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Chroniques
Une campagne qui défie la raison
Par Houcine Ben Achour
05/09/2019 | 17:14
3 min
Une campagne qui défie la raison

 

Malheureusement, ce qu’on pouvait craindre de cette campagne présidentielle est en passe de se réaliser. Une campagne où la logistique des candidats n’est visiblement dédiée qu’à asséner le plus de coups bas et à distiller le plus de calomnies sur les adversaires. Que n’a-t-on vu, lu et entendu durant ces premiers jours de campagne officielle sur l’arrière-cour des candidats et rien, rien de précis sur les visions, projets et programmes des candidats. Les discours des candidats sont devenus inaudibles en raison des ragots dont ils sont la cible. Cette campagne électorale présidentielle tient lieu de plus en plus du fait-divers, dans tous les sens du terme, et non plus de l’événement jalonnant la transition démocratique du pays.

 

Cette tendance ira-t-elle crescendo ? Il faut bien le redouter. En tout cas, il faudra faire le deuil du débat d’idées qui aide le choix de l’électeur. A moins d’un miracle. Miracle émanant de l’UGTT, par exemple, dont on attend toujours la publication de son programme sur la base duquel elle soutiendra le candidat qui ferait serment de l’appliquer. Il est fort probable, sinon certain que sa publication s’apparentera à l’Arlésienne, celle qu’on attend et qui ne viendra jamais. Convient-il de supposer que ce programme, qui, pourtant, a fait l’objet d’une contribution d’éminents experts n’appartenant pas au sérail de la centrale syndicale, pourrait heurter la sensibilité de la base de l’UGTT ? On aurait souhaiter savoir quelle est la réelle position de l’organisation des salariés concernant la situation des entreprises publiques ou sur les augmentations salariales ou encore sur l’avenir des Caisses sociales ou bien sur la lutte contre la corruption.

 

En mettant en sourdine son programme, la direction actuelle de l’UGTT ne semble pas vouloir affronter de face la réalité économique du pays s’accrochant, quoiqu’il vaille et faille, à ses illusions idéologiques que certains candidats voudraient bien se les approprier le temps de la campagne dans le plus pure style clientéliste. Ceux-là n’hésitent pas à faire la queue devant le siège de la centrale ouvrière pour obtenir l’onction électorale de son Secrétaire général. Curieux comportement, c’est le moins qu’on puisse dire, de la part de candidats qui ambitionnent de devenir président de la République  en phagocytant déjà le prestige et l’autorité de l’Etat.

 

Ces candidats feront-ils de même en allant sonner à la porte de l’Utica, l’organisation patronale ? Cela atténuera probablement l’image du candidat qui mendie des voix au profit du candidat qui consulte. Ce faisant, cela mettra certainement en selle une Utica jusque-là totalement absente dans la campagne électorale. Ah, oui, l’organisation patronale a publié les résultats d’un sondage qu’elle a commandé pour connaître l’avis du Tunisien sur certaines questions économiques. Cependant, la centrale patronale n’a pas daigné publier l’intégralité du sondage sur son site internet officiel, mais diffuser quelques réponses à des questions d’une banalité déroutante à travers sa page Facebook. On attendait mieux et plus sérieux de la part d’une organisation dont les membres et adhérents sont, au demeurant, au cœur de l’enjeu électoral actuel. N’est-ce pas l’avenir économique du pays qui est en jeu dans cette campagne électorale ? Pourquoi ce sondage a ciblé les électeurs et non pas les chefs d’entreprise ? C’est incroyable !

 

Les candidats rendront-ils visite à l’Utica ? En quoi cela leur servira-t-il alors que le président de l’organisation patronale semble avoir d’ores et déjà choisi son candidat qu’il a d’ailleurs accompagné lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’UGTT.

Cette campagne est un vrai défi lancé à la raison.

Par Houcine Ben Achour
05/09/2019 | 17:14
3 min
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Commentaires (4)

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Gg
| 06-09-2019 19:43
Et pendant que les démocrates/progressistes se déchirent et jouent à se renvoyer la balle, Mourou ne dit rien, ou juste de vagues intentions qui n'engagent personne, et engrange les points.
'?a promet...

la corruption et le désordre
| 06-09-2019 11:52
le niveau est trés bas, un discour de mafia ont ne peut pas s'attendre à autre chose Youcef chahed reconnait il travaille et entouré de mafia,normal ben ali avec la mafia trabelsia puis la nahba ali baba et les 40 voleurs je veux dire el nakba les tuktuk conclusion pas d'economie avec la mafia le désordre et la corruption

Nephentes
| 05-09-2019 21:24
Point de raison pour les sots

Vous vous étonnez encore Si Houcine ?

Vous voulez des électeurs qui se passionnent pour Said Aidi, Mehdi Jomaa ou Elyes Fakhfakh ?

Un peu de fantaisie que diable !!

Folie, sottise et orgueil croissent sur le même arbre : on a la campagne électorale que l'on mérite.

Beaucoup d'électeurs ne s'en plaignent pas ; cela les change des feuilletons turcs et des rixes sordides.

Car les sots et les ignares jouissent de l'ignorance et de la sottise : elles les rassurent, les confortent, leur donnent une légitimité sociale.

Les politiciens jouissent de l'ignorance et de la servitude de leur peuple :

l'ignare est dans un état d'enfance perpétuel, et l'ignorance mène au vice; le vice à la servitude.

Nos candidats sont ainsi assurés de gouverner pour leurs intérêts propres et de faire le moins d'effort possible pour l'intérêt public.

Que demande le peuple

DHEJ
| 05-09-2019 20:53
Comment sont payés les jeunes qui diffusent les tracts ?

Du noircissement de l'argent !