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Avocats, journalistes, manifestants : la Turquie durcit la répression
29/03/2025 | 11:18
3 min
Avocats, journalistes, manifestants : la Turquie durcit la répression
La police anti-émeute turque a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants rassemblés devant l'hôtel de ville d'Istanbul en soutien au maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, suite à son arrestation. 22 mars 2025. (Photo : OZAN KOSE / AFP)

 

Les autorités turques accentuent la répression pour tenter d'éteindre la contestation ont déclenché le 19 mars par l'incarcération du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, procédant à des centaines d'arrestations de manifestants, de journalistes et d'avocats.

Vendredi 28 mars 2025, M. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l'arrestation de son principal avocat, remis en liberté plus tard dans la journée sous contrôle judiciaire.

« Cette fois c'est mon avocat Mehmet Pehlivan qui a été arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces », avait annoncé sur X le maire d'Istanbul, figure de l'opposition démis dimanche de ses fonctions et incarcéré pour « corruption ».

« Comme si la tentative de coup d'État contre la démocratie ne suffisait pas, ils ne peuvent tolérer que les victimes de ce coup d'État se défendent », a-t-il ajouté.

Le syndicat des journalistes (TGS) a annoncé de son côté l'arrestation à l'aube de deux reporters de médias de gauche critiques du pouvoir, confrontés à une contestation inédite depuis le grand mouvement de Gezi en 2013, parti de la place Taksim d'Istanbul.

« Laissez les journalistes faire leur travail. Arrêtez ces détentions illégales », s'est insurgé le syndicat.

Un journaliste suédois, Joakim Medin, arrêté jeudi à son arrivée en Turquie où il devait couvrir les manifestations allant le pays, a été placé en détention, a indiqué le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson, vendredi soir à l'AFP.

Arrestations arbitraires

Le gouvernement turc a annoncé jeudi près de 2.000 arrestations depuis le 19 mars, lors de manifestations interdites par les autorités. Parmi les personnes arrêtées, 260 avaient été incarcérées jeudi, selon le ministère de l'Intérieur.

De très nombreux manifestants, jeunes en majorité, ont été interpellés chez eux ou lors des rassemblements et envoyés en prison, selon des avocats.

C'est entre autres le cas d'un étudiant en économie de 23 ans que l'AFP avait rencontré sur son campus à Istanbul, a annoncé une de ses amies à l'AFP en faisant partie de « nombreuses arrestations » parmi leurs camarades.

« Ces arrestations sont arbitraires », a déclaré à l'AFP Musa Akyol, le père d'un étudiant de 21 ans arrêté dimanche à Istanbul et incarcéré depuis mercredi, se disant inquiet pour « tous ces jeunes qui ne rêvent que d'une Turquie meilleure ».

Selon le barreau d'Istanbul, vingt mineurs ont été arrêtés entre le 22 et le 25 mars, dont sept étaient toujours détenus vendredi.

Des députés du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l'opposition à laquelle appartient le maire emprisonné d'Istanbul, ont fait état de témoignages de jeunes et de mineurs affirmant avoir été « maltraités » par la police.

« Incitation à la haine »

Malgré tout, des étudiants se sont encore mobilisés vendredi à Ankara, lors d'un rassemblement dans un grand parc de la capitale, selon des images de médias turcs.

A Istanbul, la police, qui encercle les manifestants et les filme, a exigé lors de plusieurs rassemblements ces derniers jours de voir leurs visages pour les laisser passer, a constaté l'AFP.

Plusieurs manifestants, qui dissimulaient leurs visages de peur d'être identifiés par la police, ont été embarqués devant les journalistes.

Face à la réponse policière, des groupes d'étudiants maintiennent leurs appels au boycott des cours, parfois sous la menace d'être expulsés par leur établissement.

Le ministre de la Justice Yilmaz Tunç a justifié la vague d'arrestations par « la violence » dont ont fait preuve, selon lui, les personnes arrêtées.

Dans l'enquête pour corruption qui vaut au maire et à plusieurs dizaines d'autres personnes d'être emprisonnées, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que « d'autres gros radis (allaient) sortir du sac », laissant présager de nouvelles enquêtes et de nouvelles arrestations.

Mais les autorités ciblent toutes les voix qu'elles jugent critiques : le Haut conseil turc de l'audiovisuel a imposé jeudi dix jours d'interruption de programmes à Sözcü TV, une chaîne proche de l'opposition, pour « incitation à la haine et à l'hostilité », annonçant en avoir sanctionné trois autres.

Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu couvrir les manifestations dans le pays.

 

© Agence France-Presse

29/03/2025 | 11:18
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Commentaires
Saga
vite dans la poubelle ces ordures
a posté le 29-03-2025 à 18:11
tout régime islamiste est rétrograde et dangereux pour la prospérité de l'humanité.
l'heure est venu de se débarrasser des frères musulman une fois pour toute
Saleslafistes
Démocratie
a posté le 29-03-2025 à 17:46
Quel courage ont ses jeunes de risquer la prison pour défendre la democratie iet la liberté !
En Tunisie on laisse moisir les journalistes et opposant(e)s en prison. Le fatalisme a pris le dessus, c'est triste.
Agatacriztiz
L'armée veille...
a posté le 29-03-2025 à 12:50
C'est sans doute l'armée, institution profondément "kemaliste", qui va prendre sa revanche sur les arrestations, vexations et brimades qu'elle a subi depuis la dernière tentative de coup d'état avorté il y a quelques années.
L'occasion de renverser Erdogan une bonne fois pour toutes est trop belle pour la rater...
Car cette fois-ci, elle sera applaudie par la majorité de la population, surtout par les jeunes.