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L'unique poumon vert de Hammamet menacé de disparaitre !
15/06/2016 | 17:16
4 min
L'unique poumon vert de Hammamet menacé de disparaitre !

 

Toutes les belles côtes du monde sont la cible de spéculateurs et spéculations qui peuvent faire voler, en des temps très réduits, la valeur des terrains aux alentours.  Ces terres qui représentent pour le citoyen, « le bien commun de tous » font pourtant, souvent, l’objet de marchandisation. Nous pouvons également relever, sans beaucoup d’efforts, le fait que les promoteurs immobiliers du monde entier ont une longue histoire de « privatisation » du patrimoine public. Face à ce phénomène qu’est « la fin des espaces publics », les gouvernements réagissent, chacun à sa manière. Les citoyens, eux, s’organisent et forment des associations pour lutter contre ce phénomène avec pour seule arme : la dénonciation.

Business news se penche aujourd’hui sur l’affaire de l’espace Yasmina Hammamet, un espace de verdure, jusque-là public, en plein centre-ville qui donne directement sur la plage et qui risque de disparaitre pour laisser place à du béton !

 

 

En 2007, l’Agence foncière touristique (AFT), une entreprise publique dotée de la personnalité civile et de l’autonomie financière, achète des parcelles dans le domaine Yasmina et décide ensuite, de la cession de ces biens au profit d’un promoteur privé fin 2015. La cession de ce lot public, a eu lieu après avoir pris soin de changer la vocation de la zone sur le plan d’aménagement urbain de la ville de Hammamet. En effet, on ne sait pas trop comment la zone à vocation socioculturelle a muté en zone à forte densité urbaine (UAa4).

Il s’agit d’un groupement de terrains d’une superficie totale d’environ 6000m2, acquis par l’agence pour la modique somme de 420 mille dinars. « Une transaction douteuse » pour les habitants de la zone qui disent aujourd’hui « non » à la privatisation et à la division de l’espace en plusieurs parcelles. Parcelles destinées à accueillir un centre commercial et des habitations, selon une source bien informée, proche du dossier.

 

A l’appel du réseau associatif local de Hammamet, les représentants de la société civile et des partis politiques sont venus nombreux à la réunion tenue le 28 mai 2016, sur les lieux des parcelles en question, pour débattre du futur de cet unique espace vert du centre-ville de Hammamet. Durant les débats les citoyens ont demandé aux autorités compétentes, de répondre favorablement à leur requête formulée dans une pétition réclamant, le gel de toutes les demandes d’autorisations de bâtir dans la zone.

 

Les habitants des demeures environnantes, demandent aujourd’hui l’application des délibérations de la délégation spéciale de la municipalité de Hammamet, en date du 8 mars 2013, et se rapportant à l’acquisition par la municipalité des lots de terrain restants de l’espace Yasmina et particulièrement ceux détenus par l’AFT qui, il y a quelques années, ont failli passer sous la coupe du gendre de l’ancien président, Ben Ali,  Sakhr el Matri.

Durant les réunions, les autochtones ont fait part de leurs inquiétudes face aux multiples dérives de l’AFT. Pour ces personnes l’agence a, et de loin, dépassé ses prérogatives qui sont : l’animation, le transport et l’hébergement touristique. Ils ont également signalé le fait que durant l’achat du lot en 2007 l’agence n’a participé à aucune vente aux enchères publiques, pire encore, l’agence foncière touristique aurait refusé de vendre les biens à la municipalité de Hammamet.

 

Le réseau associatif a décidé donc de saisir toute les instances, y compris le conseil municipal pour essayer de stopper la destruction des lieux, et a entamé toutes les procédures administratives, légales et politiques pour arriver à un résultat probant.

 

L’acquisition des ressources publiques et la mise en vente de ses multiples « produits » matériels et immatériels à des entreprises privées, constitue une grave déviation et atteinte au bien être de la communauté, telle a été l’idée exprimée par plusieurs intervenants durant la réunion du 28 mai dernier. Suite à celle-ci une cellule de crise a été constituée dans le but de maintenir vivace la dynamique initiée.

 

Dans ce dossier l’élue de la circonscription Nabeul 2, Myriem Boujbel, propose de porter l’affaire devant l’ARP et devant les instances de lutte contre la corruption. Mme Boujbel a également conseillé l’assemblée de demander l’arrêt de toute décision émanant de la délégation spéciale car trop faible devant de tels intérêts financiers. Elle a estimé que le conseil municipal, élu, est la seule instance capable de trancher dans ce dossier.

 

Aujourd’hui sur les côtes européennes où les intérêts financiers ont pris beaucoup d’ampleur, les plages sont pour la majeure partie aux mains d’entreprises privée. Des plages privées où le citoyen ne peut se baigner sans payer parfois une somme exorbitante. Prendre possession de l’espace public et le privatiser ne peut qu’affaiblir les municipalités devant la spéculation.

 

Sofiene Ahres

15/06/2016 | 17:16
4 min
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Commentaires (11)

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vivi
| 25-06-2016 08:26
qu ils se battent ou qu ils assument !

Sahli salem
| 21-06-2016 12:56
Le promoteur en question s'appelle***. il projette de construire un centre commercial à l'instar de Tunisia Mall dont il est propriétaire.

Extra
| 19-06-2016 15:07
C'est qui l'acquisiteur? Publiez son nom pour que l'opinion publique le le sait, merci BN

Mansour Lahyani
| 18-06-2016 15:25
Je suis parfaitement d'accord avec vous : cette remunicipalisation ne trouvera son sens que lorsque l'espace Yasmina aura été réellement rendu aux habitants!
Nous sommes avec vous pour continuer à mener bataille ! Et bravo pour votre description ponctuelles des vicissitudes que l'hôtel a traversées...

Salem Sahli
| 16-06-2016 10:45
De propriété municipale depuis 1964, les 2,25 hectares de l'espace Yasmina ont d'abord accueilli un dispensaire, puis un jardin d'enfants et abritèrent le siège de la municipalité de 1967 à 1969 avant de trouver la vocation hôtelière qui marqua le site pour les trente années suivantes. C'est l'architecte Larocca qui dessina les lignes épurées de cet ensemble hôtelier, discrètement niché parmi la végétation. Difficile d'imaginer que la capacité d'accueil dépassait alors les deux cents lits, tant les quatre unités consacrées à l'hébergement conjuguent intimité et harmonie. Elles ne tardèrent pourtant pas à trouver leur clientèle, dans ces années d'essor touristique fulgurant pour Hammamet. S'il fait le bonheur de l'hôtel Yasmina dans les premiers temps, cet essor touristique entraine dans son sillage une concurrence croissance de l'offre hôtelière à Hammamet. Cette nouvelle donne vient affaiblir plus encore la position commerciale de l'hôtel Yasmina, déjà en proie à des difficultés financières. C'est l'heure du déclin pour l'Hôtel Yasmina, dont la société dépose le bilan dans les années 2000. Sommée de liquider ses biens, la municipalité d'Hammamet se fait porte-voix d'une opinion publique quasiment unanime, revendiquant la restitution complète de son bien. La restitution de 5 des 9 titres fonciers à la municipalité d'Hammamet constitue une première victoire. L'attachement des habitants à l'espace Yasmina a su faire pencher la balance en faveur d'une remunicipalisation du site, pourtant en proie aux convoitises récurrentes des promoteurs privés. Engagée sur le papier, cette remunicipalisation n'aura trouvé son sens que lorsque l'espace Yasmina sera réellement rendu aux habitants.

Almarante
| 16-06-2016 08:24
S'il y a un secteur qui ne connaît pas la crise c'est bien celui de la mafia immobilière et du blanchiment d'argent sale qui va avec.

le pouvoir actuel est étroitement lié aux milieux d'affaires, eux mêmes "submergés" par les réseaux de blanchiment d'argent sale dont la Tunisie est une plaque tournante en méditerranée.

Paradoxalement, à part les bas revenus russes, polonais et hongrois, aucune relance du tourisme ...

Elyes
| 16-06-2016 08:11
A ma connaissance depuis des années une grande partie de ce terrain, cet ancien Hôtel "Yasmina" appartient à la municipalité d'Hammamet. Sauf qu'ils n'ont pas chercher à le transformer en lieux publique. J'espère à travers cette action ce lieux sera un beau jardin publique en démolissant l'ancien hôtel et transformer en jardin botanique avec même une entrée payante pour avoir les moyens de l'entretenir. A bon entendant.

Touriste
| 15-06-2016 20:35
Il s'agit d'une mafia bien contrôlée . C'est les mêmes depuis des années qui ont construit un réseau et tire toutes les ficelles. La loi du gagnant gagnant. Des subvenions , des déclassements de l'out going rien que du business et rien pour la communauté nationale. Bref un ministère a raser et à rattacher au ministère des finances ou du commerce pour faire du grand nettoyage et c'est le moment.

kameleon78
| 15-06-2016 19:34
Il faudrait plutôt casser les hôtels et construire des espaces verts puisque le tourisme est mort bien mort, les touristes occidentaux ne reviendront plus dans un pays livré aux jihadistes, surtout que la Troîka risque de revenir au pouvoir, avec la complicité d'un président impuissant, je lui conseillerai de prendre du viagra ça renforce la virilité.

bouglagem
| 15-06-2016 19:25
Il n'existe pas de plages privées en TUNISIE c'est une ambiguitê avec
laquelle joue les bétonneurs tout le
littoral Tunisien est du domaine public
et fait partie du patrimoine national
Les hôteliers qui colonisent les plages
du littoral sont hors la loi
C'est un pb sur lequel devrait se pencher le premier ministre en personne car les autorités locales sont trop complaisantes
soit incompétentes