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Saïd Aïdi et Néji Jalloul, les ministres qui dérangent
16/08/2015 | 19:52
6 min
Saïd Aïdi et Néji Jalloul, les ministres qui dérangent

Il est difficile de faire avancer une machine rouillée, comme il est difficile d’apporter un vent nouveau à des institutions aux habitudes ancrées. C’est bien connu, le changement est la hantise des fonctionnaires à qui le système profite, système qu’ils sont les premiers à dénoncer quand leurs écarts sont exposés au grand jour.

 

C’est dans ce contexte, fort délicat, que deux ministres ont décidé de prendre les choses en main. Néji Jalloul, ministre de l’Education nationale et Saïd Aïdi, ministre de la Santé publique, n’ont pas eu peur de donner un coup de pied dans la fourmilière et de prendre les mesures qui fâchent. Avec visites surprises, limogeages et bras de fer avec les syndicats, les ministres ont, récemment, souvent défrayé la chronique.

 

Tout juste après avoir annoncé la couleur en traitant les grévistes de la santé publique de hors la loi et précisant que la grève administrative des agents de la santé est illégale en mai, Saïd Aïdi a lancé l’offensive le 26 juin 2015, jour de l’attentat de Sousse, en limogeant, sans appel, le chef du service du Samu à l’hôpital de Sousse, Néjib Karoui. Celui-ci avait refusé de mettre des ambulances à disposition pour le transport des corps des victimes abandonnés sur des transats en plein soleil, invoquant la loi, la déontologie et la nécessité de garder ces ambulances au cas où il y aurait une autre catastrophe. Non ! a affirmé Saïd Aïdi, qui a souligné que l’image de la Tunisie en dépendait et que face à une situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles doivent être prises. Pendant des jours, les défenseurs de Néjib Karoui, qui ont jugé son limogeage comme abusif et insensé, se sont déchainés sur les réseaux sociaux, l’affaire s’est même politisée et des personnalités politiques, à l’instar de l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ont, eux aussi, dénoncé la décision du ministre de la Santé. Saïd Aïdi a tenu bon.

 

Le ministre de la Santé a ensuite enchainé les visites de terrain et notamment à l’hôpital de Sfax où il s’est rendu deux fois, la journée et le soir pour une visite impromptue. Une série de limogeages s’en est suivie, le directeur régional de la Santé à Sfax, le directeur général de l’hôpital universitaire Hédi Chaker, le directeur général de l’hôpital universitaire Habib Bourguiba ainsi que les responsables de l’hygiène dans les deux établissements ont été démis de leurs fonctions. Le ministre de la Santé avait également décidé de changer les présidents des conseils administratifs dans les deux établissements hospitaliers précités, après avoir constaté de nombreux manquements et défaillances.

 

Les hôpitaux de Nabeul, Mahdia, Tunis, Kairouan, entre autres régions, ont aussi été visités et le ministre a annoncé que des réformes de fond seront engagées et une campagne d’hygiène lancée afin de servir au mieux le patient, appelant les citoyens à dénoncer la corruption au sein des hôpitaux.

 

Le ministre de l’Education a, pour sa part, dû faire face, depuis février 2015, aux grèves répétitives et lassantes, notamment celle du syndicat de l’enseignement de base. Sans plier, il a affirmé depuis le premier jour qu’elle ne lèsera en rien les élèves et que d’une manière ou d’une autre, l’année scolaire sera finalisée et comptabilisée. Cet affront qu’il a fait aux grévistes et au syndicat, qui croyaient qu’ils détenaient leur monnaie d’échange a fait de lui un personnage adulé par certains et bien évidemment détesté par d’autres.

 

Néji Jalloul, aura tenu jusqu’au bout et la décision, insolite, stipulant le passage de classe automatique des élèves du primaire a été appliquée. Décision qui a suscité la colère et l’indignation des enseignants grévistes mais aussi de politiciens estomaqués comme Adnène Mansar, qui avait appelé, en juin, à limoger le ministre précisant qu’il s’agit d’une « nécessité ».

 

Néji Jalloul, a souligné que des réformes fondamentales vont être réalisées dans le secteur de l’Enseignement. Une guerre contre les cours particuliers « clandestins » sera engagée, des conseils de parents d’élèves seront instaurés afin que les parents puissent désormais participer activement et observer de plus près la scolarité de leurs enfants, les emplois du temps et le calendrier scolaire seront révisés afin de permettre aux élèves de disposer d’un temps nécessaire pour pouvoir vaquer à d’autres activités sportives ou culturelles.

 

Le ministre de l’Education s’est aussi attaqué aux écoles fantômes, aux cadres fantômes et à l’insalubrité des établissements scolaires dans plusieurs régions.

 

Il avait déclaré, en août 2015, être choqué par l’état de certaines écoles tunisiennes, soulignant que sur 6000 écoles, 4000 sont insalubres et indignes de la Tunisie. Lors d’une visite à Tataouine, le ministre avait déclaré l’existence d’écoles abandonnées dont le ministère n’avait même pas connaissance, de fonctionnaires administratifs dont on ignorait l’existence, d’écoles qui fonctionnent avec un nombre d’élèves et d’instituteurs invraisemblable. Néji Jalloul s’est donné pour objectif de redorer l’école, de lui redonner son prestige « du temps de Bourguiba ».

 

La dernière décision en date du ministre de l’Education a été annoncée le 12 août 2015. Elle concerne l’annulation du taux de 20% dans les moyennes du baccalauréat à compter de l’année scolaire 2015/2016.

 

Comme à l’accoutumée, les critiques commencent à fuser. Le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Lassâad Yacoubi, a fustigé la décision prise par le ministre de l’Education, indiquant qu’elle a été prise unilatéralement et non dans le cadre d’un effort collectif des commissions mixtes regroupant les représentants du ministère de l’Education, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’Institut arabe des droits de l’Homme. D’autres réactions suivront certainement.

 

Entre conquis qui voient en ces réformes la fin de la corruption et du laxisme qui gangrène l’administration depuis des décennies, et détracteurs qui pensent que c’en est trop ou pas assez, Néji Jalloul et Saïd Aïdi se seront fait des amis mais surtout beaucoup d’ennemis.

Il est vrai qu’ils sont à la tête de ministères sensibles, où il est difficile de manœuvrer sans heurter les intérêts, tant protégés, de personnes jusque-là intouchables. Ils héritent en effet d’un système où règne l’omerta, entre parents d’élèves qui refusent de dénoncer par peur de représailles et patients qui galèrent sans pouvoir se faire entendre, les deux ministres devront user de beaucoup de tact et aussi de fermeté pour imposer leurs réformes, les défendre, prouver qu’elles s’inscrivent réellement dans une stratégie et qu’elles sont nécessaires pour développer les secteurs de la santé et de l’enseignement.

 

Myriam Ben Zineb

16/08/2015 | 19:52
6 min
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Commentaires (51)

Commenter

sadok
| 16-08-2016 16:31
LES 2 MINISTRES sont d'origine de sfax et méritent et ingénieur conseill'appui de tout tunisien nationaliste bravo

nationaliste conservateur
| 21-08-2015 09:24
Celui que tu oses traiter de polytechnicien raté, juste à cause d'un malheureux problème d'analyse rapide de la situation en un temps record et dans des conditions qu'aucun n'aurait pu supporter, c'est certainement un jugement très superficiel.

Tout le monde fait des erreurs... C'est pourtant le maître mot des nahdhaoui et des "pécéristes". Mais aucun ne lui arrive à la cheville en matière de gestion d'entreprise et de ressources humaines. Et il est justement en train de le prouvant en éliminant les déchets de son ministère, comme par exemple, l'incompétent du sièle, M. Nejib Karoui, qui lui a réellement perdu l'occasion de sa vie : celle de se taire.

Abell
| 19-08-2015 17:22
C'est le ministre désastre du cabinet Essid avec une incompétence, une paresse et un manque de courage jamais vus. Peut être qu'il ne s'attendait jamais à une telle promotion d'être nommé ministre!

Mohamed Damak
| 19-08-2015 17:08
Bravo Messieurs les Ministres, dignes des ces postes.

MEM
| 19-08-2015 11:30
Qu'ils dérangent ou pas, les choses commencent à changer...
Ces deux ministres ont une vision claire et cohérente de leur départements respectifs...

jemel
| 18-08-2015 09:40
ces ministres ont fait beaucoup plus d'amis que d'ennemis j'espère que mr le ministre de l'intérieur commencera le nettoyage de son ministère pollué par ses antécédents

vérité
| 18-08-2015 00:28
***
Il y a un homme dont plusieurs citoyens n'oublierons jamais c'est Monsieur Habib Bourguiba, je sais que des gens comme toi le haissent mais, tout est à son honneur (Allah yarhmou) et les deux ministres Monsieur AIDI et monsieur JALLOUL sont dans le même esprit que Monsieur BOURGUIBA et puis qui que ce soit qui a un minimum de tact et d'honnêteté les aurait encouragé mais sans doute pas quelqu'un de ton niveau intellectuel si bas , bref les futures générations de mon pays la Tunisie peuvent parfaitement se passer de gens de ton espèce
merci et félicitations aussi à BN qui a su garder cette ligne de conduite

vérité
| 18-08-2015 00:17
Bravo à ces deux et, toutes mes félicitations les plus sincères. Bougeons cette Tunisie qui a été gérée pendant 23 ans par monsieur BAC-3 (allah yahlkik ya ben ali baba ya sarek)
stop aux grèves, ceux qui exercent ce droit en occident sont des personnes instruites pas des ignorants
les hôpitaux en Tunisie, l'enseignement et bien d'autres ministères et institutions sont gérés par des incapables, des corrompus et des escrocs notoires oui c'est la réalité
*** (rahi emchet bladna avec ces gens qui viennent de la brousse et des montagnes perdues ) bougeons nous et mettons des gens capables comme ces deux ministres qui ont beaucoup de mérite
Monsieur AIDI et monsieur JALLOUL, je suis personnellement honoré de votre présence, vous avez beaucoup de mérité et vous êtes courageux, que DIEU tout puissant vous vienne en aide surtout face à ces imbéciles complets !!! 1000 BRAVO à vous

HSE 1994
| 17-08-2015 21:10
En effet ces deux ministres montrent qu'on peut faire face et tenter de faire bouger les choses en affrontant les difficultés
Bon courage et bonne continuation
Le seul point négatif pour Jalloul c'est d'avoir cédé devant un certain Yaakoubi qui nous recommandé avec son arrogonce exemplaire de boire l'eau de mer

SAMMARI hedi
| 17-08-2015 21:01
A SI JALLOL A SI SAID
Seules les décisions (reflechies) et quoique impopulaires donneront de de tres grands résultats...Nous vous soutenons n ayez craintes. ..
LA TUNISIE A CONNU DE TRES GRANDS MINISTRES VOUS EN FAITES PARTIE ...QUE DIEU VOUS PROTEGE...