La nomination de Tarek Kahlaoui à la direction de l’Institut des études stratégiques (IES) relevant de la présidence de la République n’est finalement pas aussi usurpée qu’on le croit. Du moins, si elle avait été effectuée en 2007. En effet, Tarek Kahlaoui avait, à l’époque, une lecture assez juste de la situation politique et particulièrement des positions et de la personnalité de son futur patron, Moncef Marzouki.

Tarek Kahlaoui, du temps où il était un « révolutionnaire », entretenait un blog et signait des articles avec un pseudonyme qui est Taher Laswad. Un pseudonyme revendiqué par le principal intéressé comme l'atteste son propre site à l'IES.

Sur ce blog, Tarek Kahlaoui, alias Taher Laswad, a publié en 2007 un article particulièrement virulent à l’encontre de Moncef Marzouki, ancien chef du CPR et actuel président de la République. Parmi ses articles, celui titré « Les aveux d’un politicien raté », mérite l’attention. Tarek Kahlaoui se délecte, dans un style qui lui est désormais spécifique aujourd’hui, en énumérant les faiblesses de celui qu’il qualifie de « leader virtuel ».
En attaque de cet article, Tarek Kahlaoui remercie Moncef Marzouki des « rigolades qu’il lui a inspirées » à la lecture d’un texte publié par ce dernier. Il ajoute que ce sont là « les seules réactions spontanées qu’il lui a inspirées durant toutes les années où il observait ses agissements ».

Tout comme aujourd’hui, Tarek Kahlaoui maniait à merveille, depuis 2007, le dénigrement et l’arrogance, mais à l’époque c’était pour décrire Moncef Marzouki. A la lecture de l’article, on retrouve la même verve que met aujourd’hui le directeur de l’IES à défendre son patron. « Le style et l’égo de M. Marzouki m’enlèvent la moindre envie de discuter sérieusement de ses textes », disait-il. Il stigmatisait également le « moi enflé qui émet des ordres comme s’il disposait de grandes armées à son index » parlant de Moncef Marzouki.
Dans cet article, Tarek Kahlaoui s’interroge : « Y-a-t-il un intérêt à attirer son attention (à Moncef Marzouki) sur le fait que le positionnement droit-de-l’hommiste qui lui a fait un nom à un certain moment ne suffit pas pour construire un mouvement politique ? ». Une interrogation résolument d’actualité, aujourd’hui encore, à la différence près que le même Tarek Kahlaoui est devenu l’un des plus fervents défenseurs de son président, Moncef Marzouki. Le « raté » d’hier est devenu le « héros » d’aujourd’hui.

L’article en question a été effacé des archives et tout le blog de Taher Laswad a disparu. N’empêche, nous avons réussi à retrouver sur Turess.com une trace de cet article dans lequel il s’attaque également au CPR. Tarek Kahlaoui le qualifie de parti ayant « des leaders et des bases microscopiques ». Il est vrai qu’il est quasiment impossible de tout effacer et qu’on réussit toujours à trouver une trace noire dans les archives lorsqu’on opère des investigations à charge.

Un autre article, publié sur le site Nawaat.org en date du 27 janvier 2007 et signé par le même Taher Laswad, confirme ses propos de dénigrement concernant celui devenu son actuel chef. Même si l’article attaque essentiellement Abderraouf Ayadi, Tarek Kahlaoui en profite pour remettre une couche sur Moncef Marzouki. « On ne peut douter de la sincérité de personnes comme Moncef Marzouki, cela ne veut pas dire que leurs propos n’effleurent pas la naïveté, mais plongent dedans », disait-il. Il ajoute que « la scène politique opposante est dans une situation de véritable sécheresse quand Moncef Marzouki est l’un de ses ''principaux visages politiques'' ». Une grande distance sépare les positions vis-à-vis de Moncef Marzouki de Taher Laswad et de Tarek Kahlaoui, même s’il s’agit de la même personne. Heureusement que Nawaat n’a pas supprimé ses archives et que cet article demeure consultable sur ce lien.

Dans ce même article, on peut voir la bio de l’auteur telle que publiée sur Nawaat. Taher Laswad y est présenté comme étant un « Chercheur tunisien vivant en Amérique du nord. Publie des articles sur plusieurs journaux et sites internet dont Al-Quds Al-Arabi et Middle East Online », une description assez fidèle de Tarek Kahlaoui qui, de toute manière, revendique lui-même ce pseudo.

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