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Abdelkader Boudriga : la conclusion d'un accord avec le FMI au mois d'avril est improbable
28/02/2022 | 10:21
5 min
Abdelkader Boudriga : la conclusion d'un accord avec le FMI au mois d'avril est improbable


Le président du Cercle des Financiers Tunisiens (CFT), Abdelkader Boudriga, a considéré que la conclusion d’un accord entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) au mois d’avril était improbable en raison du conflit en Ukraine. « Nous devons étudier les mesures à prendre pour les dix prochaines années et non-pas se contenter de réfléchir sur les salaires de l’année 2022… L’amélioration de la situation des entreprises publiques ne représente pas un programme économique… Nous devons avoir les yeux rivés sur le futur », a-t-il poursuivi.

Invité le 28 février 2022 par Hatem Ben Amara sur les ondes de la Radio Nationale, Abdelkader Boudriga s’est interrogé sur le programme présenté lors de la visite virtuelle du FMI. « A-t-on présenté le programme fuité en décembre 2021 ? Ce document prévoit un taux de croissance de 2,5% et 3%. Ce taux n’est pas suffisant et ne répond pas aux attentes du peuple tunisien… Nous avons la possibilité d’avancer… Nous n’avons pas pu débattre de la migration de nos compétences vers l’Europe », a-t-il ajouté.


Evoquant la démographie de l’Europe, Abdelkader Boudriga a estimé que les pays appartenant à ce continent adoptaient une politique de recrutement des compétences tunisiennes afin de lutter contre le vieillissement des leurs sociétés.

« La Tunisie a perdu des années dans la formation de ces personnes… Comment remplacer ce manque ? Il ne s’agit pas de quelques dizaines… Nous devons évoquer cet élément lors des négociations... La Tunisie se trouve dans l’obligation d’emprunter à un taux avoisinant les 15% et à 12% en cas d’accord avec le FMI... En contrepartie, le Maroc contracte des prêts à 3% et à 4% et la Côte d’Ivoire à 6% et à 7%... La Côte d’Ivoire, est-elle meilleure que la Tunisie ? Non, nous avons choisi d’être au centre d’un tourbillon d’endettement… Les bailleurs de fonds cherchaient à nous séduire en 2012 et en 2013… Ils ont encouragé la mauvaise gestion de dons et prêts en continuant à nous les accorder », a-t-il déploré.


Le président du CFT a évoqué la hausse de la masse salariale. Il a expliqué que ceci engendrait des dépenses supplémentaires (impôts et couverture sociale). Il a estimé les dépenses à ce sujet aux alentours de 2 milliards de dinars par mois. « Malgré la hausse de la masse salariale, le niveau de vie et le pouvoir d’achat se sont détériorés, car on ne s’est pas penché sur la création de richesse… Personne n’a pris en considération la situation de la classe moyenne. Elle a été appauvrie durant les dernières années », a-t-il déploré.



Abdelkader Boudriga a souligné la fragilité de la situation financière. Il a considéré que la Tunisie devait continuer à emprunter sur le marché national. Il a mis en garde contre les prêts en devise en raison de la crise économique. D’après lui, les emprunts contractés au niveau du marché local auront moins d’impact que les prêts étrangers. « On ne parle plus d’investissements des prêts et de leurs utilisations, mais de bouclage du budget de l’Etat », a-t-il ajouté.

Concernant l’impact du conflit russo-ukrainien, le président du CFT a insisté sur l’impact sur les importations en blé et sur la hausse du prix de ce produit. Il a mentionné la hausse du prix du baril de pétrole. Abdelkader Bourdiga a, également, mentionné l’importance du marché russe dans le secteur touristique. « La fermeture de l’espace aérien aux Russes aura un impact négatif sur le coût des vols et du transport… Nous devrions créer une cellule de crise afin d’étudier l’impact économique de cette crise… Contrairement aux pays européens, aucun rapport n’a été publié en Tunisie à ce sujet », a-t-il déploré.

Abdelkader Bourdiga a déploré l’absence de réformes profondes et de développements des politiques publiques. Il a déploré l’utilisation de vieilles méthodes dans la création de structures et la mise en place de procédures.

 

S.G

28/02/2022 | 10:21
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