Par Karim Baklouti Barketallah
Je m'adresse aux médias du monde et aux français d'entre eux en particulier Le Figaro,Le Monde, TF1, FRANCE 24, FRANCE 2, BFMTV, M6...
La Tunisie, comme beaucoup de pays, exporte des terroristes, hélas, se faire exploser et tuer des innocents. Nous le regrettons et nous présentons nos condoléances à toutes les familles qui ont perdu un être cher.
Ces terroristes criminels, qui s'en vont chercher un idéal que nous mêmes ne comprenons pas, sont le fruit de politiques que vos pays ont soutenu. Ce sont le fruit de ce que vous avez voulu nous imposer : l'islam politique. Car avant cela, nous Tunisiens qui parlons plusieurs langues, exportons nos compétences dans vos plus grandes entreprises, participons à la vie culturelle et artistique de vos pays, condamnons très fort, très très fort les agissements de ces islamistes que vous avez voulu nous associer au travers de vos agents et administrations.
Nous, Tunisiens, épris de liberté, avons fait une révolution, avons fait partir un homme et son régime qui atteignaient à nos libertés et nous empêchaient de respirer. Un homme que votre président Sarkozy et sa ministre Michèle Alliot-Marie avaient soutenu jusqu'au dernier moment. À ce moment là, ces islamistes, qui aujourd'hui deviennent vos hôtes et que vous accueilliez en grandes pompes chez vous, se terraient. On ne les a pas vus quand Ben Ali et son régime tiraient sur nos manifestants à balles réelles comme on n'a pas vu un seul slogan appelant au Jihad ou à la gloire de Dieu pendant la période qui s'est étalée du 17 Décembre 2010 au 14 janvier 2011.
Ces islamistes qui une fois au pouvoir, ont appelé au Jihad en Syrie, ont ouvert les portes de notre pays et des palais de nos institutions souveraines aux prédicateurs et à ceux qui poussaient notre jeunesse désœuvrée à la mort. Ces islamistes qui ont voulu briser notre cohésion et qui ont tué de manière directe ou indirecte certains de nos leaders politiques et en particulier feu Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Ces islamistes qui ont permis à Ansar Achariâa de brûler et de saccager l'ambassade des USA et de terroriser les personnes qui s'y trouvaient.
Ces gens-là ont disposé de moyens énormes que vos dirigeants avaient la possibilité de contrôler et d'empêcher de rentrer dans notre pays. Sachez-le, le Tunisien que vous aviez connu n'a pas changé. C'est toujours un musulman qui pratique sa foi loin de tout dogmatisme et qui est ouvert sur le monde. Ce tunisien n'a pas changé. C'est le même qui recevait vos touristes par millions et qui leur assurait sécurité et bien-être sur nos plages, dans nos hôtels et parmi nos familles. Nous avons avec vous une amitié profonde et sans faille. Qui de nous n'a pas un ami français, italien, américain ou espagnol ?
Cessez, s'il vous plaît, vos campagnes hostiles à notre pays. Nous vivons des moments déjà pénibles et malgré toute la misère que nous a ramené cette révolution, nous continuons à y croire et à croire aux mêmes valeurs qu'en celles que vous êtes supposés croire: la liberté, la tolérance, l'amour pour son prochain et la liberté pour chacun de choisir sa foi et ses rapports avec le seigneur. Cessez de nous calomnier et de ne montrer de nous que l'image de ceux qui sèment la terreur et qui sont une infime mais très très infime minorité de chez nous et que nous avons-nous-mêmes du mal à reconnaître.
Vous ne pouvez vous imaginer combien nos liens avec vous sont puissants, combien nos cultures s'associent les unes aux autres. Non, la Tunisie n'est point un vivier de terroristes, nous sommes un pays qui, malgré tout, protège vos frontières en empêchant ceux qui tentent de traverser la mer pour venir illégalement chez vous. Nous subissons, hélas et seuls, les conséquences des choix de vos dirigeants qui ont choisi de démembrer la Libye voisine et en ont fait la Mecque de tous les malfaiteurs avec toutes les conséquences pour nous et les moyens énormes que nous nous devons de mettre afin de nous protéger, et de vous protéger, au détriment de notre développement et l'éducation de nos enfants. Vous n'avez pas le droit de nous traiter de la sorte. Vous nous faites mal et détruisez notre économie déjà fragile. Réfléchissez avant de titrer vos articles qui apportent un coup fatal à nos enfants qui sont en train de réussir chez vous et à vos investisseurs qui veulent venir chez nous. Je ne veux pas être agressif, mais je vous demande de peser vos mots et de venir nous connaître si vous ne nous connaissez pas assez. Nous sommes un peuple libre, un peuple qui obtenu sa liberté par les larmes et le sang. Un peuple qui construit sa seconde République avec des responsables politiques en herbe qui sont malgré tout patriotes même si souvent assez égoïstes. Médias du monde entier, ce petit peuple de 11 millions de Tunisiens qui a fait une révolution unique en son genre et qui est en train de réussir son processus démocratique, ne mérite pas autant votre haine et votre incompréhension de ce qu'il est vraiment.
