malheureusement vous êtes le seul que parle comme ça
adieu a la belle Tunisie d'une fois
A.C. italian que TROP TARD il quittera la Tunisie
Par Nizar Bahloul
Nous sommes le 9 avril 2018. Il y a 80 ans, des centaines de Tunisiens sont morts pour cette patrie, pour que nous vivions, nous, en paix et en toute indépendance. Paix aux âmes de tous ces martyrs morts pour nous. Paix à l’âme de tous ceux qui vous ont suivi et ils étaient nombreux depuis 2011, à commencer par Tahar Ayari et Socrate Cherni ou Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. On ne vous remerciera jamais assez, nous ne vous oublions pas !
Ces martyrs sont morts pour que nous puissions nous relever, mais il se trouve que nous ne nous sommes toujours pas relevés.
« L’actuel système de gouvernance est un échec dans toutes ses composantes : présidence, majorité parlementaire et gouvernement ». Une fois n’est pas coutume, je ne saurai pas ne pas partager cette opinion du Front populaire Hamma Hammami prononcée samedi dernier après la réunion de Carthage 3 de laquelle ont été exclus tous les partis politiques.
De cette réunion, présidée par le président de la République, où étaient présents les chefs du gouvernement, de l’assemblée, du patronat et du syndicat, certains n’y ont vu qu’une photo, qu’un symbole : « D’un revers de main, BCE dit : le chef c’est moi et ceux qui sont autour de cette table comptent. C’est avec eux et seulement avec eux que nous réglerons nos problèmes. D’un revers de main, l’ARP et les partis sont désignés coupables de ce qui nous arrive et ne peuvent, de ce fait, faire partie de la solution », a commenté le nidaiste frondeur Karim Baklouti Barketallah. Sauf que l’on oublie qu’à l’origine des problèmes, c’est bien BCE ! C’est bien lui qui est parti à Carthage sans préparer sa succession à Nidaa, laissant le parti qu’il a fondé entre les mains de clowns et d’opportunistes, c’est bien lui qui s’est acoquiné avec les islamistes, c’est bien lui qui n’a pas su rendre son prestige à l’Etat et c’est bien lui qui a imposé cette formation hybride du gouvernement. Les partis sont responsables de ce qui nous arrive, c’est une certitude, mais l’UGTT a aussi sa part dans la crise actuelle, tout comme le gouvernement qui n’a pas pu, ou su, affronter cette centrale fortement politisée et qui a, par lois de finances malheureuses interposées, fragilisé le patronat et l’investissement. Il manquait à la réunion de Carthage 3, la Banque centrale de Tunisie qui a aussi sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive. En bref, ils sont tous coupables et c’est donc l’actuel système de gouvernance qui est un échec dans toutes ses composantes, comme le dit Hamma Hammami.
Ce constat, aussi juste soit-il, a le mérite d’être expéditif et simpliste. Trop simpliste même car, vous vous en doutez bien, la chose est bien plus complexe que cela. Tancer le président de la République, le chef du gouvernement, le chef du syndicat ou le chef du patronat est facile et à la portée de n’importe qui. Faire de nos gouvernants des boucs émissaires est un sport national que les Tunisiens maitrisent très bien. Mais qu’aurait fait Hamma Hammami s’il était à la place de Béji Caïd Essebsi ou de Youssef Chahed ? A-t-il la solution miracle ? Il se trouve que lorsqu’on ôte le populisme et que l’on est aux commandes pour passer au concret, il n’y a pas de solutions autres à présenter que celles fournies par nos partenaires de l’Union européenne ou du FMI. Ce pays a besoin de produire davantage pour que sa production dépasse sa consommation, ou bien il doit consommer moins pour que sa consommation ne dépasse pas sa production. Point. La Tunisie et les Tunisiens n’appartiennent pas à une autre planète, nous sommes comme les autres pays et les solutions qui ont marché ailleurs doivent marcher chez nous, il suffit de les appliquer. Le problème est que nos gouvernants actuels ont du mal à les appliquer dans un pays qui continue encore à vivre sa révolution. Il est indéniable que la révolution, chez beaucoup de Tunisiens, rime avec anarchie, sauvagerie, permissivité et, en un mot, refus de toute autorité. Au nom de la démocratie et de la révolution, nous sommes en train d’assimiler le mot autorité à dictature.
Et c’est pour cela que beaucoup de Tunisiens commencent à vomir la démocratie. Ce n’est pas qu’ils vomissent la démocratie en tant que telle, ils vomissent cette anarchie que nous subissons depuis sept ans. Ces Tunisiens qui vomissent « la démocratie » sont tout un chacun. On les voit autour de nous, ils sont là à dire qu’avant c’était mieux, qu’avec Ben Ali les choses étaient meilleures, que ce peuple a besoin de discipline et d’autorité etc. Tout le problème des gouvernants d’après la révolution est d’imposer cette autorité sans pour autant tomber dans la dictature.
Cette autorité de l’Etat, cette force qu’a l’Etat d’imposer l’application stricte et juste de la loi nous manque au point que beaucoup d’entre nous préfèrent la dictature d’hier à cette démocratie d’aujourd’hui.
C’est dans ce contexte et c’est suite à ce ras-le-bol généralisé que le député Afek Ali Bennour a formulé son malheureux vœu de voir un coup d’Etat survenir dans le pays et en finir avec tout bordel.
Ce vœu malheureux, on l’entend tous les jours au café et au marché, dans l’entreprise et dans l’administration. Que le citoyen lambda le prononce, c’est quelque chose de normal, mais qu’un député le fasse, c’est une autre paire de manches, car même dans le populisme abject il y a des limites. Nous avons choisi la démocratie et il est hors de question de revenir en arrière.
C’est comme si nous étions en train de construire une très belle villa et que l’on décidait de tout arrêter en plein milieu du chantier, sous prétexte qu’il y a trop de débris, de poussières et de saletés dans le chantier. C’est le rôle et le devoir premier du politique d’expliquer au peuple que c’est provisoire et qu’ils doivent patienter, car une fois le chantier fini, nous allons avoir une belle demeure pour nos enfants. Sur ce point, Ali Bennour a complètement failli, il n’avait pas à relayer les rêves simplistes et naïfs du petit peuple pressé et paresseux.
A l’erreur grotesque et monumentale de Ali Bennour, le député Imed Daïmi a répondu par le pire. Lui qui appartient à un parti qui se targue d’être premier défenseur des Droits de l’Homme dans le pays, il a formulé un autre vœu consistant à pendre par les paupières les putschistes puis les démembrer et disperser les parties de leurs corps un peu partout dans nos villes. C’est pire qu’un tortionnaire, c’est un boucher.
Il faudrait admettre, et ce n’est pas un secret, qu’une infime partie de notre peuple rêve de cela. Ce n’est pas par hasard que nous fûmes les premiers exportateurs de terroristes en Syrie et en Irak. Ces Tunisiens sanguinaires expriment leur vœu ouvertement depuis 2011. Pour eux, il ne saurait y avoir une révolution sans sang et sans potences. Il y a eu Sadok Chourou, Sahbi Atig, Mohamed Abbou, Yassine Ayari et maintenant Imed Daïmi. Ceux que je cite sont des hommes politiques de renom, ils n’appartiennent pas au petit peuple, ils ne font que relayer les vœux simplistes et naïfs du petit peuple sanguinaire. On pourrait bien opter pour cette voie et que le plus sanguinaire gagne, mais nous avons choisi la voie de la démocratie et c’est cette voie que nous devons poursuivre, car il n’y en a pas d’autre !
Que Ali Bennour et son public veuillent la dictature, que Imed Daïmi et son virage rêvent d’une boucherie, que Hamadi Jebali et sa umma fantasment sur le califat, ce n’est pas ces solutions qui nous sauveront.
Ce qui nous sauvera a été dit (ou dicté si vous voulez) par le FMI et nos partenaires de l’UE, il faut l’appliquer drastiquement. Il faut travailler et appliquer la loi.
Reste à savoir comment appliquer ces directives quand on a dans ses rangs parmi les hommes politiques, des putschistes, des sanguinaires, des communistes, des nationalistes, des islamistes radicaux et des révolutionnistes naïfs.
En 2014, Béji Caïd Essebsi a promis de nous rendre le prestige de l’Etat, la primauté et la force de la loi et d’en finir avec tous ces « fous ». Trois ans et demi après, le constat est amer. On est bien loin de la situation dramatique de 2012-2014, certes, mais on est également bien loin des promesses électorales de la campagne.
On continue encore à subir des revendications aberrantes à n’en plus finir, les partis continuent à jouir de l’impunité et à se faire financer d’une manière opaque, les hommes politiques mentent, tergiversent et menacent et le pouvoir a peur d’affronter tout ce beau monde ! Le pouvoir a mille armes pour affronter tous ceux qui empêchent le pays de tourner en rond, et cela va de l’arme judiciaire à l’arme fiscale, mais il n’en utilise aucune !
Je suis persuadé que si l’on avait fouillé dans les avoirs de plusieurs syndicalistes et dans les placards de plusieurs hommes politiques, on aurait trouvé plein de squelettes qui les auraient mis sur le bas-côté de la vie publique, ce qui aurait permis au pouvoir d’achever son chantier tranquillement. Mais quand ce pouvoir, lui-même, traine des casseroles, il lui est difficile de jeter la première pierre !
Par Nizar Bahloul
Nous sommes le 9 avril 2018. Il y a 80 ans, des centaines de Tunisiens sont morts pour cette patrie, pour que nous vivions, nous, en paix et en toute indépendance. Paix aux âmes de tous ces martyrs morts pour nous. Paix à l’âme de tous ceux qui vous ont suivi et ils étaient nombreux depuis 2011, à commencer par Tahar Ayari et Socrate Cherni ou Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. On ne vous remerciera jamais assez, nous ne vous oublions pas !
Ces martyrs sont morts pour que nous puissions nous relever, mais il se trouve que nous ne nous sommes toujours pas relevés.
« L’actuel système de gouvernance est un échec dans toutes ses composantes : présidence, majorité parlementaire et gouvernement ». Une fois n’est pas coutume, je ne saurai pas ne pas partager cette opinion du Front populaire Hamma Hammami prononcée samedi dernier après la réunion de Carthage 3 de laquelle ont été exclus tous les partis politiques.
De cette réunion, présidée par le président de la République, où étaient présents les chefs du gouvernement, de l’assemblée, du patronat et du syndicat, certains n’y ont vu qu’une photo, qu’un symbole : « D’un revers de main, BCE dit : le chef c’est moi et ceux qui sont autour de cette table comptent. C’est avec eux et seulement avec eux que nous réglerons nos problèmes. D’un revers de main, l’ARP et les partis sont désignés coupables de ce qui nous arrive et ne peuvent, de ce fait, faire partie de la solution », a commenté le nidaiste frondeur Karim Baklouti Barketallah. Sauf que l’on oublie qu’à l’origine des problèmes, c’est bien BCE ! C’est bien lui qui est parti à Carthage sans préparer sa succession à Nidaa, laissant le parti qu’il a fondé entre les mains de clowns et d’opportunistes, c’est bien lui qui s’est acoquiné avec les islamistes, c’est bien lui qui n’a pas su rendre son prestige à l’Etat et c’est bien lui qui a imposé cette formation hybride du gouvernement. Les partis sont responsables de ce qui nous arrive, c’est une certitude, mais l’UGTT a aussi sa part dans la crise actuelle, tout comme le gouvernement qui n’a pas pu, ou su, affronter cette centrale fortement politisée et qui a, par lois de finances malheureuses interposées, fragilisé le patronat et l’investissement. Il manquait à la réunion de Carthage 3, la Banque centrale de Tunisie qui a aussi sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive. En bref, ils sont tous coupables et c’est donc l’actuel système de gouvernance qui est un échec dans toutes ses composantes, comme le dit Hamma Hammami.
Ce constat, aussi juste soit-il, a le mérite d’être expéditif et simpliste. Trop simpliste même car, vous vous en doutez bien, la chose est bien plus complexe que cela. Tancer le président de la République, le chef du gouvernement, le chef du syndicat ou le chef du patronat est facile et à la portée de n’importe qui. Faire de nos gouvernants des boucs émissaires est un sport national que les Tunisiens maitrisent très bien. Mais qu’aurait fait Hamma Hammami s’il était à la place de Béji Caïd Essebsi ou de Youssef Chahed ? A-t-il la solution miracle ? Il se trouve que lorsqu’on ôte le populisme et que l’on est aux commandes pour passer au concret, il n’y a pas de solutions autres à présenter que celles fournies par nos partenaires de l’Union européenne ou du FMI. Ce pays a besoin de produire davantage pour que sa production dépasse sa consommation, ou bien il doit consommer moins pour que sa consommation ne dépasse pas sa production. Point. La Tunisie et les Tunisiens n’appartiennent pas à une autre planète, nous sommes comme les autres pays et les solutions qui ont marché ailleurs doivent marcher chez nous, il suffit de les appliquer. Le problème est que nos gouvernants actuels ont du mal à les appliquer dans un pays qui continue encore à vivre sa révolution. Il est indéniable que la révolution, chez beaucoup de Tunisiens, rime avec anarchie, sauvagerie, permissivité et, en un mot, refus de toute autorité. Au nom de la démocratie et de la révolution, nous sommes en train d’assimiler le mot autorité à dictature.
Et c’est pour cela que beaucoup de Tunisiens commencent à vomir la démocratie. Ce n’est pas qu’ils vomissent la démocratie en tant que telle, ils vomissent cette anarchie que nous subissons depuis sept ans. Ces Tunisiens qui vomissent « la démocratie » sont tout un chacun. On les voit autour de nous, ils sont là à dire qu’avant c’était mieux, qu’avec Ben Ali les choses étaient meilleures, que ce peuple a besoin de discipline et d’autorité etc. Tout le problème des gouvernants d’après la révolution est d’imposer cette autorité sans pour autant tomber dans la dictature.
Cette autorité de l’Etat, cette force qu’a l’Etat d’imposer l’application stricte et juste de la loi nous manque au point que beaucoup d’entre nous préfèrent la dictature d’hier à cette démocratie d’aujourd’hui.
C’est dans ce contexte et c’est suite à ce ras-le-bol généralisé que le député Afek Ali Bennour a formulé son malheureux vœu de voir un coup d’Etat survenir dans le pays et en finir avec tout bordel.
Ce vœu malheureux, on l’entend tous les jours au café et au marché, dans l’entreprise et dans l’administration. Que le citoyen lambda le prononce, c’est quelque chose de normal, mais qu’un député le fasse, c’est une autre paire de manches, car même dans le populisme abject il y a des limites. Nous avons choisi la démocratie et il est hors de question de revenir en arrière.
C’est comme si nous étions en train de construire une très belle villa et que l’on décidait de tout arrêter en plein milieu du chantier, sous prétexte qu’il y a trop de débris, de poussières et de saletés dans le chantier. C’est le rôle et le devoir premier du politique d’expliquer au peuple que c’est provisoire et qu’ils doivent patienter, car une fois le chantier fini, nous allons avoir une belle demeure pour nos enfants. Sur ce point, Ali Bennour a complètement failli, il n’avait pas à relayer les rêves simplistes et naïfs du petit peuple pressé et paresseux.
A l’erreur grotesque et monumentale de Ali Bennour, le député Imed Daïmi a répondu par le pire. Lui qui appartient à un parti qui se targue d’être premier défenseur des Droits de l’Homme dans le pays, il a formulé un autre vœu consistant à pendre par les paupières les putschistes puis les démembrer et disperser les parties de leurs corps un peu partout dans nos villes. C’est pire qu’un tortionnaire, c’est un boucher.
Il faudrait admettre, et ce n’est pas un secret, qu’une infime partie de notre peuple rêve de cela. Ce n’est pas par hasard que nous fûmes les premiers exportateurs de terroristes en Syrie et en Irak. Ces Tunisiens sanguinaires expriment leur vœu ouvertement depuis 2011. Pour eux, il ne saurait y avoir une révolution sans sang et sans potences. Il y a eu Sadok Chourou, Sahbi Atig, Mohamed Abbou, Yassine Ayari et maintenant Imed Daïmi. Ceux que je cite sont des hommes politiques de renom, ils n’appartiennent pas au petit peuple, ils ne font que relayer les vœux simplistes et naïfs du petit peuple sanguinaire. On pourrait bien opter pour cette voie et que le plus sanguinaire gagne, mais nous avons choisi la voie de la démocratie et c’est cette voie que nous devons poursuivre, car il n’y en a pas d’autre !
Que Ali Bennour et son public veuillent la dictature, que Imed Daïmi et son virage rêvent d’une boucherie, que Hamadi Jebali et sa umma fantasment sur le califat, ce n’est pas ces solutions qui nous sauveront.
Ce qui nous sauvera a été dit (ou dicté si vous voulez) par le FMI et nos partenaires de l’UE, il faut l’appliquer drastiquement. Il faut travailler et appliquer la loi.
Reste à savoir comment appliquer ces directives quand on a dans ses rangs parmi les hommes politiques, des putschistes, des sanguinaires, des communistes, des nationalistes, des islamistes radicaux et des révolutionnistes naïfs.
En 2014, Béji Caïd Essebsi a promis de nous rendre le prestige de l’Etat, la primauté et la force de la loi et d’en finir avec tous ces « fous ». Trois ans et demi après, le constat est amer. On est bien loin de la situation dramatique de 2012-2014, certes, mais on est également bien loin des promesses électorales de la campagne.
On continue encore à subir des revendications aberrantes à n’en plus finir, les partis continuent à jouir de l’impunité et à se faire financer d’une manière opaque, les hommes politiques mentent, tergiversent et menacent et le pouvoir a peur d’affronter tout ce beau monde ! Le pouvoir a mille armes pour affronter tous ceux qui empêchent le pays de tourner en rond, et cela va de l’arme judiciaire à l’arme fiscale, mais il n’en utilise aucune !
Je suis persuadé que si l’on avait fouillé dans les avoirs de plusieurs syndicalistes et dans les placards de plusieurs hommes politiques, on aurait trouvé plein de squelettes qui les auraient mis sur le bas-côté de la vie publique, ce qui aurait permis au pouvoir d’achever son chantier tranquillement. Mais quand ce pouvoir, lui-même, traine des casseroles, il lui est difficile de jeter la première pierre !