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Chroniques
Questions aux candidats : l’UGTT fait cavalier seul
Par Houcine Ben Achour
29/08/2019 | 15:59
4 min
Questions aux candidats : l’UGTT fait cavalier seul

 

Ce serait un leurre que de réduire le pouvoir du président de la République aux seules prérogatives qui lui sont dévolues par la Constitution. Et cela est particulièrement vrai pour la présente élection présidentielle. Nonobstant les candidats dits « indépendants », les autres postulants à la plus haute magistrature sont tous les leaders de leur parti politique.

Après le 1er tour du scrutin, ils vont logiquement conduire la campagne électorale de leurs partis respectifs dans la bataille des législatives. Et ce n’est pas fini pour eux. Car, ils auront la tâche d’engager par ailleurs des tractations dans le cadre du 2e tour du scrutin présidentiel. Les deux premiers arrivés seront fatalement amenés à négocier avec les autres pour récupérer leurs voix et accroître en conséquence leur chance au second tour. Des négociations qui peuvent même déboucher sur des accords de désistement de listes au profit d’autres. Verra-t-on tout cela durant les semaines prochaines ? Il faut l’espérer même si la tournure qu’emprunte la campagne électorale apparait tout autre, où l’on assiste plus à une foire d’empoigne entre candidats à travers leurs partisans qu’à une confrontation de projets ou de programmes. Une tendance qui laisse malheureusement entrevoir le déroulement des débats officiels entre les candidats prévus les 7, 8 et 9 septembre prochain. Débats qui, en plus, n’aborderont que les aspects tenant aux prérogatives constitutionnelles du président de la République : les relations extérieures, la défense nationale et la sécurité nationale. Autant dire qu’on devrait assister à des positions similaires sinon identiques des candidats, assortis de propos lénifiants sur la souveraineté nationale et l’indépendance de décision.

 

On ne semble pas voir que derrière chaque candidat à la présidentielle, il y a pour la plupart un chef de parti. Ce parti est censé avoir une vision et un programme global de gouvernement qui engage, et son candidat à la présidentielle et ses candidats aux législatives. C’est à ce titre qu’il convient de les interroger sur tous les domaines et non uniquement ceux relatifs aux pouvoirs régaliens du chef de l’Etat.

 

N’est-il pas opportun sinon primordial d’interpeller les candidats à la présidence de la République sur des sujets qui sont davantage au cœur des préoccupations et des attentes de l’électorat ? Pour quelles raisons s’abstiendrait-on de les interroger sur la crise de régime que vit le pays depuis 2014 et, en conséquence, sur ce que propose de mettre en œuvre leur parti pour en sortir ? L’électorat n’est-il pas en droit de savoir sur quoi va s’engager le candidat à la présidentielle et son parti pour remédier à la crise économique que vit le pays ? Quelles sont les solutions opérationnelles qu’il compte appuyer pour résoudre les sérieux problèmes des finances publiques ? La privatisation en ferait-elle partie tout autant que la réforme des subventions à l’énergie ? Quels sont les réponses à apporter au problème du chômage et de l’emploi et les objectifs quantitatifs fixés en la matière ? Quelles sont les mesures à mettre en œuvre pour rétablir la confiance des investisseurs ? Ce sont là autant de questions dont les réponses forgeront auprès de l’électeur un meilleur jugement et un choix plus raisonné.

On pourrait encore énumérer des dizaines d’autres questions aussi cruciales les unes que les autres, sur la lutte contre l’inflation et la préservation du pouvoir d’achat, sur le cadre de vie et l’aménagement du territoire, la culture et l’environnement, …

 

L’UGTT a pris l’initiative d’envoyer une centaine de questions aux candidats. Les réponses détermineront les choix ou la consigne de vote de la centrale syndicale. Cette démarche de l’organisation des salariés lui aurait-elle été dictée par le fait qu’elle s’est retrouvée face à une impossibilité d’élaborer un programme économique et social cohérent ? En tout cas, l’alternative est toute trouvée lui évitant les contradictions et les paradoxes entre ses désidératas. Cela étant, les organisations de la société civile gagneraient certainement à adopter cette même démarche, chacune dans le domaine qui la concerne, et d’orienter de la sorte le choix de ses militants, adhérents et sympathisants vers celui ou celle qui répond le mieux à leurs attentes.

Il est pour le moins curieux de constater que les corps intermédiaires de la société tunisienne sont, jusqu’à présent du moins, absents de la scène électorale alors que, logiquement, ils ont un rôle essentiel dans l’ancrage d’une pratique démocratique saine de la vie politique.

Constatera-t-on un sursaut de leur part ? En tout cas, il faut l’espérer à défaut d’y croire.

Par Houcine Ben Achour
29/08/2019 | 15:59
4 min
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Commentaires (2)

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DHEJ
| 30-08-2019 21:09
Je retiens le mot accord!

Ou accordS

Un accord entre le président élu et le peuple,

Des accords entre les électeurs et les élus,

Des accords entre les élus

Des accords entre les partis politiques

Un accord entre le président élu et le chef du Gouvernement désigné

Bref des accords à projeter sur la constitution pour servir le peuple !

Mais rien ne sera fait sauf si le président élu sait écrire et suivre les accords.

MH
| 29-08-2019 19:03
des Idées socio-économiques pour une Tunisie meilleure (sous forme de commentaires):
https://www.businessnews.com.tn/video--abdelkrim-zbidi-president-de-la-republique,539,89783,4