
L'opposition turque a convoqué vendredi 21 mars 2025, une « nuit de la démocratie » en appelant à un grand rassemblement vers lequel convergeaient au moins 10.000 personnes pour dénoncer l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, en dépit des avertissements du président Recep Tayyip Erdogan qui a juré de ne pas céder à la « terreur de la rue ».
Au troisième jour de manifestations, les protestataires affluaient vers la municipalité d'Istanbul à l'appel du Parti républicain du peuple (CHP), première force d'opposition à laquelle appartient M. Imamoglu.
« Ne te tais pas sinon ce sera bientôt ton tour ! », chantaient les manifestants, brandissant des pancartes « N'ayez pas peur, le peuple est là » et « Droit, loi, justice ».
Accusé de « corruption » et de « terrorisme », le maire devait être intronisé dimanche comme candidat du CHP à la prochaine présidentielle.
« Où que vous soyez, sortez de chez vous, réunissez-vous avec tous ceux que vous pouvez et marchez tous ensemble », a lancé le président du parti, Özgür Özel, qui prendra la parole à Istanbul à partir de 20H30 (17H30 GMT), après le repas de rupture du jeûne du ramadan.
Deux ponts et plusieurs grands axes permettant d'atteindre le siège de la municipalité d'Istanbul ont été fermés à la circulation vendredi pour 24 heures.
Des appels à manifester ont été lancés dans plus de 45 villes à travers le pays, dont Izmir et la capitale Ankara, une contestation populaire inédite depuis le grand mouvement de contestation de Gezi, parti d'Istanbul en 2013.
"La terreur de la rue"
« La Turquie ne sera pas livrée à la terreur de la rue » a déclaré le chef de l'État, affirmant que les manifestations à l'appel de l'opposition mèneraient à une « impasse ».
Au total, des manifestations se sont tenues depuis mercredi dans au moins 32 des 81 provinces turques, selon un comptage de l'AFP.
« Désormais, personne ne doit s'attendre à ce que le CHP fasse de la politique dans des salles ou des bâtiments. Désormais, nous sommes dans la rue et sur les places », a prévenu jeudi soir M. Özel devant la municipalité d'Istanbul, où des milliers de manifestants étaient réunis pour le deuxième soir d'affilié en soutien au maire de la ville, principal opposant au président Erdogan.
Le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç, a qualifié d' « illégal et inacceptables » les appels répétés de l'opposition à manifester.
À Istanbul, où les rassemblements sont strictement interdits jusqu'à dimanche et dès jeudi soir, la situation est tendue, la police ayant fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour bloquer les manifestants qui voulaient se diriger vers l'emblématique place Taksim depuis l'hôtel de ville.
La police a également fait usage de canons à eaux et de balles en caoutchouc à Ankara, jeudi et nouveau vendredi face aux étudiants qui manifestaient, ont constaté des journalistes de l'AFP.
53 personnes ont été interpellées et 16 policiers ont été blessés lors de heurts avec les manifestants, selon les autorités, qui ont également interdit tout rassemblement jusqu'à mardi soir à Ankara et Izmir (ouest), la troisième ville du pays, acquise à l'opposition.
Selon les médias turcs, l'audience d'Ekrem Imamoglu a pris fin vendredi après-midi.
L'annulation du diplôme universitaire de l'édile, réélu triomphalement l'an dernier après avoir ravi Istanbul en 2019 au parti AKP (islamo-conservateur) au pouvoir, avait déjà semé un obstacle supplémentaire sur sa route, la Constitution turque exigeant que tout candidat à la présidence justifie d'un diplôme d'enseignement supérieur.
"Ni voleur, ni terroriste"
Désormais, les charges pesantes contre lui, en particulier celle de « soutien au terrorisme », font redouter à ses partisans qu'il puisse être incarcéré à l'issue de sa garde à vue dimanche et remplacé par un administrateur nommé par l'État.
« Le maire n'est ni corrompu, ni voleur, ni terroriste », a lancé jeudi soir le chef du CHP à la foule réunie devant l'hôtel de ville d'Istanbul, promettant de « ne pas abandonner la lutte jusqu'à ce qu'Imamoglu et les autres maires emprisonnés soient libérés ».
Au total, 90 personnes, arrêtées pour la plupart en même temps que le maire, étaient toujours en garde à vue vendredi, selon la presse turque.
Cette contestation intervient un après la débâcle subie par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan lors d'élections municipales, dans un contexte de crise économique.
Les événements ont pesé vendredi sur la Bourse d'Istanbul : peu avant 17H00 (14H00 GMT), son indice vedette chutait de près de 8%. Face à ce dévissage, les cotations ont été suspendues à deux reprises dans la matinée.
Dissolution du conseil de l’ordre des avocats d’Istanbul
Le bâtonnier d'Istanbul et les membres de son conseil de l'ordre, poursuivis pour « propagande terroriste » et « diffusion publique de fausses informations », ont été démis de leurs fonctions vendredi 21 mars 2025, selon une décision de justice publiée en ligne par une association d'avocats.
La justice turque leur reprochait d'avoir réclamé une enquête sur la mort, fin décembre en Syrie, de deux journalistes kurdes turcs, visés par un drone turc selon une ONG, dans une zone où des factions proturques affrontaient des combattants kurdes.
« Aujourd'hui est un jour sombre. En ce palais de justice, nous avons peut-être assisté à l'effondrement de la justice » turque, a déclaré le bâtonnier d'Istanbul, Ibrahim Kaboglu, à la sortie du tribunal stambouliote de Çaglayan.
« Personne n'a le pouvoir de faire taire les barreaux », a lancé à ses côtés la présidente de l'Union des barreaux de Turquie, Erinç Sagkan, dénonçant une « décision honteuse ».
Une procédure de destitution avait été lancée en janvier contre le bâtonnier d'Istanbul et son conseil de l'ordre. Le barreau d'Istanbul avait décrété en janvier une action juridique « sans aucun fondement légal ».
Le bâtonnier d'Istanbul est un ancien député du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l'opposition turque à laquelle appartient le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté mercredi pour « terrorisme » et « corruption ».
Un membre du conseil de l'ordre du barreau d'Istanbul, Firat Epözdemir, est détenu depuis fin janvier pour « appartenance à une organisation terroriste » après avoir été arrêté à l'aéroport d'Istanbul à son retour d'une réunion au Conseil de l'Europe à Strasbourg.
© Agence France-Presse
L'embêtant, pour lui, si il veut se faire la malle et s'enfuir de Turquie, il n'y aura pas beaucoup de monde qui voudra l'héberger...
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