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Tunisie – Les électeurs décontenancés face à des programmes politiques quasi-similaires
29/09/2011 | 1
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Tunisie – Les électeurs décontenancés face à des programmes politiques quasi-similaires
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La Tunisie vivra dans 25 jours les premières élections démocratiques de son histoire. Pourtant, une bonne partie des sept millions d’électeurs rencontrent encore des difficultés pour faire la distinction entre les partis politiques, tellement leurs programmes politiques et économiques comportent des similitudes.

La problématique devient d’autant plus pressante que les partis se suivent dans la proposition de leurs programmes politiques, sociaux et économiques. Ainsi, après les 120 mesures du PDP de Néjib Chebbi, lancés depuis mai dernier, ce fut successivement aux tours du Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki d’adopter son programme économique pendant son congrès national à Kairouan, d’Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar de proposer 100 mesures, d’Ennahdha d’en développer 365 et, enfin, sont venues, la semaine dernière, les 210 propositions d’Afek Tounes, en attendant le programme du Pôle démocratique moderniste, prévu pour jeudi matin. Il y a donc un semblant de diversité dans les programmes et de diversité dans les offres que les électeurs cherchent à matérialiser pour tracer les lignes de démarcation entre les uns et les autres.

Sur le plan des mesures phares, Ettakatol annonce la création immédiate de 100.000 emplois et la réduction de 30 % à 25 % des impôts sur les sociétés pour encourager l’investissement. Ennahdha prévoit la création de 203.000 emplois durant les deux premières années et une moyenne de 118 000 emplois par an durant le prochain quinquennat (2012 – 2016). Le CPR insiste sur l’emploi et le redressement du déséquilibre régional. Quant au PDP, il annonce 40 à 45 % de croissance sur cinq ans, l’absorption durant la prochaine décennie de la moitié du stock des demandeurs d’emplois et la construction durant la même période de 220.000 logements sociaux. Afek Tounes espère une croissance à deux chiffres à partir de 2014 et propose une série de mesures générales, tout comme les autres partis.

Il ne s’agit nullement d’être expert pour dire que les mesures proposées sont quasiment les mêmes chez tous les partis. Les programmes s’intéressent à tous les aspects de la vie socioéconomique. Ils parlent d’éducation qui développe les talents et prépare la vie professionnelle, de droit aux services culturels et sportifs, d’un Islam des lumières qui défend la séparation entre la religion et l’Etat, d’une politique de santé privilégiant la qualité, la proximité et l’accès pour tous, d’un Etat instituant la solidarité et mettant en œuvre des politiques volontaristes de réinsertion sociale dont bénéficieront les populations les plus démunies.
Les projets annoncés comportent également le renforcement irréversible de la société civile, socle d’une démocratie véritable et instrument efficace pour le contrôle des pouvoirs publics. Il y a aussi question d’une économie sociale et solidaire au service des Tunisiens, d’un régime politique mixte, garant de l’équilibre des pouvoirs, d’une justice indépendante et équitable, de l’inévitable réconciliation du citoyen avec les forces de sécurité, de la mise à niveau du service public pour le moderniser et le mettre au service du citoyen, de la société civile et de l’entreprise.
En plus, les programmes appellent à la mise en place d’une infrastructure désenclavant nos régions intérieures et améliorant la compétitivité de l’économie. ‘Des régions fortes, maillon essentiel de la dynamique économique et sociale’, lit-on dans tous les programmes qui appellent à instaurer un environnement de l’entreprise alliant ouverture économique et facilitations, une agriculture moderne, au bénéfice de l’agriculteur et de l’économie, une intégration forte de l’industrie et des services liés, avec la technologie pour pilier, des services de loisirs et de culture valorisant la Tunisie, un secteur bancaire et financier à la hauteur de nos ambitions, un dispositif agressif d’encouragement de l’entreprenariat et, enfin, des mécanismes efficaces d’incitation fiscale et non fiscale.
Les experts proches de ces partis ont donc travaillé sur une panoplie de mesures générales pour répondre aux exigences de l’étape. Mais le problème, c’est que rien ne justifie que ces mesures rappellent étrangement celles proposées par l’ancien président Ben Ali dans ses divers programmes présidentiels et y sont quasi-similaires, pour ne pas dire du copié/collé.

Pourtant, ce ne sont vraiment pas les slogans qui manquent, à propos du redressement de tous les secteurs. Ces slogans que Sami Zaoui, d’Afek Tounes, a convenu qu’ils auraient pu être présentés et acceptés en 2005, ou en 2015, tellement ils sont porteurs de valeurs, toujours correctes, plus que de réponses concrètes à des situations pratiques.
Les partis ont proposé, chacun à sa manière, sa formule assimilée à celle du gouvernement Ghannouchi qui avait annoncé en juillet 2010 devant la défunte Chambre des députés son intention de ‘réaliser et maintenir sur les 5 prochaines années un taux de croissance de l’ordre de 5% et de faire passer le PIB par habitant à 8371,5 dinars en 2014 tout en créant 415.000 emplois sur la même période afin de réduire le taux de chômage à 11,6%’. Chaque parti a fait ses propres projections à partir de la même base de données. S’il est vrai que la Tunisie va entamer son nouveau parcours sans corruption, ce qui se traduit, selon les experts, par deux points de plus de croissance, est-ce suffisant pour réaliser les objectifs de la révolution ?

Tous les partis politiques (PDP, Ettakatol, CPR, Ennahdha, Afek Tounes, etc.) n’ont fait tous que reproduire le même schéma de développement avec des chiffres plus optimistes qui traduisent leurs désirs d’obtenir de meilleurs résultats. Mais le problème ne se situe nullement au niveau des chiffres. Il s’agit de réfléchir autrement le modèle de développement pour mener la Tunisie vers une croissance basée réellement sur la technologie. Ceci n’a pas été fait jusqu’à maintenant et ce n’est nullement en calquant les anciens projets que l’on puisse mieux gouverner même si l’on change les personnes et l’on éradique la corruption.

La Tunisie a carrément besoin d’un autre modèle de développement auquel toutes les compétences tunisiennes sont appelées à réfléchir afin de réussir la transition économique, tremplin incontournable pour réussir la transition démocratique. La Tunisie est appelée à occuper une nouvelle place dans la division internationale de travail mais laquelle ? Notre nouvelle classe politique doit y réfléchir et les citoyens électeurs ont besoin de voir plus clair.
29/09/2011 | 1
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