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Success Story - Emna Ben Ali : Innover n’est pas impossible en Tunisie !
01/04/2018 | 15:59
7 min
Success Story - Emna Ben Ali : Innover n’est pas impossible en Tunisie !

 

Jeune, ambitieuse et pétillante d’énergie, Emna Ben Ali, 25 ans, et déjà fondatrice, depuis juillet 2015, de sa propre entreprise, la Société tunisienne d’électronique (SOTUNEC), a créé un projet unique et innovant dans le secteur des TIC. Une initiative consiste en une invention qui porte sur la centralisation de l’éclairage public par internet, et qui pourrait, aujourd’hui, révolutionner le domaine de l’électronique et de l’automatisation industrielle. Retour sur le parcours impressionnant d’une jeune tunisienne brillante et déterminée.

 

Le choix déterminant du cursus universitaire

Après avoir décroché son baccalauréat en sciences techniques, Emna Ben Ali a fait 3 ans d’études à l’Institut supérieur des études technologiques de Radès (ISET). N’étant pas son premier choix, Emna n’était pas satisfaite des résultats de l’orientation, mais cette contrariété s’est vite dissipée quand elle a découvert le monde des technologies. Elle a choisi de se spécialiser dans l’automatisme et l’informatique industrielle et passé deux stages académiques, par la suite, au sein de la direction régionale de l’équipement dans le gouvernorat de Ben Arous.

« ISET Radès n’était pas mon premier choix, je voulais intégrer l’Institut préparatoire des études d’ingénieur car c’était pour moi le parcours ordinaire d’une élève comme moi. Cependant, pour des raisons personnelles, j’ai dû choisir l’ISET et je n’étais pas contente de mon choix. J’ai été en larmes même quand j’ai appris les résultats de l’orientation, mais là je ne regrette pas ce choix et je suis très contente, à mes yeux l’ISET est le meilleur institut qui puisse exister ! », a-t-elle expliqué.

 

Aux origines du projet

Curieuse et attentive pendant ses deux stages au sein de la direction régionale de l’équipement à Ben Arous, la jeune Emna, à peine 21 ans à l’époque, a eu l’idée de créer son projet. Un produit simple au début, mais qu’elle ne cessait de le développer au fur et à mesure.

« J’ai commencé à concevoir l’idée de mon produit depuis 2014. C’était au début, une petite horloge commandée par SMS, juste un petit boitier avec quelques composants visant à apporter une solution aux problèmes de l’éclairage public que j’ai de plus en plus remarqué lors de mes deux stages au sein de la direction régionale de l’équipement à Ben Arous.

 En effet, le problème le plus important que j’ai pu relever durant mes stages est celui du temps réel. On remarque souvent, à titre d’exemple, que les lampes qui se trouvent partout dans les rues fonctionnent pendant la journée mais non pendant la soirée, ce qui représente du gaspillage et engendre une facture très élevée de l’éclairage public. Avec mon produit, on a résolu le problème du temps réel. Par le biais d’un seul SMS, il est devenu possible de superviser l’éclairage public et ce en contrôlant la tranche horaire du fonctionnement de ces lampes et surtout quand elles doivent être éteintes », a précisé Emna.

 

La phase de maturité

« J’ai commencé par la suite à développer graduellement mon produit, en y ajoutant une autre fonction qui est la commande à distance. Cette idée consiste à contrôler le fonctionnement des lampes de l’éclairage public par SMS sans que l’agent chargé de cela ne se déplace. Le produit a permis de savoir si une lampe est allumée ou éteinte et ce en envoyant une notification au numéro personnel du responsable qu’il soit chef d’équipe ou maire, il facilite ainsi le changement de cette lampe sans avoir à attendre la plainte d’un citoyen ou un éventuel entretien. On vise à économiser directement l’argent dépensé dans les factures exorbitantes. Indirectement on économise le temps, l’énergie et le carburant que l’agent utiliserait afin de se déplacer et détecter laquelle des lampes doit être changée », a indiqué Emna.

La jeune femme avait participé avec son projet  à un concours national en 2014, décrochant  le deuxième prix du meilleur plan d’affaires, et c’est ce prix là qui lui a permis de se lancer. Elle a, par ailleurs, décroché le trophée de la Femme entrepreneur pour sa distinction en tant que lauréate du concours Startup Awards Tunis.

Le bébé de Emna a peu à peu grandi. Elle se déplaçait auprès des municipalités, des gouvernorats (Tunis, Nabeul, Ben Arous) ainsi que des ministères à l’instar du ministère de l’Equipement afin de promouvoir son projet. Et c’est depuis 2016 que la supervision des défauts et la commande à distance est devenue possible par internet, outre les SMS.

 

L’ouverture sur des marchés étrangers

« Je suis fière de dire qu’aujourd’hui mon produit est exporté à deux pays africains qui sont le Niger et le Sénégal et sera bientôt disponible en Côte d’Ivoire. Il s’agit de 6 unités mais c’est quand même un début. Mon histoire avec l’exportation a commencé lors de ma participation en 2015 au SITIC AFRICA où j’avais établi des contacts, et c’est ces mêmes contacts qui sont revenus vers moi en 2016 afin d’obtenir mon produit. Ce salon est, véritablement, une occasion pour les partenariats, les affaires de coopération et les échanges entre les entreprises tunisiennes et leurs homologues africaines et cela m’a permis de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger », a affirmé Emna.

La jeune femme espère prochainement exporter son produit au reste des pays africains, soulignant toutefois que la différence entre le client africain et le client tunisien est que ce dernier ne faisait pas confiance au produit tunisien. « En Tunisie, plusieurs clients comme les départements ou les particuliers sont hésitants à acheter mon produit, ils veulent l’essayer avant et cela est compréhensible bien que certains clients passent 2 ans à essayer mon produit sans l’acheter. Je n’ai pas rencontré ce genre de problème avec les clients africains qui n’ont pas demandé une période d’essai et qui m’ont fait une confiance aveugle car tôt ou tard mon produit finit par s’imposer », a-t-elle expliqué.

 

Message aux jeunes promoteurs : il faut oser, rien n’est impossible !

Emna nous a confié qu’elle n’a pas rencontré de difficultés dans le lancement de son projet « contrairement à ce que les jeunes entrepreneurs prétendent ». Elle a déclaré que le financement n’a pas représenté un obstacle pour elle et qu’il y’avait plusieurs moyens d’obtenir tout le financement nécessaire à un projet.

« Il y’a les prix d’innovation qui peuvent aider énormément dans le lancement du projet, il y’a aussi beaucoup de mesures qui facilitent l’obtention d’un crédit notamment les crédites destinées aux femmes entrepreneures avec 0% de taux d’intérêt de la part de la BTS en partenariat avec le ministère de la Femme. Ce qui me permettra d’acheter plus de matériel quand mon projet va s’élargir sans avoir à recourir à la sous-traitance pour préparer mes commandes. Concernant le prototypage, le ministère de l’Industrie  rembourse la valeur de 50% du montant dépensé pour faire le prototype, c’est vraiment génial », a ajouté Emna.

Elle a indiqué en outre que son projet n’aurait pas été possible sans la collaboration de la pépinière d’entreprises qui octroient plusieurs avantages aux jeunes promoteurs notamment un bas prix pour le loyer du siège de leurs sociétés, un coaching ainsi qu’une formation en création d’entreprises. Elle a également souligné le rôle de l’ISET d’encourager les jeunes étudiants à innover et à créer des projets.

« L’ISET a adopté mon projet, et là mon produit est utilisé dans tous les départements au sein de l’institut, que ce soit au niveau de l’éclairage ou du système de climatisation. Tout le système pourrait, évidemment, être contrôlé par une connexion internet ou par SMS », a-t-elle affirmé.

 

Futurs projets et aspirations

Interrogée sur ses futurs projets, Emna a affirmé qu’elle travaille actuellement sur un projet de Smart Home (maison intelligente) qui pourrait être commandée et supervisée à distance.

« Il est vrai que les Smart House existent aujourd’hui, toutefois le système avec lequel elles fonctionnent est vendu à un prix très élevé. Ce que je propose c’est le même concept mais à uniquement 10% du coût et qui peut être opéré par la 2G sans avoir besoin d’une connexion wifi », a-t-elle dit.

Emna, la jeune innovatrice, a conclu en disant qu’elle espère étendre son projet sur tous les gouvernorats de la Tunisie, indiquant qu’elle avait déjà présenté son projet au ministère de l’Equipement pour qu’il mette en place une centralisation totale avec une grande interface afin de contrôler les différents systèmes électroniques partout sur le territoire tunisien.

« Les responsables au sein du ministère étaient très contents de mon projet, hélas la complexité des procédures administratives ainsi que la lenteur au niveau de l’administration ont fait que ce projet soit jusqu’à présent bloqué », a-t-elle dit.

 

Boutheïna Laâtar

01/04/2018 | 15:59
7 min
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Commentaires (5)

Commenter

ByrsaOxHide
| 04-04-2018 04:43
Il n'y a rien d'innovant et cette "idee" n'est que du recyclage pur et simple. Ce concept s'appelle IoT, Internet Of Things. Il n'y a RIEN d'innovant, absolument RIEN.

keftagi
| 02-04-2018 14:15
Avec un nom de famille aussi Prestigieux !!!!!!!!!!!!!

DHEJ
| 02-04-2018 11:42
" hélas la complexité des procédures administratives ainsi que la lenteur au niveau de l'administration"!

lechef
| 01-04-2018 22:34
Des idées simples mais fructueuses ! Bonne continuation dans le chemin du savoir et de la recherche.
Si on veut, on peut. Un exemple à suivre.
BONNE chance

Dr. Jamel Tazarki
| 01-04-2018 20:58
Très Chère Compatriote,
je trouve votre idée/initiative est extraordinaire, par contre je vous propose de l'appliquer non seulement à contrôler le bon fonctionnement des lampes de l'éclairage public mais aussi et en tant qu'exemple afin de contrôler le bon fonctionnement des éléments des serveurs internets et des serveurs des grandes et petites entreprises et d'informer ainsi les administrateurs par SMS à temps afin qu'ils agissent promptement et éviter une panne globale du réseau informatique! Exemple: une panne d'un des ventilateurs d'un serveur de réseaux informatiques pourrait avoir de graves conséquences pour une entreprise, si le microprocesseur commence à déconner (faire de faux calculs) à cause du surchauffage!


Bonne Continuation

Jamel Tazarki