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Affaire Kamel Letaïef : la version des faits du juge d'instruction (Vidéo)
03/11/2013 | 09:13
4 min
Affaire Kamel Letaïef : la version des faits du juge d'instruction (Vidéo)

C’est rare qu’un juge d’instruction sorte de son silence pour accorder une déclaration aux médias. La chaîne Al Moutawasset (proche du régime) a cependant réussi la prouesse de faire parler le juge d’instruction du 5ème bureau qui s’est prononcé sur l’affaire Kamel Letaïef et l’encerclement de son domicile samedi 2 novembre.

Le juge d’instruction (visiblement interviewé chez lui) a déclaré avoir émis le mandat d’amener à l’encontre de Kamel Letaïef depuis vendredi et affirme ne pas être responsable de la date d’exécution de ce mandat.
Ce sont aux forces de l’ordre chargées de l’exécution d’évaluer les conditions et la date idéales pour procéder à l’arrestation de la personne visée par le mandat d’amener.
Le juge d’instruction dit avoir été surpris par une communication téléphonique provenant du chef de la brigade chargée de cette exécution qui l’a appelé dans un état de colère et dans de mauvaises conditions psychologiques. Il lui a dit : « Nous sommes allés chez Kamel Letaïef pour l’arrêter devant son domicile, nous l’avons encerclé, mais il a réussi à nous échapper. Lorsqu’il s’est apprêté à entrer chez lui, un agent s’est opposé devant son domicile, mais Kamel Letaïef l’a heurté avec sa voiture pour réussir à pénétrer son garage où il s’est réfugié dans son automobile. Un agent est blessé, d'autres sont à l’intérieur de la maison et on ne sait pas quoi faire », a précisé le chef de brigade au juge d’instruction.

Le chef de brigade a déclaré que son supérieur lui a ordonné de se retirer, puisque l’exécution du mandat d’amener est impossible dans ces conditions, mais il a trouvé cette solution de repli impossible également puisqu’il a un agent blessé et un agent à l’intérieur du domicile de Kamel Letaïef. Le supérieur a alors demandé au chef de brigade de s'entretenir avec le juge d’instruction qui a émis le mandat d’amener.

Le juge d’instruction a répété qu’il n’est nullement responsable de l’exécution du mandat d’amener et que s’il est allé sur place au domicile de l’homme d’affaires, c’était pour évaluer la situation de près. Il estime que la solution retenue était la meilleure et qu'une évaluation, de loin, était impossible. Il se défend d’adopter une politique de deux poids deux mesures en attirant l’attention que c’est lui-même qui a émis un mandat d’amener contre Kamel Letaïef.

On précisera que selon Nizar Ayed, avocat de Kamel Letaïef, le juge d’instruction a donné son accord pour reporter à la semaine prochaine l’audience de l’homme d’affaires, bien avant l’émission du mandat d’amener. Il a indiqué que son client était disposé à se présenter devant le juge et qu’il a lui-même déposé des demandes écrites pour être auditionné. L’avocat ne comprend donc pas pourquoi ce mandat d’amener a été émis un week-end, alors que son client a toujours répondu présent.
D’après lui, il y aurait un lien avec le dialogue national et affirme que l’on est en train de chercher à arrêter son client durant le week-end, afin qu’il n’interfère pas dans le dialogue national. Ce qui serait faux d’après lui, son client n’aurait rien à voir avec ce dialogue, insiste-t-il.

D’après l’avocat Abdelaziz Essid, l’objectif d’émettre un mandat d’amener un vendredi et son exécution un samedi est la volonté du régime de faire pression sur le dialogue national, dans une conviction que Letaïef dicte les positions des parties prenantes.
« Le juge d’instruction, selon Me Essid, a commis plusieurs erreurs de procédure injustifiables. Il faut qu’il assume ses responsabilités, qu’il soit éloigné du 5ème bureau et que quelqu’un d’autre se charge du dossier ».
« Les procédures nulles observées dans ce dossier font que ce procès soit inéquitable et Kamel Letaïef va en profiter, indépendamment du fait qu'il soit coupable ou non », relève Abdelaziz Essid qui constate que plusieurs juges, agents des forces de l’ordre et hauts responsables de l’Etat deviennent tremblants lorsqu’il s’agit de gros dossiers touchant des célébrités, des responsables ou des lobbyistes

03/11/2013 | 09:13
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