Ensemble, rendons notre pays propre et développons l’infrastructure et le logement social
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La vaste campagne de citoyenneté volontaire du dimanche dernier a contribué à nettoyer les quartiers et les rues de toute la Tunisie. Cet « état de conscience » des jeunes a vu le jour à la suite d’appels lancés à travers les médias sociaux, après le second tour de l’élection présidentielle du 13 octobre 2019. Il est dommage de s’arrêter à ce niveau et ne pas profiter de cet élan extraordinaire des jeunes pour faire de cette campagne une tradition citoyenne. La canalisation de l’énergie des jeunes vers des activités citoyennes est considérée comme une forme d’inclusion sociale qui augmente l’esprit de participation et de partage et évite la déception et le désenchantement. Les exemples internationaux montrent qu’il est possible de consolider ce comportement citoyen à travers une politique menée par les autorités publiques. La présente note décrit trois expériences internationales qui peuvent être des initiatives à adapter pour le cas tunisien.
L’initiative 1 : rendre la Tunisie le pays le plus propre au monde. Dans nombre de pays africains, dont le Rwanda et le Burundi, une matinée par semaine généralement un samedi ou un dimanche est dédiée au nettoyage collectif des espaces publics par la population. La participation est obligatoire, et toute personne trouvée dans la rue, quel que soit sa classe sociale, est contrainte de participer à ce service public. Cette initiative, qui pourrait être organisée par le président de la République ou par le ministère des Affaires locales et de l’Environnement serait menée par les jeunes et les responsables nationaux et locaux. Cette initiative permet de faire de la Tunisie un pays plus propre.
L’initiative 2 : développer les infrastructures à travers des transferts vers les jeunes. De nombreuses expériences internationales, dont la plus célèbre est sans doute celle de l’Argentine (Trabajar) et de l’Inde (MGNREGA) offrent des programmes où les adultes pauvres ont l’opportunité de pouvoir travailler un certain nombre de jours par semaine à un salaire proche ou égal au salaire minimum pour développer des activités liées à l’infrastructure. Pour la Tunisie, l’idée serait d’entreprendre de grands travaux d’infrastructure (transports, voirie, construction etc.) effectués par des partenariats avec le secteur privé (PPP) où la main-d’œuvre serait fournie via un programme spécifique fourni par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
L’initiative 3 : mettre en place des activités de lutte contre l’habitat insalubre. L’actuelle politique d’amélioration du logement social n’a pas atteint les résultats escomptés. Le développement dans le monde notamment en Chine du secteur de la construction de maisons préfabriquées est une opportunité pour nos jeunes afin de monter des projets et bâtir des maisons rapidement et à moindre coût. Ce nouveau secteur d’activité permet de créer des emplois et de lutter contre l’habitat insalubre. L’équipement de ces maisons peut inclure des panneaux solaires pour satisfaire le besoin en électricité et une citerne d’eau en verticale pour collecter l’eau de pluie. Ces maisons préfabriquées seront construites totalement en matériaux de construction locaux.
Ghazi Boulila
Professeur d’économie à l’Ecole supérieure
des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis