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Chroniques
Saïed et Ghannouchi, la cohabitation impossible ?
Par Sofiene Ben Hamida
29/12/2019 | 15:59
3 min
Saïed et Ghannouchi, la cohabitation impossible ?

Par Sofiene Ben Hamida

 

Les relations entre le président de la République Kaïs Saïed et le président du Parlement Rached Ghannouchi semblent se détériorer jour après jour, ce qui est désolant d’une part, mais prévisible et attendu d’autre part. Les tractations autour de la composition du gouvernement ne sont que le prélude d’une longue période de tension et d’animosité gantée entre les deux hommes.

 

Le système politique hybride tunisien, appelé système parlementaire aménagé favorise cette tension entre les pouvoirs, notamment le pouvoir législatif et les deux têtes du pouvoir exécutif. D’ailleurs, l’une des bizarreries de notre système politique actuel est de doter le pays de deux têtes de l’exécutif : le président de la République élu au suffrage universel et le chef du gouvernement qui n’est pas élu mais désigné par le parti politique qui détient le plus grand nombre de sièges à l’ARP. Paradoxalement, c’est le président du conseil des ministres qui détient l’essentiel du pouvoir exécutif et non le président de la République.

 

Au temps de la Troïka, cette animosité entre Carthage et la Kasbah a été à son comble à l’occasion de l’épisode Baghdadi Mahmoudi, ancien chef de gouvernement libyen, livré aux milices libyennes par le chef du gouvernement islamiste de l’époque, Hammadi Jebali, sans concertation avec le président provisoire Moncef Marzouki. De leur côté, les rapports entre le président défunt Béji Caïd Essebsi et le chef de gouvernement sortant Youssef Chahed ont pris des allures de guerre ouverte qui a tout détruit sur son passage et a livré le pays à l’inconnu.

 

Certains remarqueront que le cas présent concerne les relations entre Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi qui n’est pas l’un des chefs de l’exécutif mais le président du Parlement. C’est que le chef de gouvernement désigné, Habib Jamli, semble être une marionnette entre les mains de Ghannouchi et un simple paravent derrière lequel, le chef des islamistes continue de tirer les ficelles du jeu politique. Ceux qui ont assisté aux réunions entre Habib Jamli et les partis politiques avant l’effondrement de ces tractations, ont pu constater la nature des rapports entre le chef du gouvernement désigné et son mentor islamiste.

 

Le report, vendredi, de l’annonce de la composition du gouvernement entre donc dans le cadre de cette inimitié, pas entre Habib Jamli et Kaïs Saïed, mais entre ce dernier et Rached Ghannouchi. En réalité, un monde sépare les deux hommes sur le plan idéologique, politique et même personnel. Alors que Ghannouchi est ancré depuis plusieurs décennies, dans l’islamisme politique, une sphère où il est considéré comme l’un des penseurs des frères musulmans, Saïed ne se positionne pas clairement sur le plan idéologique même si certaines de ses idées politiques sont empruntées aux anarchistes du début du siècle dernier. C’est ce qui explique, entre autres choses, que Saïed propose ce système de gouvernance locale dont les contours restent indéfinis, alors que Ghannouchi s’adapte bien au système existant.

Clairement, Kaïs Saïed propose un nouveau système de gouvernance totalement en contradiction avec le système en place qui repose sur une articulation particulière du pouvoir. Pour ce faire, il doit passer par le Parlement avant de proposer un référendum et une nouvelle constitution. A l’opposé, les islamistes et leur chef s’accommodent à merveille à un système qui leur a permis de compenser toutes les années d’asile et de persécution. Ils se cramponneront à ce système jusqu’au bout, envers tous et contre tout.

 

A un moment ou un autre, la confrontation entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed aura lieu donc. Nul ne peut prévoir quand et à quel sujet. Mais la cohabitation entre l’univers de pensée du président et celui des islamistes est impossible.

Par Sofiene Ben Hamida
29/12/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (15)

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Nazou de la chameliere
| 30-12-2019 15:42
Alors comme ça vous voulez que je me lâche sur vous
Que je vous insulte par dessus le marché ?
Que j'ai l'habitude de vous insulté ?
Dites moi ptite chose fragile, vous ne seriez pas un peu parano vous ?

Candide né
| 30-12-2019 12:59
Omission:les langues "se" délieront !!
Achille,cher ami,
L'expression que vous cherchiez est:"Révocable"
Révocable,du verbe révoquer ou destituer!
Je vous invite à jeter un oeil sur le programme de L.F.I de J.L Mélenchon,et vous y trouverez,presque,toutes vos idées ainsi que celles de RobotCop,donc c'est du papier-collé!
Papier-collé ou des idées des vieux anarcho-gauchistes qui sentent la naphtaline,laissez tomber mon bon Achille!!

DHEJ
| 30-12-2019 11:00
Le parti de la majorité préside le gouvernement pour appliquer son programme électoral vendu aux peuple...

Sans pseudo
| 30-12-2019 10:38
De ce vieux voyou qui a détruit la république et volé la place au parlement

hourcq
| 30-12-2019 02:16
Ce serait étonnant. Ou alors c'est à y perdre son latin ou plutôt son arabe classique! Le slogan préféré des anars c'est:"Ni Dieu, ni Maître ". Je vois mal K.S en orner son bureau. Par contre, je ne connais pas un seul pays dans le monde appliquant son système de gouvernance préféré. Partout c'est le règne des Etats forts avec plus ou moins de décentralisation selon les pays entre régions, départements, communautés de communes et municipalités, ces dernières avec à leur tête un Maire le plus populaire et le plus apprécié des élus car proche des préoccupations de ses administrés. Tous désignés , au suffrage universel direct le plus souvent.Et chacune de ces collectivités a son propre prélèvement d'impôts encadré par l'Etat pour éviter les abus. Chacune a également son domaine d'intervention bien défini par la loi pour ne pas empiéter sur une autre. Mais partout c'est l'Etat qui dispose des plus gros moyens et une Assemblée de députés au niveau national qui vote la loi et le budget. Enfin des élus révocables pour un oui ou pour un non par des citoyens mécontents ce serait effectivement la porte ouverte à l'anarchie qui mène finalement à la loi du plus fort. Tout cela n'est pas sérieux et je pense que la grande majorité des députés de l'ARP-et pas seulement Ghannouchi-sera opposée avec raison à une telle réforme des institutions qui n'a jamais marché nulle part.

Achille
| 30-12-2019 00:58
'LE' sort de toute la Tunisie
..que tout élu de ces conseils locaux "est" amovible (destituable)

Candide né
| 29-12-2019 23:13
Mon bon ami Sofiène Ben Hamida,

C'est à propos de Baghdadi Mahmoudi et Tartour n°1 que je veux attirer votre attention:
Vous avez l'air de regretter l'absence de concertation!Sachez que le Tartour n'avait même pas le droit à la parole.Donc parler de concertation;c'est presque un abus de langage!
Vous avez l'air,aussi,d'oublier qu'il a été désigné par eux,et qu'il était là juste pour la figuration!!
Un jour,les langues délieront et les archives parleront aussi!!!
Que dites-vous de ça,mon bon Sofiene Ben Hamida?

BORHAN
| 29-12-2019 22:51
Dan notre régime parlementaire, " le mariage " entre le législatif et l'exécutif est à durée déterminée, soit cinq ans au maximum pas plus. La constitution de 2014 est très claire.
D'autres parts, la séparation entre des deux pouvoirs est la règle d'or en matière de gestion du pouvoir et de la gouvernance.
Les deux pouvoirs sont censés être complémentaires et travailler en bonne entente.
Le principal bémol dans notre processus démocratique réside dans l'usage du système de la proportionnelle.
Ce mode d'élections législatives ne nous permet pas d'avoir une assemblée du peuple plus compacte où deux voire trois grands partis politiques émergent.
Certes notre nouveau régime politique demeure toujours en rodage mais une assemblée sous forme de mosaïque bloque indiscutablement le bon fonctionnement des institutions de la république.
Et dans ces cas de figures, le consensus est généralement difficile à trouver, ce qui débouche souvent sur une crise constitutionnelle.
Dire que déjà un conflit est né entre les deux présidents est à mon avis, une abération, une exagération qui a pour objectif de mettre volontairement de l'huile sur le feu.
Certains ont intérêt à créer des problèmes et des situations de conflits, histoire de détourner l'opinion publique et d'espérer bloquer éternellement le pays.
A ce jeu malsain, nous risquons de payer assez fort notre manque d'insouciance collective pour espérer sortir le pays de son ornière etvdecson marasme lourdement pénalisant.
Triste de mon pays.

Be zen
| 29-12-2019 22:21
Vous donnez l'impression de détenir la vérité révélée.
Vos interventions sont vides de sens.
Restez proches de vos amis barbus et voilées.
Parce que pour vous, il n'y a pas de laïcs.
Il y a seulement des "laicards".
Vous ne comprenez pas le sens de la laïcité et je crois savoir que vous vivez dans un pays laïc qui vous protège, vous enturbannée.
Allez, faites-vous plaisir, insultez-moi comme vous le faites d'habitude. Votre discours et vos interventions sont riches en invectives et en attaques hargneuses. J'en ai hélas l'habitude.
Sur le fond du sujet, je ne suis pas loin de partager la chronique de Sofiene Ben Hamida.

Mizaanoun
| 29-12-2019 20:51
Oui la Troïka et particulièrement le parti Ennahdha avec toutes ses têtes visibles y compris leur chef, sont indiscutablement des complices dans la destruction de la Lybie par les forces de l'OTAN, l'organisation de terreur mondiale de laquelle fait bien partie, comme membre à part entière ou plus, la Turquie d'Erdogan, et s'ils ne payent pas pour leur collaboration criminelle, forcément l'extension de la « guerre civile » atteindra tôt ou tard la Tunisie.