
Une équipe composée de quatre membres du gouvernement provisoire, s’est rendue, mercredi 22 février 2011, au marché de gros de Bir El Kassaâ, l’un des principaux grossistes fournisseurs des détaillants en produits agricoles, adressant un message aux divers intervenants (production et distribution) pour la pression sur les prix et la contribution à la préservation du pouvoir d’achat du citoyen.
Les membres du Gouvernement, Ali Laârayedh, ministre de l’Intérieur, Béchir Zaâfouri, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, Ridha Saïdi,, ministre auprès du Chef du Gouvernement chargé des dossiers économiques et Habib Jemli, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture, ont insisté lors de cette visite, sur le rôle de régulateur que l’Etat doit assumer à travers les différents mécanismes (importation, stockage, lutte contre l’exportation illégale et non contrôlée des produits agricoles), soulignant l’impératif d’intensifier le contrôle au sein des marchés et des points de vente.
Le déplacement des membres du Gouvernement intervient à un moment où des revendications renouvelées sont exprimées, via les médias, par les citoyens qui critiquent une hausse incontrôlée et «illégale» des prix des produits de consommation, notamment, agricoles et alimentaires et un phénomène de monopolisation qui n’a fait qu’affecter le pouvoir d’achat des catégories moins nanties.
Dans une déclaration à la TAP, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce, Béchir Zaâfouri a annoncé que le gouvernement «va prendre, dans les heures et les jours à venir, des mesures pour mettre un terme au phénomène de la flambée des prix».
Ces mesures consistent, en premier lieu, à intensifier le contrôle en présence des services de sécurité et des militaires. Il a évoqué d’autres mesures qui seront examinés au cours des prochains conseils ministériels.
Au marché de gros de Bir El Kassaa à Ben Arous (Banlieue Sud de Tunis), les ministres ont lancé un appel aux agriculteurs pour qu’ils exposent leurs offres de produits directement au sein des marchés de gros.
Ils ont suggéré, à cet effet, l’aménagement d’espaces «du producteur au consommateur», recommandant aux agriculteurs de s’organiser dans le cadre de coopératives de services pour faciliter la commercialisation «directe» de leurs productions.
C’est que l’implantation anarchique au sein des marchés réduit les quantités de produits exposés au marché de gros et encourage la hausse des prix. La délégation gouvernementale a aussi évoqué la coordination avec le ministère de l’Agriculture pour l’augmentation de la production tout en prenant en considération les besoins des pays voisins qui importent de la Tunisie des quantités qui surpassent les besoins du marché local.
Cette mesure est de nature à préserver l’équilibre entre l’offre et la demande, qui peut être perturbé par l’exportation illégale, l’une des causes de la hausse des prix.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Ali Laârayedh a déclaré aux représentants de la presse nationale que son ministère va renforcer et protéger les équipes de contrôle commercial, avec une application rigoureuse de la loi pour préserver le niveau moyen des prix.
Il a rappelé, dans ce contexte, que la priorité de l’action gouvernementale demeure l’amélioration des conditions de vie des couches sociales les plus vulnérables et celles qui vivent dans les zones reculées ainsi que la préservation des équilibres financiers. Il a également évoqué l’intensification du contrôle sur les frontières et le renforcement des équipes de sécurité et des militaires chargées de cette mission par les équipements nécessaires pour faire face au trafic des produits alimentaires et agricoles et à «l’exportation anarchique».
Pour sa part, Ridha Saïdi, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture a fait observer que la prolifération des intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur fait en sorte que la maîtrise des prix soit difficile, ce qui explique d’ailleurs la hausse des prix durant la dernière période.
Il a fait remarquer que «l’exportation parallèle», surtout vers la Libye, est l’une des raisons de la hausse des prix, ce qui a amené le gouvernement provisoire à intensifier, depuis 10 jours, le contrôle sur les frontières.
M. Saidi devait ensuite annoncer que l’Etat va mettre en place un instrument pour la fixation d’un «prix plafond» pour l’ensemble des produits de base les plus prisés afin de surmonter les difficultés rencontrées par les petites bourses.