La Tunisie qui se bat, et celle qui dort
L’attentat terroriste en Belgique montre, si besoin était, à quel point la menace terroriste est présente et globale. En Tunisie, nous pouvons dire que cela fait un bout de temps maintenant que nous sommes aux prises avec ce fléau. Malheureusement, dans ce combat, il y a ceux qui se battent et ceux qui dorment.
Commençons par ceux qui se battent. Ce sont évidemment les membres de nos forces armées, tous corps confondus, qui combattent directement ce phénomène. Ceux qui prennent les armes chaque jour en ne sachant pas s’ils reverront ou pas leurs familles. Mais il n’y a pas qu’eux. Tous ceux qui se lèvent tôt pour aller travailler se battent aussi contre le terrorisme. Ceux qui font consciencieusement leur travail tous les jours sont aussi des soldats dans la guerre que mène la Tunisie contre le terrorisme. Ceux qui ont foi en ce pays et en son potentiel, sont tous des soldats dans cette guerre.
Mais tous les Tunisiens ne combattent pas le terrorisme. Du moins, leurs actes ne reflètent pas de prise de conscience. A commencer par nos élus. Même s’ils savent meubler les plateaux télé et répéter qu’il faut « travailler » et « qu’il faut être « unis », nos chers élus ne se privent pas d’une bonne grasse matinée puisqu’ils sont apparemment incapables de se pointer à 9h30 du matin au Bardo. La discussion sur un projet aussi vital que le conseil supérieur de la magistrature ne semble pas les stimuler plus que ça, mis à part les 31 députés qui sont venus travailler. Et après cela, certains d’entre eux, un en particulier, a l’audace de se comparer aux ouvriers de chantiers en refusant d’être sanctionné pour ses absences. Ce n’est pas le genre de personne à qui on tournerait le dos si on était côte à côte au front.
Notre gouvernement n’est pas en reste. Si l’on exclut les services de sécurité tunisiens qui apportent la réponse sécuritaire –nécessaire- à la menace terroriste, que fait le reste du gouvernement dans cette guerre ? Hier, la présidence du gouvernement a annoncé la mise en place de la commission nationale de lutte contre le terrorisme. Si l’on fait abstraction de l’adage qui dit que le meilleur moyen d’enterrer un dossier dans l’administration est de lui créer une commission, que peut-on dira de cette nouvelle ? La moindre des choses est de dire : c’est pas trop tôt ! On ne va pas se presser après tout, c’est pas comme si le terrorisme faisait des victimes en Tunisie depuis presque 5 ans ! Donc, le gouvernement avance doucement, très doucement.
Et puis il faut aussi savoir que notre gouvernement est occupé par d’autres dossiers brûlants. La Lutte contre le terrorisme c’est important, mais ce n’est pas la seule chose qui est importante. Par exemple, le lundi 21 mars, un conseil des ministres a examiné l’épineuse question de la promotion du secteur des chameaux. Après l’élu qui s’inquiétait des répercussions du fossé de séparation entre la Tunisie et la Libye sur l’élevage de chameaux, voilà que le gouvernement se saisit courageusement de cette question centrale pour l’avenir du pays...
Il ya un danger dans tout cela, celui du creusement d’un fossé entre ceux qui se battent et ceux qui ne font rien. Ceux qui sont au front risquent de se sentir isolés et de penser qu’ils n’ont pas le soutien nécessaire au combat qu’ils livrent quotidiennement. A l’heure où l’unité est nécessaire pour faire face au terrorisme, nous creusons nous-mêmes un fossé qui risque de nous engloutir.