La gauche même si elle n'a pas les même moyens matériels doit tirer des enseignements pour les combats à venir, l'extreme droite avance rapidement.

Comme attendu, l’assemblée générale ordinaire élective de l’Ordre national des avocats de Tunisie (ONAT) s’est déroulée, dimanche 10 juillet 2016, dans une ambiance électrique et marquée par une affluence massive des hommes et femmes de la robe en noir.
En effet, près de quatre mille avocats ont participé à cette assemblée au cours de laquelle, après avoir lu et adopté les deux rapports, moral et financier, ils sont passés aux urnes pour voter et élire le nouveau Bâtonnier.
Plusieurs candidats étaient en lice, mais tous les présents et autres observateurs s’accordaient à dire que seuls deux candidats pouvaient se disputer le prestigieux poste, en l’occurrence, Me Ameur Mehrezi et Me Boubaker Ben Thabet.
Or, si Me Ben Thabet est notoirement connu pour ses appartenances idéologiques en tant que militant de la gauche et nationaliste arabe, Me Mehrezi était présenté comme étant indépendant et défenseur de la profession. Certains lui prêtent, plutôt, un penchant en faveur des islamistes, ce qui aurait pu lui valoir les voix des avocats nahdhaouis.
En tout état de cause, l’impression générale qui prévaut, et en dépit des contestations, attendues de la part du clan perdant, est celle de l’avènement d’une nouvelle étape au sein de l’Ordre national des avocats.
Dans le milieu, on estime que le nouveau Bâtonnier a été soutenu par des Nahdhaouis et des Nidaiste, mais il ne pourrait valoir sa victoire aux islamistes uniquement, dans le sens où le nombre des participants nahdhaouis au scrutin ne dépasserait guère les 200. En tout état de cause, sur les 1500 voix obtenues, Me Maherzi aura reçu plus de mille émanant de non nahdhaouis.
Cette année, ce sont les intérêts de la profession qui ont fait, en partie, pencher la balance en faveur du vainqueur, alors que son adversaire aurait, justement, pâti de son étiquette politique. Il ne faudra cependant pas oublier qu’une alliance Nidaa-Ennahdha a joué en sa faveur, outre sa réputation de professionnel apprécié par ses pairs.
Pour avoir une idée plus précise sur le déroulement des élections, Business News a contacté un certain nombre d’avocats, présents à l’assemblée générale élective, qui ont bien voulu nous livrer leurs impressions, avis et leurs premières lectures des résultats du vote.
Pour Me Imed Ben Halima, il y avait seulement deux candidats sérieux, ce qui a fait que les dés soient jetés dès le premier tour. « A mon avis les deux candidats sont bons, de toutes manières il y aura un vrai travail d’équipe pour le nouveau bâtonnier ».
Et d’ajouter que depuis 2011, les choses ont changé : « Les avocats n’ont plus besoin de faire de la politique à travers le barreau, vu qu’il y a les partis politiques qui leur permettent d’y agir ».
Revenant sur les bruits qui courent à propos des tendances politiques du nouveau bâtonnier, fraîchement élu, Me Ben Halima a indiqué que Me Mehrezi n’est pas connu en tant que nahdhaoui, « peut-être qu’il a des sympathies envers le parti islamiste, mais ce n’est pas un Nahdhaoui notoire. En tout cas, vu l’évolution des choses, il ne peut rien apporter au parti d’Ennahdha ».
Me Radhia Nasraoui, a, pour sa part, fortement contesté les résultats de ces élections. « Ce qui s’est passé aujourd’hui, n’est ni sain, ni légal. Les voix annulées doivent être comptabilisées, ce sont des voix exprimées ! Il faut qu’il y ait une transparence et une intégrité », a-t-elle indiqué en substance avant d’ajouter qu’il y aura un recours au tribunal administratif si le tir n’est pas rectifié. Me Nasraoui a considéré qu’il y a eu une certaine manipulation des résultats et que les avocats ayant participé à ces élections ne peuvent pas être écartés.
Quant à Me Abdessatar Messaoudi, il a affirmé qu’il y a eu une forte alliance entre Ennahdha et une partie de Nidaa Tounes, soulignant qu’il y a eu une mobilisation terrible qui s’est manifestée par le grand nombre de participants. « L’ancienne structure a refait surface. Toutefois, l’élection du bâtonnier ne peut donner à elle seule la vraie couleur, il faudra attendre les résultats des élections des membres du conseil de l’ONAT. C’est bien cette liste qui déterminera la tendance réelle des élections. Mais de toutes manières, l’échec de la gauche plurielle est incontestable ».
Me Mohamed Salah Toumi, directeur du centre d’études et de recherches des avocats a indiqué « L’avocatie est une profession noble, connue pour ses pratiques et ses traditions démocratiques. Qu’il y ait eu des alliances est tout à fait naturel. Ça a toujours été le cas. Pour moi, celui qui a remporté les élections est le bâtonnier de tous les avocats, ce sont les règles de la démocratie ».
Ainsi et comme on le constate, les témoignages confirment l’idée que les couleurs politiques n’ont pas été décisives dans l’issue finale du scrutin, mais que les alliances ont tout de même joué un rôle. Selon les premières données, c’est le candidat, dit « indépendant », qui a remporté l’élection dès le premier tour. Des bruits de couloir font état d’un deal qui aurait été conclu pour que les destouriens obtiennent la section de Tunis. Le nouveau bâtonnier est, certes, un grand professionnel fort apprécié par ses pairs, mais plusieurs voix contestent le fait qu’il ait été soutenu par les islamistes…
Sarra HLAOUI
Commentaires (3)
CommenterNahdha - RCD même combat, la droite xénophobe
La gauche même si elle n'a pas les même moyens matériels doit tirer des enseignements pour les combats à venir, l'extreme droite avance rapidement.
fin des idéologies
à bas le communisme
à bas l'islam politique
à bas le libéralisme sauvage