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SUR LE FIL
Basta !
Par Sofiene Ben Hamida
09/06/2024 | 15:00
3 min
Basta !

 

La présidente du parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, s’est vue flanquée de deux nouveaux dossiers à charge, portant à cinq le nombre total des affaires judiciaires contre elle depuis son incarcération au mois d’octobre 2023. La plupart de ces dossiers sont en rapport avec l’épée de Damoclès des temps modernes dans notre pays, le fameux décret 54 et son illustre article 24. La plupart de ces poursuites ont été intentées contre elle suite à des plaintes de la part de l’instance dite indépendante pour les élections (ISIE), qui s’est presque spécialisée ces derniers mois dans les plaintes contre les opposants au pouvoir sur la base du dit décret.

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, incarcérée depuis quelques semaines sur la base de l’article 24 du décret 54, a été rattrapée, elle aussi par deux nouvelles affaires sur la base de déclarations anciennes. Elle comparaitra de nouveau devant le juge d’instruction le 11 juin prochain.

Notre confrère, le journaliste Mourad Zghidi et l’animateur Borhane Bessaies sont tous les deux poursuivis séparément pour de nouvelles affaires financières. Pourtant, quand ils avaient été arrêtés, il y a quelques semaines, c’était juste pour des déclarations sur la base de l’article 24 du décret 54.

L’ancien coordinateur général du Qotb, Riad Ben Fadhel déjà emprisonné depuis novembre 2023, s’est vu condamné à quatre ans et demi d’emprisonnement et à deux milliards d’amende pour des infractions financières. Au départ, il avait été arrêté à son retour de l’étranger, à l’aéroport, pour avoir acheté, dans le cadre d’une vente aux enchères publiques, des voitures ayant appartenu à la famille de l’ancien président Ben Ali.

 

Ce ne sont là que quelques exemples collectés cette semaine, marquant les déboires de quelques citoyens tunisiens avec la machine judiciaire. Ce n’est nullement une liste exhaustive. Pour cela, il aurait fallu un registre volumineux pour pouvoir inscrire tous les Tunisiens qui se trouvent depuis quelques années broyés par une machine infernale, otages entre les mains d’une justice déchainée faute d’être équitable.

Les victimes de cette frénésie judiciaire ne sont pas seulement des personnalités publiques de premier plan. Bien entendu, il y a les femmes et les hommes politiques. Il y a aussi les avocats, les journalistes, les syndicalistes. Mais il y a par ailleurs des dizaines d’hommes d’affaires inconnus par le grand public. Il y a des centaines de jeunes, des blogueurs et des internautes suivis seulement par leurs amis dans des cercles plus ou moins restreints. Il y a aussi des tagueurs de murs anonymes ou tout simplement de jeunes supporters dans les stades dont le seul tort est d’exprimer leur frustration, leur désillusion et leur mal de vivre.

Le point commun entre toutes ces franges de la société, c’est qu’elles ont été toutes critiques envers un pouvoir qui a déçu. Il n’a rien promis certes, mais il n’a rien réalisé non plus. Pire il s’est embourbé dans un discours populiste et une logique conspirationniste qui ont fini par lasser. Même les plus fervents soutiens du pouvoir, partis politiques et personnalités publiques confondus, ont fini par se démarquer du président de la République ne voyant plus d’issue, se sentant dépréciés, non entendus et marginalisés. Mais surtout, ils se sont désolidarisés d’une tendance autoritaire évidente et d’un dérapage despotique rampant.

 

Emmuré dans sa propre logique, le pouvoir en place réagit contre ses détracteurs avec une violence excessive. Il utilise pour cela des lois liberticides décrétées sur-mesure. Il s’appuie sur une police qui semble retrouver ses vieux démons et sur un appareil judiciaire assujetti. Il met à contribution une instance des élections qui fait tout pour plaire au président de la République et rien ou presque pour assumer son statut d’instance indépendante ou son mandat de garant d’élections libres, plurielles et démocratiques.

À quatre mois de l’élection présidentielle, il est encore temps (on l’espère de tout cœur) de retrouver la raison, de reprendre les esprits, de stopper l’hémorragie et d’arrêter le massacre. La Tunisie mérite mieux et son peuple est en droit d’attendre plus de ses gouvernants.

Par Sofiene Ben Hamida
09/06/2024 | 15:00
3 min
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Commentaires
riri
question "drole"
a posté le 12-06-2024 à 15:01
Je me demande comment la Tunisie se souviendra de ce superbe changement du 25 juillet et de ses partisants qui l'on permis.
Loi
De quelles élections parlez-vous !!!
a posté le 10-06-2024 à 15:19
Mr Ben Hmida, un artiste graffiti (Rached Tamboura): deux ans fermes pour un graffiti avec quatre adjectifs, un portrait et une carte du continent. Un journaliste Med Boughallab: six mois (pour une demande qui aurait mérité un simple droit de réponse) et les autres dossiers arriveront au fur et à mesure...

De quelles élections parlez-vous ?

- Celles en l'absence d'une cour constitutionnelle !
- Celles où les décisions du tribunal administratif (réintégration de 49 juges) sont tout simplement ignorées par... sidna !
- En présence du décret 35 permettant à sidna de révoquer n'importe quel juge à tout moment sans que sidna n'ait à justifier quoique ce soit.
- Avec des membres ISIE tous nommés par sidna et ayant une peur bleue de se retrouver à tout moment sans le sous (demander à Mr Baffoune)
- En l'absence d'un conseil supérieur de la magistrature
- En présence d'une HAICA mort-vivante !
- Avec des médias publics aux ordres depuis l'humiliation publique de Mme Saghrouni (et à travers elle tout le secteur public) et l'assèchement des ressources que subissent les médias privés qui osent encore apporter un son de cloche discordant.
- Avec des ministres (suivant le saint exemple de sidna!) qui ne pipent un mot aux journalistes locaux, qui dénigrent à ce point l'opinion publique des "citoyens" (le sommes-nous sous le règne magnifique de sidna 1er?) qui (normalement) les embauchent et payent leurs salaires !
- En présence du décret 54 où il suffit de qualifier les politiques de sidna d'échec (ou laisser sous-entendre que sidna puisse se tromper) pour écoper de six mois de prison.

Certes notre peuple est en grande majorité pauvre, mais SVP arrêter de le prendre pour ce qui n'est pas en évoquant des élections !!!

Il nous dit avoir respecté toutes les échéances électorales... Sérieusement !!!
Billahi, arrêtons les dépenses inutiles et le foutage de gu... Mabrouk le pouvoir et passez au moins, sidhoum, à la légitimité des réalisations et rdv dans un siècle ou deux.
riri
+10
a posté le à 15:00


hourcq
Ce qui me frappe le plus....
a posté le 10-06-2024 à 00:51
...chez ce personnage despotique qu'est devenu le Président K.S , c'est son côté donneur de leçons. Jour après jour, il convoque des ministres ou des responsables pour leur donner des directives qui ne seront pas appliquées faute de moyens ou de pesanteurs administratives. Et ces derniers l'écoutent religieusement sans dire un mot alors qu'ils ont sans doute conscience que leur despote de chef est hors sol.
S.B.H. énumère toutes les victimes de sa justice expéditive. Va-t-il jeter ses ministres aux crocodiles pour absence de résultats? Comme le faisait, paraît- il l'ex-"empereur"
auto proclamé de la République centrafricaine Bokassa.. Les tunisiens aiment rire de tout, et il y a de quoi au royaum d'Ubu roi. Pourvu que ca dure!
Majdi
Sa7a ennoum
a posté le 09-06-2024 à 20:14
Certains n'ont pas encore réalisé que nous vivons dans un pays fasciste et des pires. En attendant la révolution.
Zarzoumia
Basta
a posté le 09-06-2024 à 16:59
Basta cosi, on a envie de dire aussi, basta casi.
A1
Pas "Casi" ! Surtout pas !
a posté le à 15:22
Non pas cet adjectif ! Pour ce simple adjectif Zied El Heni a eu pour son compte: six mois de prison.

Bhar
Un conte en cours d'écriture
a posté le 09-06-2024 à 16:51
Au pays des bizarreries l'autoroute A54 avec ses 24 voies en aller et son unique voi, incertaine, pour le retour est en rénovation continue avec une vitesse autorisée de 160 km/h en temps clair et sans limite de vitesse en temps pluvieux.
Ces derniers mois il pleut en averses des yeux de ses habitants ...
Nephentes
Mr Ben Hamida se croit il en democratie
a posté le 09-06-2024 à 16:28
En dictature la machine judiciaire est un instrument de gestion de la terreur
Tout ce qui se produit depuis 2022 a ete minutieusement planifie
The Mirror
Le Paradoxe tunisien : tous les opposés à la Dictature de Ben Ali, s'opposent également à la Démocratie de Saïd
a posté le 09-06-2024 à 16:27

La Tunisie actuelle est une véritable démocratie, mais, elle est aussi un pays de Droit et un pays de Loi.
Comme indiqué dans mon titre, l'opposition tunisienne s'oppose, uniquement pour s'opposer. Pour être concret, je me limite à trois figures classiques de l'opposition.
HAMMA HAMMAMI
C'est un opposant à la fois, au dictateur Ben Ali et au démocrate Saïd.
Cet éternel opposant, dit NON à tout. Il incarne la négation, le déni et la stupidité polotique.
MOHAMED ABBOU
C'est un opposant à la fois, au dictateur Ben Ali et au démocrate Saïd
Il s'est cousu les lèvres avec Ben Ali, Il a travaillé avec la troïka d'Ennahdha et avec le Gouvernement d'Ennahdha. Il a échoué. Parce qu'il n'a pas été ministre avec Saïd, il devient opposant

NEJIB CHEBBI
C'est un opposant à la fois, au dictateur Ben Ali et au démocrate Saïd
Chebbi veut devenir président de la République tunisienne, à tout prix. Pour ce faire, il a tout fait. Il s'est allié à toutes crapules du milieu. Aujourd'hui, Chebbi est définitivement cuit, mais, il espère encore présider la Tunisie grâce au parrainage de Ghannouchi. Peut-on descendre plus bas ?

Et pour commenter l'article, je reprends la phrase du Président Joe Biden sur l'inculpation de l'ancien Président Donald Trump::

NO ONE ABOVE LAW
richard dian
Curieuse affirmation
a posté le à 05:39
"Démocrate Saïd"? un oxymore
juan
démocratie de Said ? pwahahaha ...
a posté le à 18:12
pourquoi pas démocratie de Staline, Ben Ali baba, Kim, ....