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Pour payer les retraites, 1800 millions de dinars à trouver
14/12/2018 | 19:59
4 min
Pour payer les retraites, 1800 millions de dinars à trouver

 

 

L’Assemblée des représentants du peuple a rejeté hier, 13 décembre 2018, la proposition gouvernementale de prolonger l’âge de départ à la retraite. Le projet de réforme de la CNRPS en prend un coup et les problèmes structurels de cette caisse risquent de s’approfondir. En attendant, payer les retraités deviendra de plus en plus difficile en 2019.

 

Le chemin du règlement des problèmes structurels de la CNRPS et des caisses sociales en général avait commencé en 2015. Ce chemin s’est avéré tortueux et difficile malgré le consensus sur le fait que la situation n’est plus tenable. C’est Taoufik Rajhi, conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des réformes qui s’en est ému dans un statut Facebook publié après le vote de l’ARP. Il y retrace le parcours de la proposition de réforme du gouvernement tout en donnant les montants que l’Etat a dû injecter à la CNRPS pour combler les déficits et permettre à celle-ci d’assurer le paiement des retraites.

 

Au final, l’opposition a fait tomber le projet de loi. Toutefois, aucune solution n’est envisagée pour le déficit record prévu pour 2019 et qui devrait atteindre 1800 millions de dinars. De manière simple, le redressement des caisses sociales en Tunisie, comme partout ailleurs, est possible par deux leviers : le premier est l’augmentation des contributions, le deuxième est l’augmentation de l’âge de la retraite pour que les mêmes contributions durent plus longtemps pour couvrir les dépenses. Il est également possible d’imaginer une combinaison des deux solutions. Toutefois, il faut noter ici que la solution d’augmenter les contributions est vite abandonnée car, de toutes manières, les contributeurs à la caisse sont moins nombreux que ceux qui en bénéficient du fait de l’inversement de la pyramide des âges.

D’un autre côté, il est vrai que les caisses sociales ont des créances qui, de façon comptable, peuvent largement renflouer les déficits. Mais les problèmes de recouvrement inhérents à ces créances font qu’il est impossible d’envisager un renflouement rapide, le tout sans parler des créances carbonisées qui représentent entre 60% et 70% du montant total, selon le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi. Aujourd’hui, comme l’a dit Hassouna Nasfi, chef du bloc parlementaire de Machrouû Tounes, le gouvernement se trouve dos au mur car il n’est plus possible de renflouer les déficits chaque année sachant que la situation globale des finances de l’Etat est chancelante.

On peut penser que le projet de loi présenté par le gouvernement est du bricolage permettant de sauver les meubles plutôt que de réformer profondément le système. Il est légitime de penser cela mais la situation est telle que le gouvernement se trouve dans l’obligation de tenter d’éteindre l’incendie qui brûle les caisses sociales. Il n’est pas encore question de donner des avantages supplémentaires aux retraités ou d’améliorer leur situation, l’objectif est de trouver des fonds pour garantir le paiement de l’argent des retraités. L’augmentation de l’âge de la retraite est le premier des outils possibles pour dégager plus d’argent pour les caisses.

Par ailleurs, les experts de la sécurité sociale tunisienne ont pressenti ce problème depuis les années 80. Il est vrai que le projet de loi a été soumis hier à l’ARP mais la problématique des caisses sociales dure depuis des décennies. Ces problématiques ont été aggravées par le fait que plusieurs organismes sont des évadés sociaux qui ne payent pas les cotisations dues. Selon un chiffre donné par Hassouna Nasfi, député mais également fin connaisseur des caisses sociales, cette évasion couterait à l’Etat la bagatelle de 500 millions de dinars par an. C’est dire si la problématique du financement des caisses sociales est non seulement une problématique bien connue en Tunisie mais il faut savoir qu’elle est présente aussi dans le monde.    

Le résultat aujourd’hui est que l’ARP a refusé un projet de loi qui avait été élaboré difficilement par le gouvernement en compagnie des partenaires sociaux et des différents intervenants. Toute la Tunisie avait été choquée l’année dernière de voir des retraités faire la queue devant les bureaux de poste. Ces derniers ont même organisé des marches de protestation pour manifester contre le traitement honteux qui leur a été réservé. Il faut trouver des solutions rapides pour cette hémorragie qui est littéralement en train de tuer les caisses sociales et tout le système d’assurance sociale en Tunisie. Les députés en ont décidé autrement, aux risques et périls des retraités et de toute la population tunisienne. En attendant, les chiffres sont têtus : la CNRPS dispose de 240 millions de dinars par mois et doit en sortir 316 chaque mois pour les retraites.

 

Marouen Achouri

14/12/2018 | 19:59
4 min
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Commentaires (15)

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Animus25
| 09-11-2019 08:38
A l'Attention de Mr Marouen Achouri ou tout autre collègue ayant compétence de répondre.

Je suis retraité affilié à la CNRPS. Je voudrais connaitre le ()les règlement (s) qui permet (ent) à la CNRPS de procéder systématique à une " opposition sur Rappel " ( tel est le terme employé par la CNRPS sur les fiches de pension.)

J'ai constaté par deux fois que la CNRPS a procédé à une opposition sur des rappels relatifs à l'augmentation légitime des pensions de retraire. Et cette opposition n'y vas pas de main légère. La première "opposition sur rappel " fut de l'ordre de 116 DT pour une somme de 280 DT.
La deuxième "opposition sur rappel" fut de 140 DT pour un rappel sur mes avances de pension de 640 DT datant de 2018.

Bien entendu ces dites oppositions vont dans les caisses de la CNRPS, comme par magie.
Le terme opposition est en lui même est mal employé dès lors qu'il s'agit de prélever une commission comme dans les banques, vu que les oppositions retournent normalement à l'expéditeur du rappel.

Quel est donc ce fameux texte législation qui permet de telles opérations ?

Par ailleurs, il est un autre grave problème relatif aux "retenues de "péréquation" qui, me concernant, sont de 'ordre de 100 DT en moyenne. Et tout ça sous le Titre de l'amélioration du pouvoir d'achat du retraité. ( à démontrer )
En outre les pensions de salaire subissent systématiquement à une légère baisse tous les trois ans, que je ne comprend strictement pas e toujours sous le chapeau de la préservation du pouvoir d'achat du retraité. A démontrer aussi.

Ce qui me laisse penser qu'il vaut mieux renoncer à demander une augmentation de salaire pour une certaine période donnée pourvu que les " retenues de péréquation" et les "oppositions sur rappel" et autre diminution de la pension soit annulées. Je gagne une très belle somme qui est loin d'être négligeable et en tous les cas bien meilleurs que les augmentations de salaires que ne rapportent qu'une trentaine de Dinars par mois.

J'espère avoir été clair et je suis prêt pour donner de plus amples information.

Merci pour votre attention tout en espérant recevoir promptement une suite de votre part.

Bien entendu , j'ai écrit à a CNRPS au sujet de ces retenues de péréquation, la réponse a été on ne peut plus évasive et ne répond pas à la réalité des chose.
Il faut par ailleurs que le retraité Tunisien gagne une estime sur le plan national, rien que des sacrifices qu'il a consenti pour que les générations montantes bénéficient d'un meilleur cadre et pourquoi ne pas employer ces retraités rien que pour l'expérience acquise

Hatem jemaa
| 16-12-2018 21:25
La CNRPS doit débourser 316 MD par mois de pensions de retraites. La masse salariale dans la fonction publique est de 1300 MD par mois en brut. Comptablement le ratio retraités / actifs est de 1/4.5. Si on ajoute la CSS le ratio s'améliore pour se situer autour de 1/6. Ce qui constitue un ratio d'équilibre confortable. Alors où se trouve le problème? Là il faut distinguer deux niveaux de reflexion. Le premier concerne les difficultés de trésorerie de la CNRPS celles-ci sont en relation avec le montant et le recouvrement des cotisations en un mot le budget de l'ETAT. Le deuxième niveau de reflexion concerne le problème de fond relatif au vieillissement de la population. Et celui ci passe par une unification des regimes de retraites pour élargir la base des contributeurs, l'integration graduelle du secteur informel l'introduction d'une dose de retraite par capitalisation sur la retraite par répartition ainsi que la possibilité de régimes ou assurances retraites complémentaires. Bien évidemment toutes ces denieres mesures faciles a instaurer ne peuvent donner leur effet sur le regime des retraites qu'a moyen terme. Mais il y a un

DHEJ
| 16-12-2018 17:05
Boudons le marché dit parallèle et réclamons nos factures de bonnes et dues formes.

CHAHED EST TROP FAIBLE..ENNAHDHA L UTILISE COMME UN BEBE...
| 16-12-2018 15:04
TOUT LE MONDE SAIT QUE C EST UNE LOGIQUE DE RECULER L AGE DES RETRAITES, ...LE MONDE ENTIER L A FAIT...TOUTES LES RACES, TOUS LES NIVEAUX DE DEVELOPPEMENT...JAPON, SACANDINAVES, GERMANIQUES, NORD AMERICAN, LATINS...TOUS.....SAUF NOTRE PARLEMENT GENIAL, ENTRE TOUS.......CES TERRORISTES INCULTES SONT EN TRAIN DE SABOTER LE PAYS, ET LE MENER VERS LA GUERRE CIVILE...ILS MAITRISENT LES INSTITUIONS, AU LIEU D ETRE EN PRISON POUR LES CRIMES COMMIS CONTRE DES TUNISIENS...EN PLUS ILS VOLENT LA CAISSE, DEVANT LES YEUX DE TOUS.....ET TOUS SONT SILENCIEUX...............REVEILLEZ VOUS..MERDE...VOTRE PAYS S EN VA...SURTOUT LES JEUNES.......

librexp
| 16-12-2018 08:42
Faire payer nos enfants, et la dette pour boucher les trous et notre retraite, voilà comment ça va se terminer en l'absence d'une reprise économique et de l'arrêt de l'hémorragie fiscale

el manchou
| 15-12-2018 20:54
Le système Tunisien de retraite copie aveuglément le système Française c'est à dire une retraite par répartition ( ceux qui travaillent financent les pensions de ceux qui sont retraités ).

Ce système est voué à l'échec vu que l'amélioration de l'espérance de vie, la hausse du chomage ... font que le système ressemble à une chaine de Ponzi où vous mettez de l'argent ( vos cotisations ) qui sont versées aux autres, en attendant votre tour.

Mansour Lahyani
| 15-12-2018 17:33
Ce constat accablant, je présume que le gouvernement n'a pas attendu ces derniers jours pour l'établir... pour en tirer les enseignements et y pourvoir d'une façon ou d'une autre !
On aurait dû enregistrer à cet égard diverses tentatives, diverses suggestions, diverses solutions... Mais rien à l'horizon... La seule solution innovante a été suggérée par la loi de finances, avant d'être rapidement annihilée et battue en brèche : cette contribution de 1% qu'on a tenté d'imposer aux grandes surfaces - et il s'est trouvé des députés, probablement cornaqués par les proprio de ces grandes surfaces, pour l'annuler ! Quand on pense que ces mêmes pauvres retraités sont ceux-là même qui allongent les queues aux caisses de ces grandes surfaces, grandes surtout pour leur appétit insatiable et leur arrogance et avidité!

URMAX
| 15-12-2018 17:12
... dans 10 ans (ou moins) : Niet retraites !
Je prends mes "dispositions" [min tawwa] !

TATA
| 15-12-2018 14:00
Je vous donne l'exemple des enseignants de l'enseignement supérieur, secondaire (lycée) ou primaire: au lieu d'envoyer 100000 enseignants très tôt à la retraite et de les remplacer par des plus jeunes, on ferait mieux de fixer l'âge de la retraite à 67ans et ainsi on pourrait épargner des payements de retraites et de nouveaux salaires simultanés!

Très Cordialement

G&G
| 15-12-2018 13:23
Si on garde un bras cassé ou un fonctionnaire en surplus l' Etat depensera le double de sa pension de retraite. Donc il vaut mieux le liberer