A la Une
Après un octobre noir, la Bourse de Tunis poursuit sa chute

{legende_image}
Le mois d’octobre a été bien noir pour la bourse de Tunis. Et, au vu des échanges de ce lundi 1er novembre 2010, l’embellie ne semble pas pour tout de suite.
C’est simple, c’est un triste record qui a été enregistré en ce mois d’octobre avec un repli de 9,82% de son indice Tunindex. Du jamais vu depuis la création de la bourse tunisienne. A quoi cela est dû et quelles sont les perspectives ? De là à s’interroger s’il faut continuer à investir dans la bourse, il n’y a qu’un pas.
L’année 2010 s’est annoncée sous de bons auspices. De nombreuses introductions, des entreprises prometteuses et des plus-values attrayantes.
En ce début d’année, on annonçait l’introduction de Tunisiana, de la CTN, de la SNDP, de Carthage Cement, de Tunis Re, de Global Leasing. Le printemps est arrivé et on annonça une double cotation à Tunis et Casa d’Ennakl.
Et puis patatras ! L’introduction de Tunisiana est renvoyée aux calendes grecques, on ne parle plus de la SNDP et de la CTN, bien qu’elles soient enregistrées dans le planning officiel du premier ministère, et on dirait que le marché n’est plus guidé que par les rumeurs. Et des rumeurs, il y en a ! La dernière a été lancée par le directeur de la bourse, dans une déclaration à une agence de presse étrangère, et faisant valoir l’introduction en bourse de Tunisie Telecom. L’opérateur téléphonique public n’a pas bronché et n’a ni confirmé, ni infirmé.
L’avant-dernière en date a touché la Sotetel, ce qui a fait bouger le gendarme de la bourse pour appeler l’entreprise à expliquer cette hausse subite du cours.
L’ « avant-avant-dernière » est celle liée au projet de loi de finances 2011. Une rumeur a fait chuter le cours du Tunindex.
Dans cette ambiance, qu’on ne peut pas du tout qualifier de vraiment saine, le marché avance. Ou, plutôt, essaie d’avancer. Avec son lot d’entreprises survalorisées ou, au contraire, sous valorisées.
A titre d’exemple, Tunisair est cotée en bourse comme si elle n’avait que deux avions en actifs, alors qu’elle en possède une bonne trentaine.
Certaines entreprises réalisent de véritables bonds en termes de chiffre d’affaires, mais leur cotation demeure stable si, comme il arrive parfois, elles ne baissent pas.
Depuis le début de l’année, les gains cumulés de la bourse tunisienne ont été ramenés à 19,38% contre 40,38% pour la même période de 2009. Soit une chute de près de moitié.
Pour la semaine dernière, le Tunindex a clôturé en enregistrant un repli de 4,94%.
Le bilan des variations des cours des actions des sociétés cotées a dégagé une hausse pour 5 valeurs, alors que 45 valeurs ont été baissières.
Cette chute, observée la semaine dernière, est confirmée par les échanges de ce lundi 1er novembre avec une chute de 1,95% du Tunindex et 10 hausses seulement (plafonnées à 3%) contre 31 baisses (allant jusqu’à 6%).
En tout état de cause, cette dégringolade est injustifiée puisque, globalement, les chiffres trimestriels des principales entreprises cotées laissent voir des bénéfices en hausse de 50%.
L’intermédiaire en bourse CGF n’hésite pas à parler d’Octobre noir pour expliquer ce marasme. Un marasme, enclenché, selon lui, suite à l’officialisation du projet de loi relatif à l’imposition des plus-values sur les actions cotées. Même le communiqué explicatif de ce projet de loi n’a pas réussi à limiter ce tourbillon d’incertitudes qui a pris l’ensemble des opérateurs, notamment les investisseurs particuliers, principaux acteurs de la place financière tunisienne.
Cette loi ne concerne pourtant pas la cession des actions acquises avant le 1er janvier 2011, et la vente des titres après l’expiration de l’année suivant celle de l’acquisition, rappelle CGF.
D’autres opérateurs expliquent la chute du marché par l’introduction en Bourse de Modern Leasing, et par l’imminente mise sur le marché de l’opérateur public Tunisie Télécom.
CGF, de son côté, n’estime pas que ces deux opérations sont les principales raisons de cette débâcle. En effet, malgré un léger fléchissement au cours de cette semaine, le volume moyen d’échanges reste, globalement, en ligne avec la moyenne de l’année.
A propos de Modern Leasing, CGF indique qu’il s’agit d’une petite opération (8,500 MDT) qui ne peut pas impacter l’activité de la Bourse de Tunis.
Quant à l’opération de Tunisie Télécom, les délais sont encore inconnus, et il y a peu d’informations sur les détails de l’opération (double cotation, nature de l’offre, prix ferme ou prix fixe, etc.).
Mais il y a d’autres raisons qui pourraient expliquer, au moins en partie, la débâcle. Un petit porteur accuse les dirigeants, les médias et les intermédiaires de ne pas donner suffisamment d’informations capables de les orienter pour l’acquisition ou la cession de titres.
En clair, les indicateurs trimestriels avec leurs faits saillants sont insuffisants pour lui.
Ce qui est vrai pour certaines entreprises ou, encore, pour certains intermédiaires. Prenons le cas de la dernière assemblée générale de Tunisair. En lisant le compte-rendu de l’un des intermédiaires de la place, on dirait que le rédacteur n’a pas assisté à la véritable assemblée. De son compte-rendu, on ne peut lire que tout ce qui va bien. Rien de ce qui pourrait ébranler l’investisseur n’a été signalé. Or cette stratégie de langue de bois entame la crédibilité du support et de l’intermédiaire en qui l’investisseur ne peut plus faire confiance. Cet actionnaire aura l’impression, à raison, que son intermédiaire lui cache des choses.
La même remarque s’impose lors des introductions en bourse. A chaque introduction, c’est la même rengaine : les intermédiaires en bourse se bousculent pour recommander la souscription. Aucun d’eux n’a publié, un jour, un communiqué pour dire aux investisseurs : « Attention, ne souscrivez pas ! Attention, n’achetez pas cette action ! »
De notre côté, nous autres médias, nous essayons tant bien que mal de glaner des infos ici ou ailleurs, mais il arrive souvent qu’on nous oppose le niet catégorique : pas d’informations ! Pire, certaines entreprises mettent des vigiles aux portes des assemblées pour empêcher l’accès aux médias. Ce n’est certainement pas ainsi qu’on encouragera la vulgarisation de l’information boursière.
Avec des investisseurs inquiets, des entreprises frileuses à donner une bonne information et des intermédiaires réfractaires à donner la véritable météo, la bourse tunisienne ne peut jamais évoluer dans des conditions optimales, en dépit de ses bons résultats enregistrés les années passées.
Le sujet a été débattu plus d’une fois. Une réunion a même eu lieu entre l’Association des intermédiaires en bourse et la presse spécialisée, avec un débat franc et à bâtons rompus. Quelles ont été les suites de cette réunion ? Aucune !
C’est simple, c’est un triste record qui a été enregistré en ce mois d’octobre avec un repli de 9,82% de son indice Tunindex. Du jamais vu depuis la création de la bourse tunisienne. A quoi cela est dû et quelles sont les perspectives ? De là à s’interroger s’il faut continuer à investir dans la bourse, il n’y a qu’un pas.
L’année 2010 s’est annoncée sous de bons auspices. De nombreuses introductions, des entreprises prometteuses et des plus-values attrayantes.
En ce début d’année, on annonçait l’introduction de Tunisiana, de la CTN, de la SNDP, de Carthage Cement, de Tunis Re, de Global Leasing. Le printemps est arrivé et on annonça une double cotation à Tunis et Casa d’Ennakl.
Et puis patatras ! L’introduction de Tunisiana est renvoyée aux calendes grecques, on ne parle plus de la SNDP et de la CTN, bien qu’elles soient enregistrées dans le planning officiel du premier ministère, et on dirait que le marché n’est plus guidé que par les rumeurs. Et des rumeurs, il y en a ! La dernière a été lancée par le directeur de la bourse, dans une déclaration à une agence de presse étrangère, et faisant valoir l’introduction en bourse de Tunisie Telecom. L’opérateur téléphonique public n’a pas bronché et n’a ni confirmé, ni infirmé.
L’avant-dernière en date a touché la Sotetel, ce qui a fait bouger le gendarme de la bourse pour appeler l’entreprise à expliquer cette hausse subite du cours.
L’ « avant-avant-dernière » est celle liée au projet de loi de finances 2011. Une rumeur a fait chuter le cours du Tunindex.
Dans cette ambiance, qu’on ne peut pas du tout qualifier de vraiment saine, le marché avance. Ou, plutôt, essaie d’avancer. Avec son lot d’entreprises survalorisées ou, au contraire, sous valorisées.
A titre d’exemple, Tunisair est cotée en bourse comme si elle n’avait que deux avions en actifs, alors qu’elle en possède une bonne trentaine.
Certaines entreprises réalisent de véritables bonds en termes de chiffre d’affaires, mais leur cotation demeure stable si, comme il arrive parfois, elles ne baissent pas.
Depuis le début de l’année, les gains cumulés de la bourse tunisienne ont été ramenés à 19,38% contre 40,38% pour la même période de 2009. Soit une chute de près de moitié.
Pour la semaine dernière, le Tunindex a clôturé en enregistrant un repli de 4,94%.
Le bilan des variations des cours des actions des sociétés cotées a dégagé une hausse pour 5 valeurs, alors que 45 valeurs ont été baissières.
Cette chute, observée la semaine dernière, est confirmée par les échanges de ce lundi 1er novembre avec une chute de 1,95% du Tunindex et 10 hausses seulement (plafonnées à 3%) contre 31 baisses (allant jusqu’à 6%).
En tout état de cause, cette dégringolade est injustifiée puisque, globalement, les chiffres trimestriels des principales entreprises cotées laissent voir des bénéfices en hausse de 50%.
L’intermédiaire en bourse CGF n’hésite pas à parler d’Octobre noir pour expliquer ce marasme. Un marasme, enclenché, selon lui, suite à l’officialisation du projet de loi relatif à l’imposition des plus-values sur les actions cotées. Même le communiqué explicatif de ce projet de loi n’a pas réussi à limiter ce tourbillon d’incertitudes qui a pris l’ensemble des opérateurs, notamment les investisseurs particuliers, principaux acteurs de la place financière tunisienne.
Cette loi ne concerne pourtant pas la cession des actions acquises avant le 1er janvier 2011, et la vente des titres après l’expiration de l’année suivant celle de l’acquisition, rappelle CGF.
D’autres opérateurs expliquent la chute du marché par l’introduction en Bourse de Modern Leasing, et par l’imminente mise sur le marché de l’opérateur public Tunisie Télécom.
CGF, de son côté, n’estime pas que ces deux opérations sont les principales raisons de cette débâcle. En effet, malgré un léger fléchissement au cours de cette semaine, le volume moyen d’échanges reste, globalement, en ligne avec la moyenne de l’année.
A propos de Modern Leasing, CGF indique qu’il s’agit d’une petite opération (8,500 MDT) qui ne peut pas impacter l’activité de la Bourse de Tunis.
Quant à l’opération de Tunisie Télécom, les délais sont encore inconnus, et il y a peu d’informations sur les détails de l’opération (double cotation, nature de l’offre, prix ferme ou prix fixe, etc.).
Mais il y a d’autres raisons qui pourraient expliquer, au moins en partie, la débâcle. Un petit porteur accuse les dirigeants, les médias et les intermédiaires de ne pas donner suffisamment d’informations capables de les orienter pour l’acquisition ou la cession de titres.
En clair, les indicateurs trimestriels avec leurs faits saillants sont insuffisants pour lui.
Ce qui est vrai pour certaines entreprises ou, encore, pour certains intermédiaires. Prenons le cas de la dernière assemblée générale de Tunisair. En lisant le compte-rendu de l’un des intermédiaires de la place, on dirait que le rédacteur n’a pas assisté à la véritable assemblée. De son compte-rendu, on ne peut lire que tout ce qui va bien. Rien de ce qui pourrait ébranler l’investisseur n’a été signalé. Or cette stratégie de langue de bois entame la crédibilité du support et de l’intermédiaire en qui l’investisseur ne peut plus faire confiance. Cet actionnaire aura l’impression, à raison, que son intermédiaire lui cache des choses.
La même remarque s’impose lors des introductions en bourse. A chaque introduction, c’est la même rengaine : les intermédiaires en bourse se bousculent pour recommander la souscription. Aucun d’eux n’a publié, un jour, un communiqué pour dire aux investisseurs : « Attention, ne souscrivez pas ! Attention, n’achetez pas cette action ! »
De notre côté, nous autres médias, nous essayons tant bien que mal de glaner des infos ici ou ailleurs, mais il arrive souvent qu’on nous oppose le niet catégorique : pas d’informations ! Pire, certaines entreprises mettent des vigiles aux portes des assemblées pour empêcher l’accès aux médias. Ce n’est certainement pas ainsi qu’on encouragera la vulgarisation de l’information boursière.
Avec des investisseurs inquiets, des entreprises frileuses à donner une bonne information et des intermédiaires réfractaires à donner la véritable météo, la bourse tunisienne ne peut jamais évoluer dans des conditions optimales, en dépit de ses bons résultats enregistrés les années passées.
Le sujet a été débattu plus d’une fois. Une réunion a même eu lieu entre l’Association des intermédiaires en bourse et la presse spécialisée, avec un débat franc et à bâtons rompus. Quelles ont été les suites de cette réunion ? Aucune !
sur le fil
18:18
« Je n’entends plus, je ne vois plus ! » : le cri d’alerte de Habib Ellouz ignoré en pleine audience
Dans la même Rubrique

Location estivale, ce business qui échappe au fisc
23/06/2025
4
Commentaires
Pépites

Décès du journaliste Walid Tlili
19/06/2025
3

Lycée pilote : le prix amer de l’excellence
19/06/2025
3