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Lorsque la souveraineté est remise en cause
19/03/2019 | 19:59
5 min
Lorsque la souveraineté est remise en cause

 

La Tunisie célèbre sa fête de l’Indépendance, le mercredi 20 mars. Evénement marquant de l’Histoire moderne de la Tunisie, le 63ème anniversaire de cette réalisation mémorable sera non seulement fêté par les Tunisiens, mais remettra à l’ordre du jour de vives polémiques qui ne cessent d’alimenter la scène nationale, notamment, en ce qui concerne l’indépendance économique et financière de la Tunisie.

 

 

Loin de toutes les polémiques, la fête de l’Indépendance de la Tunisie, demeure un événement incontournable. Il s’agit d’un événement mémorable qui a marqué notre pays et a changé le cours de son histoire. C’est dire que la Tunisie a réussi à se libérer de la colonisation et de la dépendance politique. Elle a regagné sa souveraineté et sa liberté grâce à l’action d’une élite ayant combattu pour réaliser le rêve de tout un peuple.

 

Le 20-Mars, est, désormais, le moment privilégié pour immortaliser les souvenirs d’une œuvre alliant l’action sur le terrain et l’approche diplomatique qui a changé le cours de l’histoire de la Tunisie. Une œuvre menée d’une main de maître par un groupe de patriotes et de compétences prêts à tous les sacrifices. Elle a constitué la fierté de plusieurs générations qui ont contribué par la suite au fondement de l’Etat moderne.

Toujours est-il, en ces moments de festivités célébrant l’Indépendance, certaines voix s’élèvent pour contester la nature même de celle-ci et rappeler la dépendance financière et économique de la Tunisie vis-à-vis des institutions financières internationales. La souveraineté de la Tunisie est remise en cause par plusieurs parties politiques et syndicales, considérant qu’au vu de la crise économique actuelle, le pays ne peut et ne fait qu’obéir aux édictions desdites instances, dont plus particulièrement, le Fonds monétaire international (FMI).

 

Loin des critiques obéissant à de la politique politicienne ou à des considérations d’ordre syndical et à des agendas particuliers, une des analyses, rationnelle et objective pour résumer ces orientations, est celle émise par l’expert économique et financier, Taoufik Baccar, ancien ministre et ancien Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Pour lui, l’accord avec le FMI a été, manifestement, mal négocié. Et d’expliciter en substance : « Je ne parle pas du contenu de l’accord car pour moi, il était inéluctable au vu du mauvais démarrage de la prise en charge, dès l’année 2011, des questions économiques et financières et de la marginalisation de celles-ci depuis la période de la troïka, mais de son échéancier et de ses conditions d’application. Cet accord dois-je le rappeler, fait d’abord l’objet de discussions avec l’Administration et le gouvernement pour être par la suite adopté par l’ARP… »

Il faut dire aussi que les gouvernants ont commis bien d’erreurs à l’orée de la révolution, plus précisément avec l’avènement de la Troïka. Une de ces erreurs est, de l’avis général des spécialistes, celle d’avoir voulu, à tout prix, rompre avec le passé qui compte, pourtant, certains aspects positifs, notamment au niveau économique.

 

Ainsi, la mauvaise négociation avec les institutions financières internationales n’est pas l’unique défaut commis par le pouvoir postrévolutionnaire. En entrant dans certains détails, on constate l’existence de bon nombre d’autres faux-pas.

On peut citer cette manie de financer des dépenses budgétaires récurrentes dont l’augmentation des salaires et autres recrutements en puisant dans des ressources telles celles provenant de certaines privatisations ; ou cette libéralisation des taux de change sans les garanties adéquates pour défendre le dinar.

On mentionnera, également, cette nonchalance d’avoir permis la rétrogradation d’une notation souveraine à 6 reprises d’affilée sans réagir. Et les cas de mauvaises décisions et approches ainsi que les erreurs d’appréciation sont multiples.

Pourtant, la Tunisie regorge de compétences à la réputation solide et reconnue sur le plan internationale. Ce qui fait dire et répéter aux experts que notre pays paie les frais de cette volonté délibérée pour la rupture avec le passé.

 

D’autre part, force est de constater qu’hypothéquer l’avenir, donc, l’indépendance de la Tunisie, provient de cette impuissance de tous les gouvernants depuis 2011 jusqu’à nos jours, à imposer le respect de l’état de droit et des institutions et à appliquer les lois, un des principes élémentaires de toute démocratie.

Et dire que Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes ont fait de la restauration du « prestige de l’Etat » un de leurs slogans et crédos pour le quinquennat 2014/2019. Mais rien n’a été fait sur ce plan et les différents gouvernants ont passé leur temps à se chamailler et à se tirailler sans jamais parvenir à imposer cet état de droit par la force de la loi.

Les résultats ne se sont pas fait attendre avec la multiplication des concessions face aux mouvements sociaux et aux revendications de tous bords, même celles provenant de petits groupes sans oublier, bien entendu, les demandes syndicales dans les différents secteurs dont celui de la Fonction publique, de l’enseignement, du bassin minier ou de l’énergie qui coûtent énormément à la trésorerie de l’Etat.

 

Ce sont, donc, toutes ces causes qui obligent le pouvoir à se retrouver dans une sorte de cercle vicieux de recours aux crédits tous azimuts afin de satisfaire aux exigences des uns et des autres. Par voie de conséquence, le pouvoir tourne en rond dans le tourbillon des crédits à n’en plus finir s’est mis à la merci de ces instances financières internationales dont il est plus que dépendant.

 

En tout état de cause, la fête de l’Indépendance demeure pour les Tunisiennes et les Tunisiens un motif de fierté et un fait déterminant pour l’avenir de la patrie. Et abstraction faite de toutes les difficultés, le 20-Mars doit être l’occasion pour réfléchir à l’avenir du pays et aux perspectives de son développement, notamment, en cette période de crise, où l’on reproche au gouvernement, ainsi qu’à l’Etat de manière générale, un manque de vision et l’absence de programmes.

 

Sarra HLAOUI

19/03/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (8)

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Bourguibiste nationaliste
| 20-03-2019 15:19
Cher Monsieur,
L'histoire que vous racontez n'a rien à voir avec l'Histoire, tout au moins pour ce qui concerne Ben Ali.
Vous avez raison cependant de dire que la Tunisie était un protectorat qui était cependant une forme de colonisation malgré tout. Il fallait donc s'en libérer et c'est tout le mérite de Habib Bourguiba que d'avoir obtenu l'indépendance de la Tunisie en appliquant une stratégie des étapes qui lui a valu l'opposition armée de Salah Ben Youssef qui était opposé à l'indépendance séparée de la Tunisie.

Rationnel
| 20-03-2019 14:38
"Tunisie a réussi à se libérer de la colonisation et de la dépendance politique".
Puisque la Tunisie n'était pas une colonie mais un protectorat, elle ne pouvait pas se libérer de la colonisation. La Tunisie a choisit d'annuler la protection française, mais elle a besoin maintenant d'une protection française et américaine et d'une assistance financière américaine (via le FMI). Bourguiba a ensuite mis fin au régime beylical et royaliste malgré que le Bey était prêt a un régime royaliste constitutionnel ou Bourguiba pouvait garder tous les pouvoirs exécutifs. Bourguiba voulait devenir un Bey et Ben Ali aussi. Bourguiba n'était jamais intéressé par la politique économique et a délégué la tache a des subalternes comme Ben Saleh et Mzali qui compensaient leur manques de compétences économiques par un zèle idéologique, le socialisme pour Ben Saleh et l'arabisme pour Mzali, le règne de Hedi Nouira était trop court pour compenser pour les désastres qu'étaient les deux idéologues. Ben Ali a le même nom de famille que la famille des Beys, le fondateur de la dynastie en 1705 était Husayn Ben Ali et la famille portait le nom Ben Ali. Avec la deuxième république, on revient au régime Beylical et avec BCE on a un président honorifique (bey) sans pouvoirs exécutifs. BCE a servit dans l'administration Beylicale d'avant 1957, son ancêtre appelait le Bey, baba, et a refuse de retourner a la Sardaigne quand son vrai est venu le chercher, BCE est un descendant des Beys par adoption.

La Tunisie a régressé durant les 63 dernières années parce que ses dirigeants n'ont jamais eu comme priorité le bien être de la population. Ils cherchaient et cherchent encore la gloire personnelle avant tout. On n'a pas encore mis en place une stratégie économique qui peut garantir l'autonomie de la Tunisie et de meilleurs jours pour sa population. Heureusement qu'on voit les premiers signes de cette stratégie avec le développements des projets d'énergies renouvelables.

Zohra
| 20-03-2019 10:17
C'est tout ce que vous avez trouver du Cannabis ? C'est triste n'est-ce pas après 63 ans d'indépendance !!! Ni industrie ni création, on se bat pour subvenir à remplir le ventre. Et vous voulez "tzatlihom" par dessus le marché. Mahom maztoulin khlika.

Bourguibiste nationaliste
| 20-03-2019 09:16
Ceux qui étaient scandalisés par le papier de N. Bahloul, qui défendait la présence des islamistes au pouvoir en Tunisie, risquent fort d'éprouver un sentiment de dégout à la lecture du papier de Mme Hlaoui. Ils seront dégoûté de lire que « l'?uvre de l'indépendance » a été menée « d'une main de maître par un groupe de patriotes » ! Comme manière de réviser l'histoire, on ne peut faire mieux, dans le travail de destruction de la mémoire, on ne peut faire plus. Le rôle du leader du nationalisme tunisien, Habib Bourguiba (qui a passé la moitié de sa vie de combattant dans les prisons) est donc effacé et occulté ainsi que le rôle clé du Néo-Destour. Le combat que Habib Bourguiba a mené contre la France et le protectorat ainsi que contre les nationalistes arabes comme Salah Ben Youssef est également occulté. La stratégie bourguibienne de sortir la Tunisie du colonialisme et la politique des étapes sont complètement reniées. Le combat de Habib Bourguiba contre le « tout ou rien » des Yousséfistes, qui aurait rendu la lutte pour l'indépendance bien plus tragique, tout cela est occulté par S. Hlaoui. Son habileté politique en vue d'amener la France à reconnaître la souveraineté de la Tunisie est complètement et volontairement ignorée, ce qui est une manière à peine déguisée de la contester, comme l'ont fait les Yousséfistes.
Pire encore, Hlaoui confond indépendance politique et indépendance économique comme si les deux se valaient ! Que la Tunisie soit dépendante économiquement, cela n'empêche pas l'indépendance et la souveraineté.
Le plus scandaleux, c'est que pour illustrer son papier sur la souveraineté, Hlaoui nous affiche le portrait de la directrice du FMI, manière de souligner que la Tunisie n'est pas indépendante'?'.
Dans le révisionnisme et la réécriture de l'histoire, on ne peut faire mieux. Ce révisionnisme est la suite logique du papier de Bahloul d'il y a deux jours où il reniait le rôle de Mme Abir Moussi. Il s'agit en fait de remettre en cause le rôle des Destouriens et du Néo-Destour et de renier l'?uvre des nationalistes tunisiens, celle du père de la nation, Habib Bourguiba, de Mongi Slim, de Farhat Hached, de Aldelaziz Thaalbi et de bien d'autres. Nous leur seront éternellement reconnaissants et la Tunisie leur sera également éternellement reconnaissante de l'avoir sorti du marasme du colonialisme et du nationalisme arabe et de l'unionisme islamique qui sont un poison mortel pour nos pays et que combattait Habib Bourguiba.
Voilà la réalité que S. Hlaoui et BN tentent d'occulter, sous prétexte de dénoncer la dépendance économique de notre pays. L'indépendance politique est une valeur très importante qui ne peut être remise en cause par la dépendance économique. A cet égard, depuis 2011 la dépendance économique s'est lourdement aggravée remettant en cause notre indépendance et notre souveraineté qui sont menacées par l'islamisme, comme elles le furent par les Yousséfistes qui rejetaient la politique des étapes et l'autonomie interne et qui avaient failli plonger notre pays dans la guerre civile totale.
Le papier de S. Hlaoui est dans la continuité de son rédacteur en chef N. Bahloul : le tout va dans le sens du révisionnisme historique, de l'amalgame et de la confusion et de l'occultation du rôle de Habib Bourguiba et des Bourguibistes, derrière lesquels se profile le projet funeste de replacer l'islamisme au centre de la vie politique de notre pays, ce qui conduira immanquablement à le replonger dans le colonialisme car ceux qui occultent l'histoire sont condamnés à la répéter.

antireligion
| 20-03-2019 08:56
fêter 63 ans de régression : se débarrasser du colonialisme français pour tomber dans le colonialisme des saoudiens avec leur Islam je me rappelle un peu l'époque ou la Tunisie était colonisée et je connais bien l'actuel Tunisie indépendante malheureusement depuis 63 ans le pays n'a pas avancé d'un pouce au contraire... je n'irai pas jusqu'à dire il est regrettable le temps du colonialisme mais le résultat parle de lui même

Léon
| 20-03-2019 07:27
Les ânes-à-diplômes ont compris, à leurs dépends, ce que Léon avait compris depuis 2011. La néo-colonisation dont je vous parlais depuis le début, récoltant les insultes des gueux suffisants et prétentieux.
C'est que l'instruction alimentaires qui fit de vous de très hauts diplômés, ne peut substituer à la bêtise génétique que vous portez en vous.
Il fallait écouter les Maîtres à penser que sont les Mezri Haddad, les Léon et les John Wayne (Allah Yar7mou)..
Mais la haine vous avait aveuglé. Vous vous êtes pris pour un grand peuple, ignorant la haine que suscite en vous la réussite de vos propres compatriotes dans quelque domaine que ce soit, ignorant vos jalousies régionalistes, ignorant la mélasse qui peuple votre tête.
MAM a voulu vous offrir ce que ses détracteurs compatriotes qui lui faisaient la morale hier offre aujourd'hui à leur peuple. Ils ont éborgné, arraché des mains, arrêté arbitrairement, pensent même à arrêter les réseaux sociaux..
Si Ben Ali avait fait çà aux terroristes, on l'aurait condamné pour crime contre l'humanité. Mais venant de la part des Maaacron and Co, sous les conseils de Sarkozy and Co, vous pouvez canarder les pauvres manifestants dans l'impunité la plus totale, faisant la sourde oreille (pour une fois) aux mises en garde européennes. Y a-t-il un seul tunisien qui le dit? Ceux qui voyaient la paille dans les yeux des autres et ne voyaient pas la poutre dans leurs propres yeux.
Il fallait écouter Léon, peuple de colonisés! Votez Léon!

A la mémoire de mon camarade en Résistance, John Wayne.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant;

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Royaliste
| 19-03-2019 22:19
Pourquoi pas essayer la culture du CANNABIS MEDICALE pour l'export? un marché estimé a 130 milliards d'euros d'ici dix an
Derniers joureurs qui se sont lancés dans la course a la production, le Canada et israel

Pour un pays de la taille de la Tunisie, sans grandes ressources naturelles, la seule issue et le Travail et l'innovation.

Abel Chater
| 19-03-2019 21:58
Cela dit tout et explique tout, au sujet de cette soi-disant indépendance, où les pauvres indigènes tunisiens souhaitent la longue vie à leurs propres bourreaux colonisateurs français, sans qu'ils ne sachent même écrire en français.
L'essentiel, c'est que Bourguiba prenne le fauteuil du Bey, par le biais du juif Mendes France et qu'il soit protégé à vie par les colonisateurs français eux-mêmes. Tout le reste n'appartient qu'à hisser les drapeaux, puis les baisser et les garder pour la prochaine «bendiri yè bendiri».
Que Bourguiba vive avec son ami et bienfaiteur Mendes France. Qu'est-ce que ça pourrait changer de leur réalité en poussière à deux mètre sous terre poursuivis par la damnation de millions de leurs victimes?