Par Nizar Bahloul
Deux-cent-seize partis ! Du parti unique sous Bourguiba aux 216 atteints aujourd’hui sous Caïd Essebsi, la Tunisie a fait du chemin en matière de multipartisme et de démocratie. La véritable hémorragie a atteint son apogée en 2011 quand on a décidé, du jour au lendemain, qu’on allait être un pays démocrate. Nous avons rapidement déchanté en constatant, à nos dépens et contrairement à ce qu’on nous disait, que la démocratie dont nous jouissons ne signifie pas essor économique. Que la liberté dont nous jouissons, signifie aussi et pour beaucoup d’entre nous, anarchie. Que cette démocratie signifie, aussi, d’accepter l’autre qu’ils soient islamistes ou communistes, qu’ils s’appellent Bahri Jelassi ou Hechmi Hamdi. On nous a et on a longtemps chanté les louanges de la démocratie, mais on ne nous a pas prévenus que celle-ci se conjugue, aussi et obligatoirement, avec la manipulation des médias, des lobbys, de l’argent sale, des peaux de banane et du mensonge.
C’est bien beau d’avoir deux-cent-seize partis, mais à quoi servent-ils si nous n’avons aucun programme sociétal et économique autour duquel nous sommes d’accord ? A quoi servent les 216 partis si leur objectif commun est de conquérir le pouvoir au lieu d’imposer une vision pour la Tunisie et les générations à venir ?
Le dernier né des partis a été lancé hier à Monastir, berceau du leader Habib Bourguiba. Jusqu’à quand va-t-on puiser dans cette banque idéologique de Bourguiba ? Le projet a été lancé par Selim Azzabi, ancien chef de cabinet de Béji Caïd Essebsi, et tourne autour du personnage de Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement nommé par le même Béji Caïd Essebsi.
Ce projet a pris pour nom « Tahya Tounes » (vive la Tunisie) qui reflète une ignorance totale des règles basiques du « naming ». Il parait que le nom a été démocratiquement choisi. C’est cela aussi la démocratie. Quand la majorité idiote décide de commettre une bêtise, eh ben la minorité sensée doit la suivre dans sa bêtise et se taire ! On a une idée de ce que la démocratie peut engendrer comme bêtises. Cela va de Moncef Marzouki à Donald Trump en passant par George W. Bush et Nicolás Maduro.
La majorité des membres de ce nouveau mouvement politique a donc choisi de créer un parti ayant « Tahya Tounes » pour patronyme. On verra où cela va mener, mais le doute est permis. On a une idée de ce que les partis politiques de ce genre peuvent engendrer comme bêtises. Cela va du « Machrouû » de Mohsen Marzouk (ancien directeur de campagne et conseiller de Caïd Essebsi) au « Badil » de Mehdi Jomâa (ancien chef du gouvernement) en passant par « Tounes awalan » de Ridha Belhaj (ancien chef de cabinet de Caïd Essebsi).
« Tahya Tounes » a le chic de réunir en un seul parti toutes les expériences ratées des partis-jumeaux créés par des personnes ayant un profil identique à ses fondateurs.
Selim Azzabi and co sont donc en train de prendre les mêmes ingrédients, d’appliquer la même recette et espèrent obtenir un résultat différent. Il ne va être que le clone des « Badil », « Machrouû » et « Tounes Awalan », mais il croit au père Noël et tient à courir derrière les mirages.
Le point commun des 216 partis, et notamment de leurs fondateurs, c’est leur ego surdimensionné ! Tous croient qu’ils sont les meilleurs, tous croient qu’ils détiennent la science infuse, tous croient avoir la solution miracle pour sauver le pays, tous croient que les autres sont mauvais. Écoutez Moncef Marzouki, écoutez Mohsen Marzouk, écoutez Saïd Aïdi, écoutez Bahri Jelassi, écoutez Hechmi Hamdi, écoutez Adel Almi, écoutez Lotfi Mraïhi, ils ont une seule et unique colonne vertébrale dans leur discours : « Je suis meilleur que les autres, la solution c’est moi, les autres sont nuls ».
Que Youssef Chahed (ou Selim Azzabi) lance donc un parti, qu’il croie en ses capacités, le résultat sera sans appel : il bénéficiera au camp adverse, celui des islamistes. Il divisera et dispersera les voix républicaines, laïques et centristes et ne gagnera (si jamais il gagne) que des clopinettes à l’arrivée et sera obligé de composer avec Ennahdha (au cas où il est premier) ou de composer avec Ennahdha (si jamais il arrive deuxième). Dans un cas comme dans l’autre, Ennahdha sera là avec ce micro-parti centriste et dans un cas comme dans l’autre, ce duo vainqueur des élections ne pourra pas gouverner, comme il l’entend, car les véritables gouvernants dans ce monde moderne s’appellent le FMI, les syndicats et les lobbys.
La solution n’est pas dans la création d'un nouveau parti, mais dans l’unité des partis qui existent déjà (une sorte de Front) pour appliquer, comme il se doit, les solutions que nous imposent la realpolitik, telles que nous les dictent les forces réelles du terrain que sont le FMI, les syndicats et les lobbys.
Que l’on ne se leurre pas, si vous n’avez pas réussi à trouver une solution pour votre propre famille politique, vous n’allez pas trouver de solution pour la Tunisie. Si vous n’avez pas réussi à unir votre propre famille, vous n’allez pas unir les Tunisiens. Si vous vous êtes résigné devant Hafedh Caïd Essebsi (ah ce qu’il est fort ce Hafedh !), vous allez vous résigner devant les problèmes des Tunisiens !
Les problèmes de la Tunisie sont identifiés. La solution n’est pas dans la multiplication des partis, mais dans leur unité pour dire aux Tunisiens leurs quatre vérités. Le paradoxe est qu’aucun de ces leaders de partis à l’ego surdimensionné n’a dit aux Tunisiens ce qu’ils n’aiment pas entendre. Tous leur disent : vous méritez mieux et vous êtes beaux, gentils et pacifiques. Aucun ne dit aux Tunisiens : travaillez, travaillez, travaillez ! Cessez d’exiger de l’assistanat, des compensations, des augmentations, des indemnisations et sacrifiez-vous !
Dire aux Tunisiens ce qu’ils n’aiment pas entendre est très coûteux électoralement parlant, mais la vérité finit toujours par remonter à la surface et quand elle rejaillit, elle fera mal, la Grèce en témoigne ! Mentir aux électeurs, tricher et se cacher derrière la « démocratie » pour s’imposer contre vents et marées finit toujours par coûter très cher, Zine El Abidine Ben Ali, Mohamed Morsi et Nicolás Maduro en témoignent.
Commentaires (32)
CommenterA bons entendeurs.
UN '?CHEC AU GOUT D'UNE VICTOIRE
C'est quoi ça comme summum de lucidité et d'impartialité politiques !!! (2 ème partie)
Par contre, regardez l'Egypte, qui se veut être «moderne» plus proche des ennemis de l'Islam et des occupants de ses terres, de son gaz et de son pétrole, que de la religion musulmane de son propre peuple. Rien ne l'attend que la pauvreté, l'humiliation et le colonialisme.
Les aveugles d'âmes n'arrivent pas encore à le réaliser.
J'ai cherché à traduire le mot «Bassira» en français, en allemand ou en d'autres langues. Impossible d'y trouver une traduction réaliste, en harmonie totale avec son sens linguistique en Islam. Clairvoyance, lucidité, perspicacité et patati-patata, n'égalent jamais le sens de la «Bassira» qu'on connaît dans notre quotidien musulman.
Donc, que nos politiciens cessent de tourner autour du pot, dans l'idée de vaincre le parti d'Ennahdha, sans le combattre par ses propres armes. Et ses armes ne sont autres que le respect de l'Islam. Les peuples musulmans le veulent, l'attendent et le demandent de leurs politiciens musulmans. Les Tunisiens ne diffèrent en rien du tout, des autres peuples musulmans. Celui qui ne l'a pas encore remarqué ou constaté, n'est qu'aveugle du coeur et de l'âme.
Que le parti de Nidaa Tounes ou de Tahia Tounes ou de Machrou Tounes, organisent une bonne prière du vendredi à l'avenue Bourguiba, à l'avenue Mohamed V ou à la grande place de la Casbah, et je paris qu'ils dépasseront le parti d'Ennahdha dans les prochaines élections législatives.
Une autre solution, n'existe pas, même si tous les 215 partis politiques de la Tunisie,fusionnent en un seul part.
Rira bien qui rira le dernier.
C'est quoi ça comme summum de lucidité et d'impartialité politiques !!! (1ère partie)
J'ai relu cet article trois fois à intervalles de plus de trois heures, avec une avidité allant jusqu'à l'insatiabilité. Tellement l'honnêteté et l'objectivité de Nizar Bahloul, s'avèrent de retour, bien qu'entachées d'une toute petite nuance de vengeance nominative, à laquelle ne manque encore que Sihèm Ben Sedrine. Mais, c'est plus qu'humaine et c'est un droit personnel.
Reste le noyau du sujet, concernant toute cette perturbation de ces poissons, qui suffoquent à l'air pur de cette merveilleuse vraie démocratie tunisienne, où ils se sentent totalement perdus.
Je parie avec qui voudrait parier, qu'aucune solution ne pourra jamais plus être trouvée en Tunisie, pour faire l'équilibre et la vraie concurrence avec le parti d'Ennahdha, tant que les autres partis politiques, insistent à utiliser le caractère «laïque», comme principe doctrinal pour leurs partis politiques et comme marque extravagante de leurs dirigeants.
Je suis Tunisien arabe et musulman. Ceux qui m'honorent d'être un Musulman strictement religieux et pieux, en m'offrant le diplôme tant rêvé de «islamiste», doivent reconnaître leur erreur. Ce que j'écris ici, n'appartient vraiment pas à ma propre personne. Il est à mille pour cent extrait de l'avis de la quasi totalité des Tunisiens musulmans, comme d'ailleurs, il est extrait de la quasi majorité de tous les peuples musulmans de ce monde. La preuve, c'est que partout où il y a des élections libres et démocratiques dans les pays arabes, toujours les partis à tendance religieuse musulmane, raflent les voix des électeurs. Une vérité, qu'aucun sage parmi nos politiciens ne voudrait la reconnaître.
D'aucuns de ces «Francisés» ne veulent reconnaître, que le malheur de tous les peuples arabes et musulmans, ne réside en vérité, que dans la trahison de ceux qui se nomment «laïcs» parmi eux. Au lieu d'utiliser leur laïcisme en respect à l'Islam et à ses peuples, ils transforment le mot «laïc» en ennemi de l'Islam.qui ont affaibli leur religion musulmane aux services de leurs propres ennemis. Ils parlent d'une laïcité, qui ne repose que sur une décadence morale à 180° de l'autre côté de l'Islam. Ce même Islam qui n'est pas une religion comme les autres. L'Islam est tout un paquet d'un mode de vie des plus honnêtes sur ce globe terrestre. Sa gigantesque expansion de par les quatre coins du monde, ne réside que dans ce paquet d'honnêteté qui gère le quotidien du Musulman. Que cette honnêteté soit véridique ou théâtrale comme c'est le cas chez les uns ou chez les autres, cela demeure de très et de trop loin, mieux que de reconnaître son hostilité contre sa propre société, au profit des ennemis de ses propres ancêtres.
Ceux qui nous jouent aux aveugles et ne veulent pas mettre fin à ce suicide politique en Tunisie, en criant leurs cocoricos de «laïcs» et de «laïcité», tout en encourageant les ennemis de l'Islam à mettre leurs mains sur notre Tunisie arabe et musulmane, ceux-là ne réussiront jamais à battre le parti d'Ennahdha aux prochaines élections. On l'a vu et vécu au Pakistan, en Turquie, en Iran, en Egypte, en Algérie, au Maroc et nous allons le voir même en Libye, lorsqu'ils auront des élections démocratiques. La Tunisie ne diffère pas des autres pays musulmans, malgré tout le sabotage et toute cette propagande anti-musulmane des «Francisés».
Donc, je garantis à tous ces malins, qui coopèrent, s'unissent, créent de nouveaux partis politiques et promettent au peuple tunisien toutes les étoiles du ciel, que rien ne les aidera plus pour concurrencer le parti d'Ennahdha, que d'essayer de trouver un discours d'approche politique à la religion du peuple tunisien, l'Islam. Ce discours de «laïcité», de «islamistes» et du modernisme des «Francisés», n'a fait que hausser le taux électoral du parti d'Ennahdha.
Je ne suis candidat à aucune élection ...
C'est pour ça que je peux parler de cet instinct, de cette envie irrésistible de toute personne qui détient un pouvoir de nuisance de mettre en application toutes ses capacités et dons innés à cette oeuvre d'auto-destruction !
NUISANCE
Ecrit par A4 - Tunis, le 23 Janvier 2019
Moi je plains tous ces enfants
Je plains ces pauvres marmots
Qui sautillent insouciants
Les pieds nus dans les flaques d'eau
Je plains ces petits gamins
Qui rigolent tous en ch'?ur
Qui colorient des dessins
Y mettant plein de couleurs
Moi je plains ces petits qui
Par malchance ont des parents
Qui s'inventent des acquis
Archaïques et aberrants
Des parents qui veulent tout
Mais qui n'ont rien dans la tête
Mis à part des désirs fous
Ne laissant que plein de dettes
Je les plains car moi je sais
Que quand finit la récré
Pas de tirelire à casser
Aucun trait n'est à tirer
Moi je sais que c'est à eux
De vider toutes leurs poches
Pour payer les goûts ruineux
De papa, maman et proches
Ils seront bien sûr contraints
De travailler comme des fous
Pour rembourser les emprunts
Des fainéants et des voyous
Ils ne seront qu'obligés
De se griller les méninges
Pour trouver comment payer
Avec cette monnaie de singe
Je suis sûr qu'ils auront honte
De cette lignée de ratés
Qui n'a laissé dans ses comptes
Que des trous à colmater
Je les plains ces pauvres mômes
Qui se font bien arnaquer
Par des ignares, des sous-hommes
Voraces et mal éduqués
Je plains ce maudit pays
Sans ressort et sans déclic
Où chacun nous envahit
Avec ses plans diaboliques
Puis avec délectation
Et en toute insolence
Il met en application
Son pouvoir de nuisance
Les Tunisiens ne veulent pas entendre la vérité
Sommes-nous une démocratie pour se permettre de l'accuser ?
Qu'est ce qui nous a manqué le plus?
L'application stricte des lois non liberticides.
Conséquences: paresse administrative et ouvrière (phosphates), emplois fictifs à la pelle, marché parallèle énorme, contrebande, mafias, grèves non stop payées quand même, blocage des voies, occupations, stockage illicite, et j'en oublie.
Accuser la démocratie alors que l'Etat de droit n'est pas respecté est une accusation injuste. Un principe de base de la démocratie est l'Etat de droit. S'il est absent, on ne peut parler d'Etat démocratique.
L'exemple du respect de l'Etat de droit doit venir de l'Etat lui-même en premier lieu. Malheureusement, quand la troïka s'auto-proroge son mandat initialement prévu à un an de deux ans, ou quand l'IVD se moque des quorums, des décisions de justice, et de la durée de son mandat, ceci n'incite pas du tout les citoyens à respecter le droit. Bien au contraire.
Par ailleurs, la clarté et la justesse de l'article sont impressionnants par contraste au désert de médiocrité où nous pataugeons.