Que je vous insulte par dessus le marché ?
Que j'ai l'habitude de vous insulté ?
Dites moi ptite chose fragile, vous ne seriez pas un peu parano vous ?
Par Sofiene Ben Hamida
Les relations entre le président de la République Kaïs Saïed et le président du Parlement Rached Ghannouchi semblent se détériorer jour après jour, ce qui est désolant d’une part, mais prévisible et attendu d’autre part. Les tractations autour de la composition du gouvernement ne sont que le prélude d’une longue période de tension et d’animosité gantée entre les deux hommes.
Le système politique hybride tunisien, appelé système parlementaire aménagé favorise cette tension entre les pouvoirs, notamment le pouvoir législatif et les deux têtes du pouvoir exécutif. D’ailleurs, l’une des bizarreries de notre système politique actuel est de doter le pays de deux têtes de l’exécutif : le président de la République élu au suffrage universel et le chef du gouvernement qui n’est pas élu mais désigné par le parti politique qui détient le plus grand nombre de sièges à l’ARP. Paradoxalement, c’est le président du conseil des ministres qui détient l’essentiel du pouvoir exécutif et non le président de la République.
Au temps de la Troïka, cette animosité entre Carthage et la Kasbah a été à son comble à l’occasion de l’épisode Baghdadi Mahmoudi, ancien chef de gouvernement libyen, livré aux milices libyennes par le chef du gouvernement islamiste de l’époque, Hammadi Jebali, sans concertation avec le président provisoire Moncef Marzouki. De leur côté, les rapports entre le président défunt Béji Caïd Essebsi et le chef de gouvernement sortant Youssef Chahed ont pris des allures de guerre ouverte qui a tout détruit sur son passage et a livré le pays à l’inconnu.
Certains remarqueront que le cas présent concerne les relations entre Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi qui n’est pas l’un des chefs de l’exécutif mais le président du Parlement. C’est que le chef de gouvernement désigné, Habib Jamli, semble être une marionnette entre les mains de Ghannouchi et un simple paravent derrière lequel, le chef des islamistes continue de tirer les ficelles du jeu politique. Ceux qui ont assisté aux réunions entre Habib Jamli et les partis politiques avant l’effondrement de ces tractations, ont pu constater la nature des rapports entre le chef du gouvernement désigné et son mentor islamiste.
Le report, vendredi, de l’annonce de la composition du gouvernement entre donc dans le cadre de cette inimitié, pas entre Habib Jamli et Kaïs Saïed, mais entre ce dernier et Rached Ghannouchi. En réalité, un monde sépare les deux hommes sur le plan idéologique, politique et même personnel. Alors que Ghannouchi est ancré depuis plusieurs décennies, dans l’islamisme politique, une sphère où il est considéré comme l’un des penseurs des frères musulmans, Saïed ne se positionne pas clairement sur le plan idéologique même si certaines de ses idées politiques sont empruntées aux anarchistes du début du siècle dernier. C’est ce qui explique, entre autres choses, que Saïed propose ce système de gouvernance locale dont les contours restent indéfinis, alors que Ghannouchi s’adapte bien au système existant.
Clairement, Kaïs Saïed propose un nouveau système de gouvernance totalement en contradiction avec le système en place qui repose sur une articulation particulière du pouvoir. Pour ce faire, il doit passer par le Parlement avant de proposer un référendum et une nouvelle constitution. A l’opposé, les islamistes et leur chef s’accommodent à merveille à un système qui leur a permis de compenser toutes les années d’asile et de persécution. Ils se cramponneront à ce système jusqu’au bout, envers tous et contre tout.
A un moment ou un autre, la confrontation entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed aura lieu donc. Nul ne peut prévoir quand et à quel sujet. Mais la cohabitation entre l’univers de pensée du président et celui des islamistes est impossible.
Par Sofiene Ben Hamida
Les relations entre le président de la République Kaïs Saïed et le président du Parlement Rached Ghannouchi semblent se détériorer jour après jour, ce qui est désolant d’une part, mais prévisible et attendu d’autre part. Les tractations autour de la composition du gouvernement ne sont que le prélude d’une longue période de tension et d’animosité gantée entre les deux hommes.
Le système politique hybride tunisien, appelé système parlementaire aménagé favorise cette tension entre les pouvoirs, notamment le pouvoir législatif et les deux têtes du pouvoir exécutif. D’ailleurs, l’une des bizarreries de notre système politique actuel est de doter le pays de deux têtes de l’exécutif : le président de la République élu au suffrage universel et le chef du gouvernement qui n’est pas élu mais désigné par le parti politique qui détient le plus grand nombre de sièges à l’ARP. Paradoxalement, c’est le président du conseil des ministres qui détient l’essentiel du pouvoir exécutif et non le président de la République.
Au temps de la Troïka, cette animosité entre Carthage et la Kasbah a été à son comble à l’occasion de l’épisode Baghdadi Mahmoudi, ancien chef de gouvernement libyen, livré aux milices libyennes par le chef du gouvernement islamiste de l’époque, Hammadi Jebali, sans concertation avec le président provisoire Moncef Marzouki. De leur côté, les rapports entre le président défunt Béji Caïd Essebsi et le chef de gouvernement sortant Youssef Chahed ont pris des allures de guerre ouverte qui a tout détruit sur son passage et a livré le pays à l’inconnu.
Certains remarqueront que le cas présent concerne les relations entre Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi qui n’est pas l’un des chefs de l’exécutif mais le président du Parlement. C’est que le chef de gouvernement désigné, Habib Jamli, semble être une marionnette entre les mains de Ghannouchi et un simple paravent derrière lequel, le chef des islamistes continue de tirer les ficelles du jeu politique. Ceux qui ont assisté aux réunions entre Habib Jamli et les partis politiques avant l’effondrement de ces tractations, ont pu constater la nature des rapports entre le chef du gouvernement désigné et son mentor islamiste.
Le report, vendredi, de l’annonce de la composition du gouvernement entre donc dans le cadre de cette inimitié, pas entre Habib Jamli et Kaïs Saïed, mais entre ce dernier et Rached Ghannouchi. En réalité, un monde sépare les deux hommes sur le plan idéologique, politique et même personnel. Alors que Ghannouchi est ancré depuis plusieurs décennies, dans l’islamisme politique, une sphère où il est considéré comme l’un des penseurs des frères musulmans, Saïed ne se positionne pas clairement sur le plan idéologique même si certaines de ses idées politiques sont empruntées aux anarchistes du début du siècle dernier. C’est ce qui explique, entre autres choses, que Saïed propose ce système de gouvernance locale dont les contours restent indéfinis, alors que Ghannouchi s’adapte bien au système existant.
Clairement, Kaïs Saïed propose un nouveau système de gouvernance totalement en contradiction avec le système en place qui repose sur une articulation particulière du pouvoir. Pour ce faire, il doit passer par le Parlement avant de proposer un référendum et une nouvelle constitution. A l’opposé, les islamistes et leur chef s’accommodent à merveille à un système qui leur a permis de compenser toutes les années d’asile et de persécution. Ils se cramponneront à ce système jusqu’au bout, envers tous et contre tout.
A un moment ou un autre, la confrontation entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed aura lieu donc. Nul ne peut prévoir quand et à quel sujet. Mais la cohabitation entre l’univers de pensée du président et celui des islamistes est impossible.