L'expert-comptable et ancien député, Fayçal Derbal, a qualifié, mercredi 28 décembre 2022, la loi de Finances 2023 de « grosse déception » notant que celle-ci contient une quinzaine de mesures fiscales visant à augmenter le taux d’imposition.  

Invité de Myriam Belkadhi dans la Matinale de Shems FM, il a indiqué que la Tunisie avait atteint un record en termes de pression fiscale rappelant que l’État a, en deux ans, décidé 25 mesures fiscales. « Entre 2017 et 2022, on a eu 300 nouvelles mesures fiscales dont 36 visant à augmenter les recettes », a-t-il ajouté signalant que la fiscalité est un facteur déterminant de la décision d’investir. « Il y a des mesures exorbitantes », a-t-il avancé pour expliquer l’absence d’investissement. 

L’expert-comptable a affirmé, également, que la pression fiscale touchait également le citoyen dont le pouvoir d’achat se trouve, aujourd’hui, menacé. « Les budgets des ministères de l’Énergie et du Commerce ont été révisés à la baisse, ce qui signifie que le taux de compensation sur les produits de première nécessité et sur les hydrocarbures va diminuer et par conséquent leurs prix vont augmenter et le (pouvoir d’achat) des citoyens touché », a-t-il expliqué. 

Interpellé sur l’alternative à l’augmentation des impôts, il a avancé que la solution serait dans des mesures incitatives pour encourager l’investissement et le renforcement des partenariats public-privé. « Je m’attendais à une révision de l'impôt sur le revenu des personnes physiques car cela permet de réduire la rémunération publique (…) Il est intolérable d’augmenter le taux d’imposition de la première tranche à 26% alors que les entreprises de commerce ne payent que 15%. Je m’attendais, également, à davantage de mesures pour encourager l’investissement et des mesures pour consolider les partenariats public-privé. Au lieu de ça, on a augmenté considérablement les pénalités (…) et cerise sur le gâteau, un impôt sur la fortune ! Cela va créer de gros problèmes car son application est difficile », a-t-il déclaré.   

Revenant sur la révision du régime forfaitaire pour les petites entreprises, l’ancien député a indiqué que le ministère des Finances avait présenté un projet que l’Assemblée des représentants du peuple a rejeté. « Pourquoi le ministère n’a-t-il pas présenté ce projet alors que nous n’avons plus de parlement ?! Cela aurait pu résoudre plusieurs problématiques », a-t-il avancé notant que « les petits bricolages ne font que compliquer le système ».  

Fayçal Derbal a, par ailleurs, dénoncé la démarche du ministère des Finances notant que celui-ci s’était contenté, lors de ses réunions avec les organisations nationales, d’une simple présentation des grandes lignes de la loi de Finances 2023 sans explication aucune. « Ce n’est point une consultation », a-t-il cinglé. 

N.J.