« L’élite tunisienne de l’avant 14 janvier a péché par son manque d’écoute », constate Hassan Zargouni. « La confiance est la mamelle de l’action et de la conviction politique», lâche-t-il encore.

Qu’en est-il de la situation après le 14 janvier ? Le « pot pourri » des enquêtes réalisé par Sigma Conseil depuis fin janvier 2011 et résumé par son directeur lors d’une conférence organisée conjointement par l’International Policy and Leadership Institute (IPLI) et l’association tunisienne pour une Nouvelle République (NOU-R), ne semble pas indiquer de changement.
Les priorités des partis politiques telles que véhiculées par les médias, à savoir notamment les réformes institutionnelles et la hantise quant à un éventuel retour des « benalistes », ne sont pas celles des Tunisiens
En effet, plus pragmatiques, nos concitoyens sont davantage obnubilés par d’autres questions dont particulièrement, la sécurité, le chômage, l’amélioration du système de santé et du système éducatif, la lutte contre la corruption… Les acteurs de la scène politique, forcément, ne suscitent pas la confiance : 36% des personnes interrogées n’ont confiance en personne, 23,5% ont répondu « ne sait pas » et 22% donnent leur confiance à l’actuel Premier ministre Béji Caïd Essebsi.

Un autre sondage réalisé en mai et qui ne trompe pas : 13% des sondés ne se déplaceront pas pour voter. Le même sondage réalisé en mars indiquait un taux d’abstention de 5% uniquement, c’est dire du désamour qui grandit entre citoyens et politique et du défaitisme qui prend plus de terrain. Et la tendance est haussière affirme le sondeur, tout en précisant que les régions qui se sont soulevées en premier sont celles qui se détournent le plus du processus de changement : 18% de taux d’abstention est annoncé dans le Sud.