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Connaîtra-t-on un jour la vérité sur l'évasion des terroristes de la Mornaguia ?
07/11/2023 | 12:57
5 min
Connaîtra-t-on un jour la vérité sur l'évasion des terroristes de la Mornaguia ?


Les évadés de la prison de la Mornaguia ont enfin était capturés après une cavale d’une semaine. L’histoire de cette évasion n’a pas fini de secouer l’opinion publique tunisienne, du fait de sa gravité et des circonstances qui l’entourent. Maintenant que les fugitifs sont de nouveau sous les verrous, connaîtrions-nous la vérité sur ce scandale, ou comme plusieurs autres affaires, la vérité passerait à la trappe ?

 

Mardi 31 octobre 2023. En début d’après-midi le ministère de l’Intérieur publiait un avis de recherche contre cinq dangereux terroristes. On nous informait que ces terroristes ont pris la fuite à l’aube de ce même mardi et ont disparu dans la nature. Il s’agit de Nader Ghanmi, impliqué dans les événements de Menzel Bourguiba et l’assassinat d’un policier, Ameur Belâzi, impliqué dans les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, Ahmed Melki alias Al Somali, arrêté lors de l’opération antiterroriste de Raoud, Raed Touati, accusé d’avoir assassiné un militaire et Alaeddine Ghazouani.

Tout juste après l’annonce, des vidéos et des photos de l’évasion avaient fait le tour des réseaux sociaux. Une toute petite fenêtre d’une cellule par laquelle les terroristes ont pu s’extirper. Des barreaux de la fenêtre parfaitement sciés, une grosse aiguille, des vêtements éparpillés, une corde tendue depuis une tour de contrôle de la prison… Il n’en fallait pas moins pour alimenter les suspicions quant à la faisabilité de l’évasion dans de telles conditions sans aide extérieure. Il s’agit quand même de la prison la mieux gardée de Tunisie et tout un chacun qui a pu y aller, peut témoigner de la sévérité des contrôles. Le fabriquant des fenêtres de la prison a fait le tour des médias pour dire qu’il était impossible de les scier à moins de disposer d’outils sophistiqués, ce qui est à écarter.

Le lendemain, mercredi 1er novembre, le président de la République reçoit son ministre de l’Intérieur, Kamel Feki. Il fait des révélations tendant vers une opération orchestrée par des services étrangers avec des complicités de l’intérieur. Il démentira aussi les images qui avaient circulé sur les réseaux, affirmant que le but de leur diffusion n’était autre que de brouiller les pistes.

Le directeur de la prison est limogé. Le directeur général des services spéciaux et le directeur central des renseignements généraux sont démis de leurs fonctions. Des agents de la prison sont interpellés.

Vendredi 3 novembre, on apprenait qu’un braquage d’une agence bancaire survenu dans la matinée à Boumhel, serait du fait de deux des terrorises fugitifs. Un important dispositif est déployé. Un hélico et des unités spéciales ratissent la zone.

Dimanche 5 novembre, des photos et des vidéos circulent, toujours sur les réseaux sociaux, montrant des citoyens qui ont capturé l’un des terroristes. Al Somali a été attrapé à la cité Ettadhamen. Cependant, rien n’est confirmé du côté des autorités. Ce silence officiel a laissé place aux spéculations, l’opinion publique ne comprenant pas qu’on ne daigne pas l’éclairer sur une affaire d’une aussi grande importance.

Il aura fallu près de 48 heures pour que le ministère de l’Intérieur se prononce enfin. A l’aube de ce mardi 7 novembre 2023, on annonce que quatre terroristes ont été arrêtés, vivants, au niveau de Djebel Boukornine. Le ministère confirme également la prise d’Al Somali à Ettadhamen.

Maintenant que cette étrange affaire s’est offert un heureux dénouement, beaucoup trop de questions persistent. Le véritable dénouement serait de définir exactement comment une telle évasion a pu se faire sous le nez de tous les agents d’une prison censée être la plus sécurisée du pays. Le président de la République ayant écarté le scénario d’une fuite « classique », il est à se demander si les Tunisiens auront droit à toute la version, la vraie. Kaïs Saïed avait évoqué des complicités avec des mouvements sionistes qui tentent de déstabiliser l’État. Qu’en est-il ?

La façon avec laquelle, les terroristes ont été capturés laisse aussi perplexe. Si ces individus avaient été exfiltrés par un réseau comportant des services étrangers et des infiltrés de l’intérieur, comment se fait-il qu’ils se retrouvent livrés à eux-mêmes allant jusqu’à braquer une banque et s’exposer bêtement ? Cela sent l’amateurisme, diront certains. D’autres, tendront à penser qu’il s’agit au contraire d’une machiavélique opération de déstabilisation.

Pour dissiper toutes ces interrogations qui restent sans réponse, il est donc nécessaire que nos autorités daignent enfin nous éclairer. Cependant, il faut le dire, le passif de ce régime en la matière est bien lourd. Le mystère plane toujours sur plusieurs affaires qui ont secoué l’opinion publique.

Le courrier empoisonné parvenu au palais de Carthage, censé assassiner le Président, tombé entre les mains de sa cheffe de cabinet Nadia Akacha qui a eu un malaise, on n’en sait rien. Cela s’est passé en janvier 2021 et jusque-là cette étrange histoire n’a pas été élucidée. Pareil pour l’histoire du tunnel découvert en novembre 2021 sous une maison, supposé mener à la résidence de l’ambassadeur de France. On se souvient du chef de l’État qui s’était déplacé en personne sur les lieux, inspectant le trou béant de quelques mètres. Il y a eu aussi plusieurs annonces sur des tentatives d’assassinat visant le Président. Le ministère public avait même ouvert différentes enquêtes. Plus récemment, l’attentat perpétré par un agent sécuritaire aux alentours de la synagogue de la Ghriba à Djerba. On nous promettait des éclaircissements, rien n’est arrivé depuis le mois de mai 2023.

 

Ce régime est bien taiseux quand il s’agit de donner des détails sur des affaires qui nous concernent tous, en tant que citoyens. L’absence de l’information officielle est devenue la norme. Les Tunisiens n’ont donc le choix qu’entre croire les quelques bribes servies et se résigner à être traités en sujets qui n’ont pas droit à la vérité, ou la réclamer cette vérité au risque d’être taxés d’éléments perturbateurs au mieux et de traîtres au pire.

 

Ikhlas Latif

07/11/2023 | 12:57
5 min
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Commentaires
takilas
Réduction de la peine.
a posté le 08-11-2023 à 10:52
En cas de révélations des commanditaires...
FALLAG
Et qui dit qu'ils sont arrêtés ? le fameux ministre de l´interieur?
a posté le 07-11-2023 à 17:34
Vous croyez vraiment à ce conte de fées ?
Ont ils arretés de sosies pour restaurer le climat pour Eccha7bou Yourid ?
A mon avis, ils sont tous à l'extérieur du pays.
takilas
Donc nahdha est tranquille
a posté le à 10:59
Celui qui espère est meilleur que celui qui attend et qui croit au père Noël et à une surprise de dernière minute.
Pauvre nahdha, qui croit que les gens sont des dupes.
La sentence tombera tôt ou tard.
Père Noel
L'Etat est responsable, de toute façon
a posté le 07-11-2023 à 16:51
Les terroristes sont sortis et après rentrés. Les options, alors, sont seulement deux :
1 - l'Etat les a laissés s'evader pour une ou plusieures défaillances sécuritaires, dont le responsable est l'Etat lui même et ceux qui le gèrent de cette façon indécente ;
2 - l'Etat les a laissés s'evader pour distraire l'opinion publique de cette saleté de loi qui, à la fin, n'a pas été approuvée... De toute une manigance politique au sein du régime qui a misérablement echoué...
3, pour ceux qui croyent en Père Noel - tout ça ne s'est produit que par hazard, et cette évasion e l'arrestation des terroristes n'est qu'une coïncidence.
Crow85
Ah les cons
a posté le 07-11-2023 à 16:10
Ces terroristes sont à ce point cons
L'un fait la queue pour du pain, d'autres braquent une banque...
Ils font tout pour se faire atraper
takilas
Pourtant !?
a posté le 07-11-2023 à 15:12
Ce n'est pas sorcier.
Il faut d'abord connaître les raisons de l'évasion et à qui profite l'évasion.
Mais cela n'empêchera pas de connaître la vérité.
takilas
Grande est la déception de "certains" que ces évadés ne soient pas été éliminés à Bougarnine
a posté le 07-11-2023 à 15:07
Ils chercheront à les corrompre, encore une fois, même emprisonnés, et la vigilance est de taille pour que les révélations soient accomplies.
Tout converge depuis onze ans à ce que tout soit dissimulé, et Feu Si Beji à été contraint à être passif; les anecdotes sont révélatrices.
Alya
Ils sont arrêtés
a posté le 07-11-2023 à 14:53
Ils sont arrêtés et surtout vivants . Ils vont parler. Maintenant, il faut qu ils soient sous réserve haute protection!! Et non remis aux mains de ceux qui les ont laissés s echapper
The Mirror
Voici la réponse Mme la journaliste
a posté le 07-11-2023 à 14:48
Je n'ai pas lu votre article, je me suis contenté du titre qui pose une question, à laquelle je répondrais volontiers en tant que citoyen.

Maintenant que les cinq criminels sont rattrapés par les Forces de l'Ordre, le Juge d'Instruction aura la tâche considérablement facilitée,

- Il a sûrement interrogé les complices parmi le personnel pénitentiaire
- il va interroger les cinq criminels
- il va procéder à une confrontation entre complices et criminels
- et enfin, il va envoyer tout ce beau monde au tribunal. Celui-ci a tous les éléments pour prononcer les verdicts dans les jours qui viennent.

C'est le citoyen qui informe maintenant le journaliste, alors que la nature des choses veut plutôt le contraire.
Oui
Surtout les citoyens analphabètes...
a posté le à 16:31
...Qui n'arrivent même pas à lire un article, car l'effort de lire son titre leur suffit pour la journée. C'est évidemment votre cas.
Un citoyen
commentaire
a posté le 07-11-2023 à 14:07
C'est pour influencer les décisions de Saied.
takilas
Pourtant
a posté le à 15:16
M.Saied leur a enlevé le sang pourri à ces malfrats et gangsters, que plusieurs par chauvinisme et antinationalisme, n'ont pas appréciés bien sûr.