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Réforme de la Loi 52 : Ces libertés qui partent en fumée
04/05/2015 | 19:59
4 min
Réforme de la Loi 52 : Ces libertés qui partent en fumée

La Loi 52 relative à la consommation de cannabis, en vigueur depuis 1992, est jugée liberticide par de nombreux acteurs de la société civile. Responsable de l’incarcération du tiers des prisonniers, il s’agit en effet de l’un des rares textes de loi à exclure toute circonstance atténuante. Alors que l’actuel ministre de la Justice annonce une réforme imminente et promet une dépénalisation pour les premiers consommateurs, ses défenseurs estiment que le projet reste peu suffisant et pointent du doigt des articles sujets à controverse.

 

« Le projet de la Loi 52 rompt avec la rigueur exagérée de la loi actuelle datant de 1992 […] Les sanctions d’un an de prison et de mille dinars d’amende [NDLR : infligés aux consommateurs pour la première fois], ont été abolies », a annoncé le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, dans une déclaration aux médias. Voilà de quoi satisfaire les détracteurs de cette loi, jugée liberticide.

 

 

En effet, en Tunisie, pour un simple joint, plusieurs jeunes gens se sont vus flanquer d’un casier judiciaire et ont dû dire adieu à leur bulletin numéro 3. Etudiants, pères de familles, mineurs, brillants cadres ou fonctionnaires rangés, tout le monde y passe. « Sur 25.000 détenus, 8.000 l’étaient pour infraction aux stupéfiants, la plupart pour consommation », a déclaré l'ancien directeur général des prisons, Habib Sbouï, au journal français Libération en citant les chiffres de septembre 2013.

En effet, la loi n°92-52 du 18 mai 1992, plus connue sous le nom de Loi 52, relative à la consommation de drogue, est la cause l’incarcération du tiers des personnes croupissant en prison. Cette loi stipule que la peine minimale est d’un an d’emprisonnement et de 1.000 dinars d’amende pour tout consommateur. Cette loi ne fait cependant pas de distinction entre les récidivistes et ceux qui fument de l’herbe pour la première fois et n’admet aucune atténuation de peine prévue dans le code pénal.

L’article 4 de la Loi 52 stipule : « Sera puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de mille à trois mille dinars, tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi. La tentative est punissable ».

 

Seulement voilà, la réforme proposée par le ministère de la Justice et approuvée en conseil des ministres est loin d’avoir le succès escompté. Une de ses dispositions est même qualifiée de dangereuse. La loi offre en effet au juge la latitude et la liberté de préconiser le verdict selon un ensemble de critères bien déterminés.  Ghazi Mrabet, membre du collectif Al Sajin 52 (Prisonnier 52), estime que la réforme annoncée reste insuffisante. En effet, l’avocat a affirmé aujourd’hui, dans une déclaration aux médias, que le nouveau projet de loi devrait prévoir la liberté conditionnelle pour les consommateurs et accorder, aussi, aux récidivistes la faveur de bénéficier d’une peine allégée.

 

 

Cette loi qui se dit morale et préventive fait partie de l’arsenal répressif de l’ancien régime. Elle était, et est encore, souvent appliquée dans les quartiers populaires où des contrôles d’identité sont fréquents. Elle peut même être un moyen de « se venger »  des jeunes « impertinents » qui oseraient s’attaquer aux membres des forces de l’ordre durant leur exercice. De l’autre côté, les jeunes « riches » ou « aisés », peuvent s’en sortir à bon compte et se voient blanchis, moyennant arrangement.

 

Par ailleurs, cette loi dont la sévérité est expliquée, par ses défenseurs, par une volonté de lutter contre ce fléau, prévoit tout un chapitre consacré à la guérison. Son article 19 stipule que : « la juridiction saisie de l'affaire peut, en cas de condamnation du toxicomane conformément à l'article 4 de la présente loi, soumettre le condamné à un traitement de désintoxication pour une période fixée par le médecin spécialisé ». Une disposition qui n’aurait jamais été appliquée selon Me Ghazi Mrabet.

 

En réalité, aucune volonté politique n’existe pour limiter réellement et efficacement la consommation de cannabis et protéger les jeunes du fléau de la drogue. Cette loi répressive n’est nullement accompagnée de mesures servant à garantir la guérison et le sevrage des toxicomanes. On se contente de les emprisonner. Comble de l’ironie, des jeunes ayant fumé un seul joint, pour la première fois, se retrouvent incarcérés pendant une année à côtoyer des toxicomanes.

 

La dépénalisation du cannabis reste encore tabou en Tunisie et ne semble pas encore prête à voir le jour au vu du débat actuel. Et pourtant, grâce à un cadre moins répressif et une attention plus focalisée sur les soins et la prévention, la Tunisie pourrait réussir efficacement à limiter la consommation. D’autres pays pratiquant également une politique de répression contre l’usage de stupéfiants ont constaté l’échec de cette méthode. En France, par exemple, une étude du think tank Terra Nova, publiée par le journal Le Monde, fait ressortir que  « malgré l’arsenal répressif, la consommation de cannabis en France est l’une des plus élevées d’Europe ».

Ceci dit, en Tunisie, la prévention coûterait encore plus cher à l’Etat et  la répression s’avère être plutôt lucrative. Les amendes permettent de renflouer des caisses vides et la corruption qui sévit autour des procès liés à la « zatla » est galopante…

04/05/2015 | 19:59
4 min
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Commentaires (14) Commenter
On se reveille? Les "pseudos" islamistes vendent de la Zetla
tousniahora
| 07-05-2015 10:51
...Sans aucun remord !
Alors que ce sont, soi disant, des muslims.


Donc légaliser ce marché, c'est:

- casser un réseau criminel
- ramener l'argent à l'Etat
- lutter contre le terrorisme
- contrôler les frontières
- créer de l'emploi


Aux Pays Bas (petit pays comme le notre), le marché des drogues douces a rapporté 2 milliard d'euros !

2 MILLIARDS D EUROS!!! ALLO?!!! On se réveille les internautes??

Je préfère que cet argent aille dans les caisses de l'état pour financer nos écoles, que dans les caisses des terroristes!!
les commentaire me decoivent
ari
| 05-05-2015 18:47
je vous le dis c est l etat qui dois prendre en main les drogues douce et nos incompétent de l'ARP se trompe !
la legalisation vas faire s ecroulé le marché de la contrebande car plus vous mettrez de loi plus criminalité augmenteras et la sa seras trop tard
!!et la tunisie ne produit pas elle est importatrice de ses drogues alors rien a voir avec l afganistant ou le maroc !!
au moin cela feras une economie etvous verrez que la baisse de toxiomane baisseras c est evident prevention et combat sur les drogue dur car aucune loi n arreteras ce fleau qui existe depuis belle hurette!!
@ Aeon
Royaliste
| 05-05-2015 17:31
il ne faut pas exagérer,
en Tunisie l'Alcool est en vente contrôlée et les tunisiens ne sont pas saouls toute la journée!
la prostitution existe mais on n'est pas tous consommateurs...

ca va être pareil avec le cannabis.

et en plus il faut arrêter de prendre les citoyens pour des enfants qui ne savent pas ce qui est bon pour eux.
@jaghmoun
anti bhema
| 05-05-2015 17:07
Bob Marley est mort d'un cancer, et sa consommation de drogue n'a rien à voir la dedans
Décalage
matieregrise
| 05-05-2015 16:10
On a toujours eu des décalages dans notre société entre des lois (religieuses et civiles) les plus répressives d'un côté, et la réalité de la grande consommation des interdits (alcool, drogue, adultère, prostitution et j'en passe) de l'autre côté.

Pour améliorer la situation, peut-être qu'il faudrait sensibiliser les gens sur les méfaits de ces produits. Au moins, on sait consciemment pourquoi c'est interdit. En même temps, il faut garder un arsenal répressif graduel, allant du simple consommateur au grand trafiquant.
Luttons contre les drogues sous toute ces formes.
Aeon
| 05-05-2015 14:32
Pour ceux qui minimise le danger du cannabis dans la société.

http://m.topsante.com/medecine/addictions/drogue/prevenir/les-vrais-dangers-du-cannabis-14563

On doit être ferme avec les drogues. Et lutter contre son expansion.
Dois je rappeler que Daesh utilise ces drogues douces sur ses terroristes pour les desiniber et commettre des actes horrible ?

Arrêtons de perdre notre temps à vouloir excuser les gens qui se droguent. On ne va pas faire comme en France et leur ouvrir des salles de shoot aussi ?

Quel avenir cherche t'on à donner à nos enfants ? Et les cadres, les ingénieurs etc. qui ont besoin de leur cerveau pour bosser! A quoi jouez vous ? Au lieu de donner l'exemple... Quel honte.

C'est très complexe
((°°))
| 05-05-2015 13:30
Faut-il s'inspirer de l'Indonésie en la matière, suivez l'affaire du Français Serge Atlaoui dans les actualités.
Comme l'Alcool !
Royaliste
| 05-05-2015 12:22
comme l'alcool, les drogues douces devraient êtres vendus par l'Etat.
Techniquement parlant!
DHEJ
| 05-05-2015 12:10
Ce que la loi ne dit pas clairement est le "comment faire" pour constater le "consommateur" dont la consommation est une affaire personnelle un, de deux pour constater le "DETENTEUR" là aussi un grand problème quand le code pénal "détient" un article très dangereux souvent utilisé pour envoyer quiconque en prison à savoir la fameux article 280 qui dit:


Est puni de deux ans d'emprisonnement quiconque, ayant trouvé fortuitement une
chose mobilière, se l'approprie sans en avertir les autorités locales ou le propriétaire.


Encourt la même peine, prévue au paragraphe précédent, quiconque s'approprie, frauduleusement, une chose parvenue en sa possession par erreur ou par hasard.


à mon avis il faut garder les amendes
kimdee
| 05-05-2015 10:50
et abolir les emprisonnements pour tout le monde, sauf les vendeurs. comme ca, il y aura assez de place pour tous les terroristes islamistes! l'emprisonnement et un dommage physique et psychique, vu les conditions de nos prisons. et le côtoyement d'autres criminels est-il bien pour ces jeunes gens qui n'ont fait que ca?
plus tu fumes plus tu paies. cela devrait suffire à obliger un certain nombre de ne plus fumer. comme ca l'état encaissera toujours de l'argent mais n'aura pas à nourrir des prisonniers...