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Partenariat public-privé : soumission à l'étranger ou coup de pouce à l'intérêt national ?
18/11/2015 | 19:59
4 min
Partenariat public-privé : soumission à l'étranger ou coup de pouce à l'intérêt national ?

L’ARP a voté majoritairement le projet de loi sur le partenariat public-privé, plus connu sous le nom de PPP. Ledit projet a été adopté, vendredi dernier, dans son intégralité avec 114 voix pour, 10 abstentions et 6 voix contre.


En vertu de cette loi, la personne publique peut confier à un prestataire privé une mission relative au financement, à la construction ou à la transformation d’ouvrages ou d’équipements ou encore d’infrastructures, matérielles ou immatérielles, nécessaires au service public. En contre partie, le partenaire privé reçoit un paiement du partenaire public.

Le but étant de « développer l'infrastructure » et d’« impulser l'investissement public ». « Le savoir-faire du secteur privé » et « son expérience » seront mis à profit pour mener à bien ces projets, stipule l’article 1.

 

La loi sur le PPP définit également le cadre général des contrats de partenariat public-privé, leurs modes d'élaboration, de même que les mécanismes de leur application et de leur contrôle. Les contrats conclus doivent répondre, comme le dispose l’article 4, à un besoin fixé à l’avance par l’Etat et qui prend en considération les priorités nationales et locales ainsi que les objectifs des plans de développement. Ils doivent aussi respecter, tel qu’indiqué dans l’article 5, les règles de bonne gouvernance, de transparence des procédures et l’égalité des chances.

A ce titre, l’article 17 énonce que le partenaire public est appelé à publier les décisions d’octroi sur son site internet ainsi que dans les espaces d’affichage lui appartenant et ce pendant 8 jours.

 

Un long débat a précédé le vote en plénière. Bien que voté à la majorité, ledit projet a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part de l’opposition. L’élu frontiste, Ammar Amroussia, considère que le moment n’est pas opportun pour légiférer une telle loi. Il fallait d’abord installer un climat propice qui soit débarrassé de la corruption.

Pour Abdelmoumen Belanes, ce projet n’émane pas d’une volonté patriotique ni nationale. L’élu Front populaire, dénonce, en effet, une ingérence étrangère. « Une pression extérieure, dit-il, a été exercée pour forcer le vote ». Il n’adhère pas, par ailleurs, à l’argument selon lequel « le PPP serait de grande utilité notamment pour financer les projets de grande taille ». Cela ne tient pas la route à ses yeux. « Vous dites chercher des moyens de financement alors que ce ne sont pas les ressources qui manquent », a-t-il avancé.

« Divers points de vue ont été exprimés par les députés », indique Ahmed Seddik, président du bloc Front populaire à l’ARP. Toutefois, au lieu de soulever les vraies questions, « le débat prend l’allure d’un conflit idéologique gauche-droite ». « Avons-nous des profils capables de rédiger de manière minutieuse et correcte les contrats de partenariats entre le public et le privé ? », s’interroge le dirigeant de gauche.

 

En revanche, d’autres députés, en particulier ceux de la coalition au pouvoir, ont soutenu ce projet. Tarek Fetiti de l’UPL, a indiqué que ce partenariat permettra à l’Etat de profiter des qualités « indéniables » du secteur privé telles que « la flexibilité » et « la rapidité de service ». Prenant la parole, Noureddine Bhiri a répliqué aux critiques lancées par l’opposition. « Vous voulez une infrastructure, en même temps vous êtes contre le PPP. Si vous vous y opposez, alors il faudrait que vous proposiez des solutions ! », a-t-il lâché en substance. Le leader islamiste a souligné que le pays a besoin d'une batterie de grands projets pour se développer et se moderniser. Sur ce point, le secteur privé, de par la qualité de ses services, a une grande contribution à apporter, a-t-il complété.

 

Défendant la loi sur le PPP, Ahmed Zarrouk, secrétaire général du gouvernement, a indiqué que celle-ci offre au partenaire privé tunisien des avantages comparatifs supérieurs par rapport à ceux proposés au partenaire étranger. Le taux de main d’œuvre locale figure, en effet, parmi les critères de sélection. De ce fait, les entreprises ayant un personnel tunisien sont privilégiées par rapport aux autres. Aussi, les missions de sous-traitance sont obligatoirement attribuées aux PME tunisiennes.

 

En dehors de l’Assemblée, la loi sur le PPP suscite les craintes de plusieurs organisations nationales, notamment l’UGTT qui y voit une « privatisation déguisée ». La centrale syndicale estime aussi que les prix des prestations publiques vont augmenter à cause du PPP et que cela aura par conséquent des répercussions sur le pouvoir d’achat des citoyens.

 

Le partenariat public-privé a été testé dans de nombreux pays. Cette approche de la gestion publique a été appliquée pour la première fois en 1992 au Royaume-Uni. Depuis, ce modèle a été reproduit dans d’autres pays développés, mais également dans les pays en développement. D’après les statistiques de la Banque mondiale, 2.500 projets d’infrastructure en PPP ont été lancés entre 1990 et 2001, pour un montant de 750 milliards de dollars. Toutefois, les avis demeurent partagés sur l’utilité des PPP.

Alors que recommandé par plusieurs institutions financières internationales telles que la BM et la BEI, les PPP sont toutefois critiqués par d’autres politiques qui les qualifient de « nuisibles à la démocratie » et « sans bénéfice en matière de coût ou d'efficacité de gestion ».

18/11/2015 | 19:59
4 min
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Commentaires (5)

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hamden
| 21-11-2015 17:48
L objectif et l usage du ppp selon cet article est tres vague et prete confusion avec la simple soutraitance simple ou clé en main. Il fallait surtout montrer comment le partenaire privé va assurer le retour sur investissement et comment est etabli le modele de business cad on investit ok mais comment on facture et comment on recupere nos investissements tout en assurant un min de rentabilité.
La grande mefiance de l Etat est surtout les tournures de malversation qui est souvent justifiée par des importations d expertise etrangere ou de materiaux avec des factures gonflees dont une partie sera versee dans des comptes etrangers.
La bonne vigilance ne peut etre assuree qu a travers des systemes de bonne gouvernance et d ouverture open data..
.

hakim
| 21-11-2015 11:51
Notre pb number one est les attitudes de profit rapide d egouisme de manque de patriotisme. Peu sont les gens qui veillent spontanement sur l'interet general. Peu aussi sont qui ont une reelle vision de developpement de clean business et ceci est valable dans le secteur prive surtout qui voit les institutions publiques comme des betails qui doivent fournir ou lait ou viande.
Le besoin en financement pour grands projet est certain le besoin en apport technologique l est encore plus.le besoin en savoir developper le business est flagrant du coté public.
Donc que faire? Le ppp est bien une solution mais il faut le bon cadre de gouvernance. Il faut de bons administrateurs de conseil d administration il faut un gouvernement qui nomme selon les competences il faut une magistrature clean et independante
il faut la transparence...la bonne gouv et tout ira bien...mais pour ceci j en doute les mafieux sont bcp plus forts que les bonnes intentions....rabbi maak ya tounes...

mansourhad
| 19-11-2015 13:42
Sans le développement de la démocratie locale, sans le combat de la corruption, les PPP va permettre au secteur prive de prendre les deniers publics cette loi va permettre a ce secteur de voler le budget de l'état par la loi, car les européens ont évalués ce système et l'ont trouve inefficace, un système qui permet a l'état de s'endetter sans que cette dette soit écrite dans ces livres, le contribuable quant a lui il va tout paie, lire ce livre d'évaluation fait par une université pour le compte de l'UE après 30 d'expérience monsieur Bhiri, mais je sais la plus part de nos députés sont la pression et recommandation étrangère.
PARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉ
(PPP) : LES RAISONS DE LEUR
INEFFICACITÉ
Les multiples avantages de
L'alternative publique
PAR DAVID HALL
Un livre de 56 pages c'est très intéressant
Les européens ce sont rendu compte après 30 ans, et après combiens de temps, avec la corruption, le manque de contrôle, l'inefficacité de l'administration locale et le manque de compétence dans la plus part des gouvernorats surtout les zones marginalisées alors messieurs les élus !

Alex niffer
| 19-11-2015 12:39
Quand on est dépendant de quelqu'un de quelques choses, on ne peut qu être soumis. Un pays qui n a même pas l autosuffisance alimentaire,Il ne pouvait qu être soumis à la volonté des autres.

BELGA
| 19-11-2015 07:09
Bravo Messieurs les Députés d'avoir compris et accepté l'utilité d'une telle loi. Cela fait des années que nous attendions une telle legislation de sauvegarde des biens publics en cours de déperdition, une legislation qui va aider le developpement aussi bien regional que national, une procedure qui permettra la création d'une multitude de postes d'emploi et donner espoir enfin à des jeunes diplomés lassés d'attendre..... Pourtant en réalité cette cooperation entre le PUBLIC et le PRIVE a toujours existé au grand profit du Public. Prenez en exemple le Projet touristique LE LEZARD ROUGE DE METLAOUI : La Sncft plongée dans ses multitudes difficultés de Gestion, d'exploitation et de Gouvernance a eu la sagesse de confier un tronçon de 30 km entre Metlaoui et Selgi, à une societé de service touristique, qui l'utilise utilement pour l'animation touristique et culturelle de la region. du Coup ce patrimoine publique (Rail, Machine de traction, wagons...) est utilisé pour le developpement touristique en rament de plus en plus de visiteurs, L'exploitation de ce train fait de l'animation permet à des salariés de travailler et fait tourner un tant soit peu l'Economie regionale. Cependant il est curieux de savoir que sous d'autres cieux, dans la region Nord Ouest de la Tunisie, certaines personnes, quelque peu Responsable au sein de la Compagnie publique la SNCFT ont décidé de bloquer la réplique de ce projet dont le Promoteur n'a pas arrêté de courir pour convaincre de l'utilité de lancer LE LEZARD VERT DE TABARKA. Ce qui est permis pour le Sud ne l'est pas dans la region Nord. C'est curieux, pourtant le patrimoine publique est en train d'être cannibalisé, volé, détruit et personne de l'autorité ferroviaire n'a osé levé le petit doigt pour sauvegarder ces biens publique entre la Gare de Ouchtata et celle de Tabarka en passant par La Gare de Ras Rajel. 25km de voie ferrée abandonnée, trois bâtisses squattées par le voisinage irresponsable, les portes et fenetres arrachées, les toitures en tuile volés et vendus à 1,500d la piece et pourtant le Projet du LEZARD VERT DE TABARKA permettra à pas moins de 1000 jeunes et moins jeunes de trouver du travail, de sortir du chômage, d'espérer vivre comme leurs concitoyens du Sud. et dire d'o peuvent sortir les terroristes qui sement la mort. C'est bien evident des regions abandonnées et pourtant riches. Messieurs les Gouvernants un peu de Respects pour nos regions, un peu de civisme, un peu d conscience. Liberez de grace LE LEZARD VERT de TABARKA.