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Tunisie – Accueil mitigé de l'opposition à la « feuille de route » de Jebali
01/02/2012 | 1
min
Tunisie – Accueil mitigé de l'opposition à la « feuille de route » de Jebali
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Après le débat de la semaine dernière à la Constituante entre le chef du gouvernement provisoire et les députés, concernant la situation prévalant au pays, place a été donnée, mardi 31 janvier 2012, à une autre rencontre pour chercher un consensus sur les réponses apportées aux urgences du pays.
Hamadi Jebali a, ainsi, soumis une feuille de route en huit points aux partis politiques, notamment ceux qui ne font pas partie de la Troïka gouvernante. Ladite feuille de route comporte les principales problématiques rencontrées par le gouvernement provisoire.


Il s’agit, en effet, des problèmes économiques et sociaux, notamment dans les zones défavorisées ; la nécessité d’un pacte social ; les grandes lignes de la politique étrangère de la Tunisie ; la Constitution ; le Code électoral et l’installation de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) ; la protection des libertés; les médias, notamment publics et la justice transitionnelle.
Le gouvernement provisoire cherche, donc, à associer tout le paysage politique dans la recherche de solutions appropriées aux problèmes urgents du pays; façon de dire que ‘l’avenir de la Tunisie est une responsabilité commune’, comme l’a toujours répété M. Jebali.

Donc, et malgré le rejet d’une partie de la classe politique de l’appel d’Ennahdha de faire partie d’un gouvernement d’union nationale, le chef du gouvernement provisoire n’a pas désespéré de les faire participer à la prise de décision, en leur proposant une autre forme de concertation qui pourrait même se traduire par un pacte social et un accord consensuel sur les grandes lignes de la Constitution.
Toutefois, les moyens de concrétiser cette feuille de route restent encore inconnus. Les participants, notamment ceux qui sont en dehors de la Troïka, s’interrogent sur le comment de la réalisation de ce consensus.

En réaction à cette proposition, Ahmed Brahim, Premier secrétaire d’Ettajdid, a certes constaté le changement du discours du gouvernement provisoire. Il a, toutefois, exigé ‘un engagement plus clair sur diverses questions comme la date des élections (dans une année), la remise en action de l’ISIE, une position ferme contre la violence, un rejet de la dualité majorité/minorité, etc.’. Le leader d’Ettajdid s’est également interrogé sur les moyens de terminer ce débat. Il a trouvé que, pour le moment, ‘il s’agit toujours d’une déclaration de bonnes intentions’.

Pour sa part, Abderraouf Ayadi, secrétaire général du CPR, membre de la Troïka gouvernante, a exprimé la crainte des partis de voir les méthodes musclées se réinstaller afin de dissuader les mouvements de protestation. ‘Le CPR rejette catégoriquement cette option’, a insisté M. Ayadi.

Concernant les perspectives de ce dialogue, Chokri Belaïd, porte-parole du Mouvement des patriotes démocrates (MOPAD), a souligné que ‘face à la bipolarisation de la société, il est judicieux d’instaurer un tel dialogue’, recommandant toutefois au gouvernement de ‘s’intéresser au volet socioéconomique’ et proposant d’instaurer ‘une véritable dynamique de débat entre tous les intervenants pour aspirer à obtenir des résultats judicieux’. ‘Sans une véritable opposition rationnelle entre projets et contre-projets, la dynamique de réalisation des objectifs de la révolution ne saurait être concluante’, a-t-il précisé.

La secrétaire générale du PDP, Maya Jeribi, n’était pas optimiste à la sortie de cette réunion de concertation. Elle a trouvé que ‘les propos du gouvernement provisoire sont encore au niveau des intentions, alors que le pays passe par une période très difficile et a besoin d’un programme de salut national’.
Maya Jeribi a appelé le gouvernement à ‘voir la vérité telle qu’elle est et à s’éloigner des justificatifs creux de complots qui accusent les autres partis des maux de la société’. ‘Chaque acteur assume une partie de ce qui se passe autour de nous et il doit s’assumer dans le rôle qui lui est sien’, a-t-elle insisté.

Cette insatisfaction est partagée par Ahmed Néjib Chebbi, le chef historique du PDP, qui a considéré que ‘ce n’est pas normal qu’une année après la révolution, les chômeurs et les démunis ne perçoivent pas encore de signaux d’amélioration dans leur quotidien’. ‘Il s’agit de priorités dont il faut absolument tenir compte’, n’a-t-il pas cessé de répéter. Selon lui, ‘le gouvernement provisoire est appelé à travailler davantage pour mettre sur pied un programme économique et social, à même de faire sortir le pays de la crise’. Concernant leur réaction, il a affirmé qu’elle ‘serait en rapport avec l’offre des gouvernants’.

Le scepticisme de Néjib Chebbi n’est pas partagé par Mohamed Brahmi, secrétaire général du Mouvement du peuple. Ce dernier a constaté que ‘des signaux favorables ont été enregistrés dans ce débat du moment que les propos du chef du gouvernement provisoire traduisent sa conscience de l’impasse dans laquelle se trouve le pays’. M. Brahmi a souhaité que ‘Hamadi Jebali ouvre réellement une nouvelle page, en admettant l’option inéluctable d’un gouvernement de salut national, avec la participation de toutes les forces vives de la Tunisie’. A ce niveau, le secrétaire général du Mouvement du peuple est ‘optimiste’.
Affaire à suivre…

Mounir Ben Mahmoud
01/02/2012 | 1
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