L’ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Zied Laâdhari, était l’invité ce mercredi 4 décembre 2019, d’Elyes Gharbi sur Mosaïque FM.
Zied Laâdhari a estimé lors de son intervention que le système politique tunisien ainsi que les modèles de gouvernance et de pilotage doivent impérativement changer pour sortir le pays de la crise.
« Nous sommes parvenus à régler quelques problèmes et à améliorer certaines choses mais le tableau global reste mitigé. On ne pourra pas avancer si on persiste dans ce système politique qui éparpille les décisions. Aujourd’hui qu’on gagne des élections avec 70% des voix ou plus ne change rien et ne nous permet pas de prendre des décisions pour les assumer. On se plie aux manifestations, on réagit aux revendications et on procède à des réformes cosmétiques car aucun gouvernant n’est capable de prendre les décisions qu’il estime nécessaires » a expliqué Zied Laâdhari, ajoutant que l’orientation actuelle que prend le processus de formation du gouvernement et les décisions prises par son parti l’ont poussé à « tirer la sonnette d’alarme ».
« Je ne vois pas aujourd’hui la vision qui permettrait d’effectuer le changement qui s’impose, cela n’a rien à avoir avec Habib Jamli en tant que personne, mais c’est tout le système que je conteste. On dresse des constats, on fait fi des réalités et on ne propose pas des solutions viables. Si on veut vraiment secouer les choses il faut vraiment mettre sur la table les vraies priorités et c’est là tout le problème. Quand je vois des partis exiger tel ou tel ministère je me dis qu’on est loin de cette vision » a-t-il ajouté.
M. Laâdhari a affirmé qu’il a exprimé ses convictions au sein de son parti et qu’il a décidé de se retirer quand il a vu qu’un contexte décisif l’exigeait, commentant sa démission d’Ennahdha.
« Peut-être que Jamli va nous surprendre, qui sait. Mais aujourd’hui les discussions ne portent pas sur les gros problèmes que sont les réformes des finances publiques, du système de subventions, du financement des infrastructures, de la réforme du système éducatif etc. Ma démission n’a rien de personnel, pour moi l’important est que le pays avance. Maintenant on dit que j’aurais défendu lors du 31ème congrès le fait que le nouveau chef du gouvernement devrait être issu d’Ennahdha, c’est faux puisque je n’y étais même pas. Je ne veux pas que le débat devienne personnel, c’est une affaire de vision et mon sentiment est qu’aujourd’hui nous ne rassemblons pas les conditions de réussite pour le pays. Il faut réparer la machine et c’est l’appel que j’adresse à tous les partis. Sans vision et partenaires cela reste impossible, je ne peux pas adhérer à un système qui navigue à vue. C’est pour cela que je réitère que je n’aspire à aucun poste au sein du gouvernement, je veux rester libre d’exprimer mes convictions. Il a fallu que je fasse un choix, mes convictions ou le poste et j’ai choisi mes convictions » a-t-il confié.
Zied Laâdhari, qui a subi de nombreuses attaques depuis sa démission d’Ennahdha, a enfin répondu aux propos l’accusant d’être « jaloux » de Habib Jamli, qu’il n’ambitionne aucun poste dans le gouvernement ni dans la direction de son ancien parti.
« Qu’ils disent ce qu’ils veulent, je ne suis pas au-dessus de la critique ni des attaques. J’ai quitté un parti qui a gagné les éléctions, dont le chef est le président de l’ARP. Un opportuniste quitterait son parti s’il échoue. J’ai exprimé une position et apparemment c’est difficile à comprendre pour certains » a-t-il conclu.
M.B.Z
