
Le président de la République, Kaïs Saïed, n’est pas avare en déclarations retentissantes qui suscitent chaque fois la surprise et l’incompréhension. Du complot visant la distribution d’eau et d’électricité tout en empêchant les gens de voyager à la tempête dénommée Daniel par les sionistes dans une sombre référence religieuse, il serait possible de faire un florilège de ce genre de déclarations.
La dernière en date a été proférée devant le très obéissant chef du gouvernement, Ahmed Hachani, qui est le meilleur des publics que le président puisse espérer. Selon le chef de l’État, la constitution de 2014 aurait été élaborée dans le cadre d’un plan sioniste dont le vrai objectif et de faire imploser l’État tunisien en créant, par exemple, les trois présidences. « Et pourquoi pas dix présidents ! », ironise Kaïs Saïed devant un Ahmed Hachani tout à fait d’accord.
Les sionistes, vers qui se tournent les doigts accusateurs du monde entier devant le massacre perpétré à Gaza et qui seraient également responsables du meurtre d’Ismail Haniyeh en Iran hier. Ceux-là auraient également infiltré les couloirs de l’Assemblée constituante lors de l’élaboration de la constitution de 2014, selon le président de la République. Evidemment, tout cela se serait passé avec la complicité active ou passive de tous les élus de l’époque et des gouvernements en place. Une affirmation bien pratique quand on veut mettre tout le monde dans un sac et le jeter à la mer. Vis-à-vis de la population, et au regard de l’actualité surtout depuis le 7 octobre, l’accusation ultime pour dénigrer une personne ou un organisme ou autre est de l’accuser de sionisme ou de connivence avec les sionistes. Le président a appliqué la recette à la constitution de 2014.
Toutefois, à y voir de plus près, il y a quand même de quoi se poser des questions. La première des constatations que l’on se doit de souligner est que Kaïs Saïed, à l’époque assistant en droit constitutionnel, a participé à la confection de la constitution de 2014 et il a été consulté, avec des professeurs de droit constitutionnel, par les élus à plusieurs reprises. Plus précisément, il a fait part de son expertise auprès de la commission du préambule, des principes fondamentaux et de révision de la Constitution et cette collaboration a duré plusieurs mois. Par ailleurs, c’est sur cette même constitution de 2014 que le tout nouveau président, Kaïs Saïed, a prêté serment en 2019 après sa large victoire au second tour de l’élection présidentielle. Etait-il déjà convaincu, à ce moment-là, que la constitution sur laquelle il prêtait serment entrait dans le cadre d’un plan sioniste ? Ou l’a-t-il découvert plus tard ?
Autre question qui s’impose, quel bénéfice tireraient les sionistes d’une constitution qui n’a pas été appliquée ? Un simple retour en arrière démontre suffisamment que le régime issu de l’association entre Nidaa Tounes et Ennahdha n’a pas appliqué la constitution de 2014 en évitant de mettre en place la cour constitutionnelle ou encore la totalité des instances indépendantes édictées par la constitution. Nous avions même eu droit à un épisode insolite pendant lequel un chef du gouvernement opérait des changements dans son équipe ministérielle et un président de la République qui refuse de ratifier les nominations. Quel intérêt y aurait-il à noyauter et influencer l’élaboration d’une constitution qui n’est pas appliquée par la suite ?
Le seul intérêt tangible et évident en affirmant que la constitution de 2014 est une œuvre sioniste est de jeter l’opprobre sur toute une période, avec l’ensemble de ses acteurs. L’objectif est d’éliminer une période de l’Histoire de la Tunisie, même s’il ne s’agit clairement pas de la plus glorieuse. D’ailleurs, le président de la République précise encore plus cette idée en considérant que tout ce qui l’a précédé est à jeter à la poubelle et que la vraie marche du pays n’a commencé que le 25-Juillet. Un discours nihiliste basé sur les accusations de trahison puisque le chef de l’État, Kaïs Saïed, accuse ses actuels opposants d’avoir de la nostalgie pour la constitution de 2014. Plus tard, le même Kaïs Saïed va écrire sa propre constitution « dans laquelle des erreurs se sont glissées ». La nouvelle constitution prévoit, comme les autres, la mise en place d’une cour constitutionnelle. Pourtant, comme par le passé, cette cour n’a pas encore été instituée contrairement à ce que prévoit la constitution révolutionnaire dans laquelle ni les sionistes, ni personne d’autre d’ailleurs, n’ont contribué.
Finalement, il nous aura fallu beaucoup de temps pour comprendre que ce ne sont pas les constitutions qui changent les situations ou qui améliorent les choses. Ce sont des textes juridiques importants certes, mais qui ne servent à rien seuls. Comme le dit très justement le chef de l’État, les gens ne vont pas boire et manger la constitution…
La Tunisie est foutue.
Complotisme, délire parano,
@tunisien, est-ce que tu as lu la constitution de 2014 ? Si oui SVP quel passage est sioniste?
Où allez vous?
Vous accusez les noirs, les européens, les sionistes, les américains et même vos compatriotes d'être à l'origine de vos échecs. Incompétence, racisme et délires paranoïaques ne font jamais un bon mélange.
Vous êtes responsables de vos échecs.

