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Santé- Syndicat : point de non retour ou retour à la raison ?
26/04/2016 | 19:59
6 min
Santé- Syndicat : point de non retour ou retour à la raison ?

Le bras de fer entre le syndicat du secteur de la santé et Saïd Aïdi, ministre de la Santé, semble s’éterniser. Entre un ministre qui tient à sa décision et un syndicat qui la refuse catégoriquement, un long feuilleton animé de déclarations incendiaires et d’une guerre de communiqués. Retour sur un clivage qui persiste…



Tout a commencé lorsque le ministre de la Santé Saïd Aïdi a annoncé qu’il prendra une série de mesures urgentes en faveur de l’hôpital Habib Bourguiba à Sfax. C’était suite à une visite qu’il a rendue audit hôpital le vendredi 10 juillet 2015. Elle a été suivie d'une autre inopinée, dans la soirée, où il a constaté beaucoup de manquements au niveau de l’hygiène et des services rendus.

Chose dite, chose faite. Saïd Aïdi a décidé, alors, le lundi 13 juillet 2015, de limoger le directeur régional de la Santé à Sfax, le directeur général de l’hôpital universitaire Hédi Chaker, le directeur général de l’hôpital universitaire Habib Bourguiba ainsi que les responsables de l’hygiène dans les deux établissements. M. Aïdi, désigne Chokri Tounsi, colonel major à la tête du CHU Habib Bourguiba, et ce fût, le véritable déclencheur d’une guerre entre les syndicalistes et le ministre.

En effet, les syndicalistes ont refusé « catégoriquement » cette nouvelle nomination habituellement réservée aux civils, considérant qu’elle est contraire aux lois internationales du travail, selon la centrale syndicale.

D’ailleurs, M. Tounsi, n’a pu prendre ses fonctions que le mercredi 16 septembre 2015 « par la force publique ». Il est entré accompagné d’un « impressionnant dispositif sécuritaire ». Ce qui a été considéré comme une véritable démonstration de force.
« Cette prise de fonction est refusée catégoriquement au sein de l’établissement, mais aussi au niveau régional et national », avait déclaré le secrétaire général adjoint du syndicat de la santé de l'hôpital, Abidi Kébili, affirmant que le personnel de l’hôpital de Habib Bourguiba à Sfax tient à ce que l’institution demeure « 100% républicaine » et ne soit pas gérée par un militaire.



Pour sa part, Saïd Aïdi, a indiqué que la nomination de Chokri Tounsi à la direction de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax est, comme toutes les nominations de directeurs généraux des hôpitaux publics, du ressort du ministère de la Santé qui l’a prise après consultations et aval du Conseil des ministres.
Il a ajouté que cette décision est irrévocable et que ceux qui sont contre cette nomination sont une minorité.

On notera, toutefois, que les agressions et les attaques subies par le directeur général de l’hôpital Habib Bourguiba à Sfax, l’ont empêché de prendre ses fonctions. Il exerce son travail en tant que directeur du CHU, depuis la direction régionale de la santé.



Mais, la manche était loin d’être gagnée, et la situation commençait à peine s’envenimer. Les communiqués fusaient de toutes parts, et ce n’était pas tout. Le 25 février, des syndicalistes de l’UGTT de Sfax ont observé, un rassemblement au cours duquel ils ont crié leur protestation contre les responsables au sein du ministère de la Santé appelant «les incompétents» d’entre eux à «déguerpir». Ils, ont, également, déversé un flot d’injures contre le ministre de la Santé, «Soit il revient sur les décisions prises contre ses maîtres, soit il va quitter son poste», indiqua Othmane Jallouli, secrétaire général de la Fédération générale de la santé, tout en insultant la mère du ministre.

Le ministère a exprimé, alors, son profond regret quant à la situation de chaos observée dans l’hôpital Habib Bourguiba. Une situation qui pourrait même conduire à la suspension des activités dans cette institution, ce qui privera des milliers d’habitants des services hospitaliers. Et d’ajouter que ces dépassements ont été constatés par l’équipe d’inspection en coopération avec la présidence du gouvernement. Ce qui a amené le ministère à prendre des décisions disciplinaires, notamment la mutation de certains agents et la suspension de 5 autres, afin de limiter ces abus et leurs conséquences.
Le ministère révèle, de ce fait, que le déficit budgétaire de l’hôpital Habib Bourguiba a atteint 33 millions de dinars, et ce jusqu’en septembre 2015.
Dans le même contexte, la Directrice générale des services spécialisés, au ministère de la Santé, Hanen Arfa, a indiqué que l’hôpital de Sfax est menacé et que ses dettes s’élèvent à 35 millions de dinars, ajoutant que certains fournisseurs menacent de ne plus traiter avec l’hôpital.



Toujours est-il, et malgré la détérioration de la situation de ce prestigieux établissement, la centrale syndicale n’a pas cessé de faire l’escalade. Une journée dite «  de colère » a été organisée, hier, par le syndicat devant le siège du ministère, en signe de protestation contre la nomination d’un militaire à la tête de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax, et ce, « à cause des accords conclus entre l’UGTT et le chef du gouvernement », selon Noureddine Taboubi, secrétaire général adjoint de l’UGTT.

Outre cette journée de colère,  Zouhair Ennasri, secrétaire général adjoint de la fédération nationale de la santé a informé qu’une grève générale sectorielle a été décidée le 28 avril 2016 sur tout le territoire tunisien.

Par, ailleurs, dans un dernier développement de la situation, Adel Zouaghi et quatre autres membres du bureau syndical de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax ont été arrêtés aujourd’hui mardi  26 avril 2016 selon la TAP.

L’arrestation a été décidée par le procureur général de la République près de la cour d’appel de Sfax Mohamed Abid et ce en vertu de l’article 136 du code pénal pour délit d’entrave à la liberté de travail.
M. Abid s’est exprimé sur le sujet et a indiqué que cette décision à été prise suite à la requête  déposée par  Chokri Tounsi, directeur général de l’hôpital Habib Bourguiba à Sfax.
 
En effet, les cinq syndicalistes avaient tenté d’empêcher une commission médicale d'accéder aux locaux de la direction de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax en leur fermant la porte au nez et en formant une chaîne humaine.  A noter que la commission médicale en question avait été dépêchée sur place par le ministère de la Santé.
 
En plus de cette décision, Mohamed Abid  a également ordonné l'ouverture d'une information judiciaire pour motif de corruption et de dilapidation des deniers publics au sein de l’hôpital et ce en vertu de l'article 31 du code de procédures pénales.


Finalement, la situation semble atteindre un point où les différentes parties intervenantes sont appelées à la retenue et à la modération. Ce, afin de démêler cet imbroglio qui menace de faire exploser tout un secteur vital qu’est la santé. La centrale syndicale a rarement été aussi mise sur la sellette, notamment auprès de l’opinion publique si l’on juge par les réactions hostiles enregistrées sur les réseaux sociaux.

 

Photo d'archives

26/04/2016 | 19:59
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Commentaires (12)

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Watani
| 06-05-2016 13:05
Ces individus destructeurs de la STABILITÉ et de ce qui reste de L'ÉCONOMIE NATIONALE doivent être jugés et traités sévèrement .pour la majorité d'eux le niveau scolaire est très BAS et ils osent défier des très haut ELITES! Bizarre ? .lire le verset du coran .(inama allahou yakcha men ibadihi el oulama ) par contre il semble que le gouvernement fait le CONTRAIRE avec ces individus ignorants dénudés du SENS DE PATRIOTISME .QUE DIEU NOUS PRESERVE DE CES INDIVIDUS .

HHh
| 28-04-2016 13:00
Devinette? Non évidence. Ce n'est ainsi qu'on avancera.

fethia
| 27-04-2016 16:35
L'UGTT veut, de nos jours, être un gouvernement parallèle qui nomme les hauts fonctionnaires et limoge ceux qui ne lui plaisent pas. Un syndicat aussi fort qu'il soit ne peut pas prendre la place d'un gouvernement, à chacun son rôle. Ce Zouaghi, aussi petit qu'il soit, mais soutenu par la centrale syndicale, veut partager ses prérogatives, à said el aidi le ministre de la santé. L'habitude a fait qu'à l'approche du congrès de l'ugtt, les batailles syndicalistes deviennent très rudes et chacun veut montrer sa force aux congressistes pour les convaincre qu'il est le meilleur à être élu au bureau exécutif, et ce , au dépens même des intérêts du pays. C'est ce que nous vivons aujourd'hui. La présence de Lassaad yacoubi avec les employés de la santé hier n'était pas fortuite, elle était calculée vu le nombre des adhérents des prof.de l'éducation et du sport(l'un des syndicats qui comptent le plus grand nombre d'adhérents) en plus de ceux de la santé, tous les 2 comptés comme des voix.

rachid
| 27-04-2016 14:33
on a la politique , les politiciens et les syndicats qu"on mérite !

Ataturk
| 27-04-2016 13:37
De jour en jour, le rôle destructeur des syndicats se confirme sous des prétextes saugrenus, tels que:"le droit à la grève est mentionné dans la constitution" ou encore "la liberté et la démocratie".
S'il y a quelqu'un qui a mal compris la liberté et la démocratie, c'est l'UGTT. C'est au nom de ces slogans qu'on conduit les institutions de l'état et les entreprises vers la faillite.
Petrofac va mettre la clé sous la porte à cause de sit-inners appuyés par l'UGTT, avec les conséquences dramatiques de perte d'emploi pour des dizaines de familles.
De même à l'hôpital de Sfax où corruption, mauvaise gestion, vol de médicaments par les employés sévissent. Tout cela avec l'appui de l'UGTT... Bravo Mr Abassi et cie!

DHEJ
| 27-04-2016 09:40
La débilité se soigne-t-elle au CHU Habib BOURGUIBA, un CHU qui porte bien son nom!

guesmi
| 27-04-2016 08:47
C'est le point de non retour ou c'est l'application de la loi qui régné ou c'est l'anarchie totale

Nephentes
| 27-04-2016 08:24
Le CHU de SFAX est emblématique de l'incroyable dérive de notre administration depuis les années 80.

De l'étranger, on reste hébété devant les comportements de certains "agents" de la Santé Publique, se demandant comment pareils voyous ont pu être recrutés au sein de l'administration d'un pays supposé émergent.

Le télescopage entre la vision et l'action d'un Aidi, et du parasitisme sans vergogne et *** de ces agents est inévitable : deux mondes, deux Tunisie s'affrontent.

Celle du travail, de la rigueur et de la civilisation

contre celle de l'anarchie bédouine défiant les bases d'une société civilisée fondée sur un État de Droit.

Je le dis et je le répète l'ère benali a coïncidé avec la destruction des fondements de la société tunisienne par l'infiltration et la propagation de mentalités bédouines criminogènes ce quia provoqué une impensable régression du pays.

Il faudrait des milliers de Aidi pour que ce pays devienne véritablement viable.

Simple citoyen
| 27-04-2016 00:48
Si vous devez subir une opération, souhaiteriez-vous être hospitalisé à l'hôpital public de Sfax ou à l'Hôpital Militaire de Tunis ?

Zaatour
| 26-04-2016 23:43
Il est temps de stopper la fuite en avant des soit disant syndicalistes. Il veulent conduire le pays à une faillite certaine. Que le gouvernement fasse preuve de fermeté pour mettre fin a ces récurrentes manifestations.