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Opération Carthage : la revanche de Ureputation sur Facebook
12/04/2022 | 02:35
5 min
Opération Carthage : la revanche de Ureputation sur Facebook

 

La société tunisienne de relations publiques spécialisée dans la cyber influence Ureputation mène, depuis juin 2020, une bataille sans précédent contre la multinationale Facebook et le Digital Forensic Research Lab (DFRLab) rattaché au think tank américain l'Atlantic Council.

Ureputation, société de l’homme d’affaires Lotfi Bel Hadj, a saisi la justice tunisienne et a accusé Facebook de non-respect des procédures légales. Un rapport d’expertise judiciaire confirmerait la chose. Selon le magazine Africa Intelligence, le rapport, résultant d’une enquête ouverte auprès du tribunal de Tunis, indiquerait que la multinationale américaine serait coupable d’avoir divulgué les données personnelles des employés de l’entreprise tunisienne. Facebook les aurait communiquées à l’Atlantic council.

Ureputation a subi un préjudice s’élevant à quatorze millions de dinars, selon un rapport élaboré par un expert mandaté par la justice tunisienne.

 

Le magazine a, également, affirmé dans son édition du 29 mars 2022 que Facebook fera face à des plaintes déposées dans plusieurs pays. En effet, Ureputation a décidé de saisir la Commission nationale de l’informatique et des libertés en France (Cnil), la Cour européenne de justice et la justice américaine. La justice tunisienne, quant à elle, entamera, à la date du 5 mai 2022, la première audience liée à la plainte déposée par Ureputation.


A l’origine de cette affaire, des accusations lancées par Facebook à l’encontre de l’entreprise tunisienne. La multinationale américaine avait accusé publiquement, dans un communiqué de juin 2020, d’avoir mené des opérations d’influence et d’orientation de l’opinion publique. « Nous avons supprimé 446 pages, 182 comptes Facebook, 96 groupes, 60 événements et 209 comptes Instagram. Cette activité est née en Tunisie et s'est concentrée sur des pays francophones d'Afrique subsaharienne », avait annoncé la même source.

La décision de Facebook avait fait polémique en Tunisie. La plateforme avait assuré que l’ensemble des comptes et pages supprimés appartenaient à Ureputation. Or, plusieurs personnalités publiques et journalistes se sont retrouvés mêlés à cette affaire sans le vouloir. Leurs comptes ont disparu du jour au lendemain. Certains ont pu y accéder de nouveau. D’autres ont tout perdu ! Depuis ce temps-là, aucune preuve n’a été avancée à ce sujet. Facebook n’a pas fourni d’explication sur les présumés liens entre l’entreprise et les profils ou les pages concernés.

Facebook a présenté Ureputation comme étant l’un des réseaux mafieux les plus complexes. L’entreprise aurait même réussi à déjouer la vigilance des populations pas seulement en Tunisie. On en était même arrivé à parler de « Opération Carthage ». Ureputation a été accusée d’ingérence dans les affaires d’autres pays. Facebook a essayé de renforcer sa position en ayant recours à DFRLab. Le think tank n’a fait que confirmer les accusations et amplifier le mythe du géant tunisien de la manipulation. Parmi les pays concernés par la fameuse opération Carthage, Facebook et l’Atlantic council ont cité les Comores, la Côte d’ivoire ou encore le Togo.

Par ailleurs, l’Atlantic council, auquel est rattaché le DFRLab, joue le rôle de juge et de partie puisqu’il a avancé dans un rapport que Ureputation avait influencé les électeurs tunisiens. Par la suite, le candidat tunisien n’aurait pas honoré son contrat. En guise de réaction, l’Atlantic council a publié plusieurs documents relatifs à l’opération de communication du candidat.


L’affaire Opération Carthage restera gravée dans les annales tant par son fond que par la tournure qu’elle avait prise. Face à l’une des multinationales les plus connues et les plus puissantes au monde, Ureputation ne semble pas lâcher prise. L’entreprise tunisienne reste convaincue de son innocence et serait prête à tout pour le prouver. Le passé peu glorieux de Facebook en matière de protection de données personnelles vient renforcer cette position. L’entreprise américaine, rappelez-vous, avait été épinglée à plusieurs reprises pour divulgation de données personnelles et s’est retrouvée elle-même au milieu de fiascos portant sur la manipulation de l’opinion publique. Bon monde suit de près cette affaire qui pourrait marquer le début d’une nouvelle ère celle où même les petites entreprises du tiers-monde pourraient se voir respecter et les titans de l’économie mondiale à leur place.

 

Sofiene Ghoubantini

12/04/2022 | 02:35
5 min
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Commentaires
Moncef
Facebook & Google devrait être totalement coupé
a posté le 13-04-2022 à 18:55
Je pense que pour la stabilité et la sûreté de l'état, les sites de Facebook meta et Google YouTube etc.. devraient être complètement coupé et inaccessible.
Ce n'est qu'un outil de destabilisation utilisé pour semer le désordre et aider l'état américain dans ses stratégies de coup d'état.
Il est inconscient de laisser ces sites extrêmement dangereux pour la stabilité du pays et sa souveraineté être accessible.
Pas besoin de faire polytechnique pour voir que ces sociétés sont au service de la cia et de l'état américain pour surveiller et manipuler l'opinion publique et pour diffuser sa propagande.
Marquis
David contre Goliath
a posté le 12-04-2022 à 15:26
Facebook agit sans foi ni loi, et on devrait laisser faire ? On devrait tous protester contre les méthodes de Mark Zuckerberg, qui a fait de nous des produits au service de sa publicité, de sa data et de son entreprise qui ressemble de plus en plus à une dictature. Espérons que David réussisse à faire trébucher Goliath.
veritas
La solution est simple '?'
a posté le 12-04-2022 à 11:33
Fermez vos compte face book messenger whatsapp et adoptez Telegram et tout les réseaux sociaux non us et non européens tout simplement.
Tunisino
Facebook
a posté le 12-04-2022 à 09:48
Facebook ainsi que toutes les plateformes gratuites (si c'est gratuit, le prix est vous!) ont-ils le droit de faire ce qu'ils veulent? Apparemment oui, ils appliquent aux clients les conditions d'utilisation quand des plaintes ou des consignes sont reçues. Maintenant, est-ce que les escrocs de la manipulation ont le droit de faire ce qu'ils veulent, la réponse est certainement non si les intérêts des plateformes sont touchés.