La condamnation à trois mois de prison du député Yassine Ayari par la justice militaire divise les réseaux sociaux ce matin du mercredi 27 juin 2018. Il y a ceux qui s’élèvent par principe contre ce verdict, contraire à la constitution et aux principes de la liberté d’expression, estimant qu’un civil ne peut pas être jugé devant une juridiction militaire et que ce tribunal est un tribunal d’exception qui n’a plus lieu d’exister avec la nouvelle constitution. Il y a ceux qui justifient le procès en rappelant que Yassine Ayari a été traduit devant le tribunal militaire parce qu’il a un peu trop dénigré cette institution à un moment crucial de la lutte contre les terroristes et c’était avant même qu’il ne soit élu. Ils rappellent dans la foulée que l’ancien blogueur a trop insulté et injurié les adversaires politiques, jusqu’à toucher leur honneur en évoquant des questions d’ordre strictement privé, et mérite donc ce qui lui arrive.
Et puis il y a ceux qui font dans le « deux poids deux mesures » en toute hypocrisie, comme les propres « camarades » de Yassine Ayari tels Moncef Marzouki, Adnen Mansar, Imed Daïmi et Salim Ben Hamidane (lui-même en pleins déboires judiciaires). Pour ces derniers, ce procès et cette condamnation sont d’une extrême gravité et ce tribunal doit disparaitre. Ils s’en prennent naturellement au pouvoir actuel qui, d’après eux, serait responsable de cette condamnation. Sauf que la question de traduction de civils devant la juridiction militaire pour un blog ne date pas d’aujourd’hui et on en a vu quelques échantillons quand Moncef Marzouki était président de la République et chef des forces armées. Le cas le plus notoire est celui du propre conseiller de Moncef Marzouki, tombé alors en disgrâce, Ayoub Massoûdi. A l’époque, on voulait faire taire cet ancien conseiller chargé de la communication avec un procès en bonne et due forme devant le tribunal militaire lequel était accusé et jugé coupable de diffamation et a vu sa condamnation alourdie en appel passant de 4 à 12 mois de prison avec sursis. C’était en janvier 2013. Moncef Marzouki and co ont brillamment réussi puisque Ayoub Massoûdi s’est tu, après ce verdict, et a dû quitter totalement la scène politique depuis. Il se trouve qu’après avoir quitté le palais de Carthage, Moncef Marzouki est revenu à son ancien commerce des Droits de l’Homme, d’avant la révolution, et ce en prêchant la bonne parole basée sur le célèbre dicton « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! ».
Rappelons quand même que ce verdict, aussi dur et injuste soit-il, est en première instance et qu’il y a de fortes chances pour qu’il soit allégé, voire annulé, en appel.
R.B.H.