'en bat les c*
L'irrespect des droit de l'homme vous ne pouvez pas le voir seulement quand vous voulez. Vous voyez bien que ça ne marche pas
Hannibal
Rigolos
a posté le à 16:46
Vous avez dit vrai ils ont voté pour les frères terroristes d' enahda est on même Cru qu'il on fait une révolution pauvres tunisien
EL OUAFFY Y
Jeste soupconnes
a posté le 27-06-2023 à 12:06
Peut etre ( Allah aalame) toutes ces histoires montes exprès pour creer les faut problemes a Monsieur le President Kais pour lui empêcher d'avancer est résoudre les preoccupations du peuple Le cas du Militante Chayma et mal monter il y a des contradictoires .
EL OUAFI
Faute de frappe !
a posté le 27-06-2023 à 10:20
ah ils ont tort ((c'est )) moutons !
Veuillez lire : CES
merci de votre compréhension.
SARRA
QUEL CIRQUE
a posté le 27-06-2023 à 08:37
La Tunisie s'est transformé à un grand cirque à ciel ouvert où règne l'incompétence, la médiocrité, la débilité et les pitreries de tout un système qui conduit le pays dans un gouffre infernal.
EL OUAFI
Ségrégation
a posté le 27-06-2023 à 04:42
,( il plait à la masse, à la populace, aux mangeurs de foin et j'en passe)
Des manteurs de FOIN,des cons,des animaux des moutons, 25 Dinars la botte !
Oui nous sommes des mangeurs de foin ,nous voici réduit nous les 70% les aficiadianos, AFICIADIANOS des moutons, merci monsieur, le mépris, que vous éprouvez envers nous mangeurs de foin, oui c'est vrai on n'a pas les mêmes valeurs cher monsieur !
Mangeurs de foin c'est ceux-là qui manquent de tout, les miséreux qui aiment KAIS SAÏED, ah ils ont tort c'est moutons !
Maintenant on s'en prend à ceux qui ont confiance en ce monsieur, fils de mangeurs de foin.
Oui c'est vrai la populace n'habite pas les Cartiers chic, moqueur, méprisant, hautain, égoïste.
Les MANGEURS DE FOIN VOUS SALUENT et vous disent, on à confiance en ce MONSIEUR, pas aux voleurs d'autres fois.
Le Révolté
vous manquez d'analyse consernant les mangeurs de foin !
a posté le à 10:21
En effet, l'auteur de cette thèse, Mr BAHLOUL, voulait tout simplement sous-entendre qu'il n' y a que les ânes qui mangent ce fameux foin!
Naim
Mehdi Ben Gharbia à été reconnu coupable
a posté le 27-06-2023 à 03:35
Chayma Issa ou Le Sultan Kabous, sera jugée comme tout justiciables. Si elle sera innocente, elle rentrera chez elle avec un conseil d'ami. Arrête de jouer avec la sûreté de l'état tunisien.
Mozart
Encore heureux qu'on puisse faire appel de la décision d'un juge d'instruction
a posté le 26-06-2023 à 17:58
Votre démonstration ne tient pas la route.

Oui, le Parquet a interjeté appel de la décision de remise en liberté de Chaïma Issa prise par le juge d'instruction, qui n'est pas le seul maître de la détention.

Comme l'a montré à titre d'exemple l'affaire Boutar, celui-ci a été libéré par la cour d'appel à la demande de ses avocats.

Vous ne pouvez pas applaudir quand la défense fait appel et fustiger la même procédure quand c'est le procureur qui va en appel.

Un peu de cohérence, svp.
Citoyen_H
QU'A-T-IL DE PLUS QUE LES AUTRES, CE Mr BEN GHARBIYA
a posté le 26-06-2023 à 17:54
"il reste séparé de son fils orphelin de six ans. C'est frustrant, rageant, exaspérant."

Nous avons des milliers de TRE qui vivent loin de leur femme et de leurs enfants depuis des années, pour leur envoyer le plus d'argent possible, afin de leur permettre d'avoir une vie plus ou moins décente.
Ces vaillantes et courageuses personnes anonymes ne demandent rien à quiconque.
Ils ne se plaignent pas et n'étalent aucunement leur vie privée dans la sphère publique, comme certains de nos parvenus exhibitionnistes, archi-milliardaires, soit dit en passant, qui, à la première occasion, ne font que se lamenter et s'apitoyer.
Gloire à nos TRE, qui mériteraient une légion d'honneur rien que pour leur sacrifice et leur mérite.
Quant aux parvenus que l'on prétend séquestrer, je ne leur dirai qu'une seule chose : Prenez-en de la graine et Rabbi soub'hanou wè ta3ala, n'oublie personne.
Tôt ou tard, la vérité finit toujours par remonter à la surface.
Vous vous souvenez de ce que l'on racontait des khwémjiya quand ils étaient à l'ombre
Vous souvenez-vous des fables que les atlantistes avaient dites sur le goumi marzouguiki
C'étaient des anges, des gens bien, des personnes pieuses, des altruistes, des personnes au coeur d'or, blablabla, blablabla, blablabla.
Vous souvenez vous de ce qu'ils nous ont fait subir de 2011 à 2021
Arrêter de vous faire berner.
Réveillez-vous bandes de bourricots, bandes d'endormis


Djodjo
On a un clown comme dictatour
a posté le 26-06-2023 à 16:53
Dans un monde civilisé, les événements que nous a servi kais depuis son putsch ne passe pas, elles sont même impensable.

En Tunisie, grâce aux moutons cretins, le ridicule est possible.
Juan
il se croyait à London
a posté le 26-06-2023 à 16:24
à Paris, il aurait du parler des comiques très français: El Malekhhh, Boujenah ...